L’installation de Quentin Tarantino en Israël, où est né en 2020 son premier enfant, alimente les plus folles rumeurs. Un peu de tri dans tout ce fatras d’infos et de fakes.
C’est peu après son mariage à Beverley Hills avec Daniella Pick, en novembre 2018, que Quentin Tarantino a décidé de s’installer en Israël. Et c’est dans le pays natal de son épouse qu’a vu le jour, en février 2020, leur petit Leo. L’enfant terrible d’Hollywood s’est alors engagé à apprendre sérieusement l’hébreu, ne serait-ce que pour pouvoir le parler avec son fils. La pandémie a ensuite contraint le réalisateur américain à ne plus quitter Israël durant de très longs mois, alimentant les rumeurs les plus débridées. Ainsi que cela a été le cas pour le footballeur Lionel Messi, nombreux sont en effet celles et ceux qui veulent enrôler Tarantino sous leur bannière, en détournant au besoin les faits réels.
Non, Tarantino n’a pas acquis la nationalité israélienne
Les élections israéliennes de mars dernier, les quatrièmes en moins de deux ans, ont mis un terme à douze années consécutives de présidence du gouvernement par Benyamin Nétanyahou, qui avait déjà été Premier ministre de 1996 à 1999. A l’occasion de ce scrutin historique, une photographie de Tarantino supposé voter en Israël, sans masque alors que celui-ci reste de rigueur dans les espaces fermés, a circulé sur les réseaux sociaux. Il est vite apparu qu’il s’agissait d’un montage relativement grossier, réalisé à partir d’une photographie du réalisateur présentant au festival de Cannes, en 2019, son « Il était une fois… à Hollywood ». Rien n’indique de toutes façons que Tarantino désire acquérir la nationalité israélienne. Il lui faudrait en ce cas, n’étant pas lui-même juif, résider depuis au moins trois ans en Israël avant de pouvoir présenter sa demande.
Oui, la maison des Tarantino dispose de son propre bunker
Tarantino a choisi de s’installer dans un quartier huppé de la banlieue nord de Tel-Aviv. Interrogé en janvier 2020 sur les éventuels tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, il avait affirmé en surjouant la nonchalance: « Je n’en ai absolument pas peur. Comme tout le monde ici, je n’y fais même pas attention ». Il est vrai que ce type de menace était alors largement virtuel, une situation qui change radicalement lors de crise de Gaza de mai dernier, où de nombreux tirs palestiniens frappent l’agglomération de Tel-Aviv. Tarantino raconte comment, « au son des sirènes sur toute la ville », il a mis à l’abri « son enfant âgé de quinze mois et sa femme » dans un bunker spécialement conçu pour ce type de danger. Il est vrai que la règlementation israélienne oblige les constructions à disposer d’un tel abri. Tarantino ne tarit d’ailleurs pas d’éloge sur sa Tel-Aviv d’adoption, la comparant à Los Angeles pour ses « magnifiques restaurants », ses « bars cools » et ses « clubs cools ».
Non, Tarantino ne parle toujours pas hebreu
La réalisateur américain s’était jusque-là borné à exprimer publiquement en hébreu des formules de politesse de base, tel le « Toda Geveret » (Merci Madame) lancé à son épouse lors des Golden Globes de 2019. Mais il s’était engagé à faire des efforts pour échanger avec son fils Leo dans la langue maternelle de celui-ci. Un an et demi plus tard, les performances linguistiques de Papa Quentin paraissent bien peu reluisantes. De son propre aveu, il « a appris beaucoup de mots, mais n’a pas atteint le niveau d’une phrase construite, au-delà des expression sommaires ». Mais, assure-t-il, il « apprend en fait beaucoup avec Leo », car père et fils « regardent ensemble des dessins animés pour enfants, et c’est tout en hébreu » (sic). Il en profite pour préciser que Leo porte le prénom de son grand-père maternel, alors que bien des fans y avaient vu une allusion à Leonardo Di Caprio.
Oui, Tarantino continue d’adorer la série B israélienne
Le badboy d’Hollywood n’a jamais caché son admiration pour les films d’action de la société Cannon, dirigée à partir de 1979 par les deux cousins israéliens Menahem Golan et Yoram Globus. C’est d’ailleurs Globus qui a joué un rôle essentiel dans la rencontre entre Tarantino et sa future épouse. De même que le réalisateur de « Kill Bill » a contribué à réhabiliter auprès des cinéphiles les films d’action produits par les frères Shaw à Hong-Kong, il s’est récemment livré, au cours du festival du film de Jérusalem, à un vibrant plaidoyer en faveur des productions Cannon: « La presse américaine et les journaux spécialisés se moquaient d’eux, la communauté hollywoodienne se moquait d’eux et ne les prenait pas au sérieux et, franchement, cela de manière antisémite ». En revanche, Tarantino, réalisateur de déjà neuf films, qui a envisagé de s’en tenir à dix, n’a rien révélé de ses projets cinématographiques.
Une fois le vrai du faux ainsi démêlé dans le buzz autour de Tarantino, le parcours israélien du réalisateur américain peut être comparé au parcours inverse du réalisateur israélien Nadav Lapid. Celui-ci met en scène dans « Genou d’Ahed » sa douloureuse décision de quitter son pays natal. A chacun son cinéma et à chacun sa vision d’Israël.