Bordeaux : l’orgue de la synagogue va être restauré

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Démembré pendant la Seconde Guerre mondiale et resté en l’état depuis, l’orgue de la synagogue va être reconstruit. Pour financer l’ambitieux chantier, un financement participatif est lancé.

« Les fidèles ne le savent pas tous quand ils prennent place près du grand buffet en bois sur le côté gauche de la synagogue de Bordeaux. Sous leurs pieds passent des tuyaux d’orgue qui rejoignaient la console des claviers qui se trouvait dans la Tebah. Derrière les panneaux de bois, prenait place un orgue. Désormais, il ne reste plus qu’un enchevêtrement de morceaux de bois et de poussière comme derniers vestiges de l’instrument installé lors de la création de la synagogue en 1882.

Lors de la funeste année 1944, la synagogue a servi par deux fois, en janvier et en juillet, de prison avant d’être saccagée. L’orgue et une partie du mobilier furent pillés et vandalisés. Tous les tuyaux en métal ont disparu. Et jamais l’instrument n’a été réparé. « Mais maintenant que la synagogue est entièrement rénovée, il nous reste l’orgue à remettre en état », souhaite Erick Aouizerate, le président du Consistoire israélite de Gironde. Face au montant des travaux, environ 200 000 euros, l’association cultuelle a décidé de faire appel au mécénat et au financement participatif via la Fondation du patrimoine

Il reste 72 tuyaux sur les 772 d’origine

Les synagogues qui disposent d’un orgue sont rares et celui de Bordeaux est important pour les fidèles bordelais. « L’orgue représente beaucoup pour notre communauté. Une restauration à l’identique est possible et permettrait à la synagogue de retrouver la partie musicale d’une liturgie unique, poursuit Erick Aouizerate. La communauté bordelaise a accueilli beaucoup de Portugais et d’Espagnols depuis les premiers réfugiés marranes. Nous souhaitons pérenniser le rite séfardi dit portugais. Il est fait de très nombreux chants. Nous avons de nombreuses partitions. Nous sommes attachés à ces airs-là. »

Tous les offices ne sont pas chantés, seules les cérémonies particulièrement importantes comme les mariages le sont. Hors d’état, l’orgue a été remplacé par un harmonium. « L’orgue fait partie de notre synagogue. Nous avons aussi une chorale et de nombreuses demandes de concerts car l’acoustique dans la synagogue est très bonne », complète Erick Aouizerate.

L’orgue a été construit en 1882 par Gaston Maille de la Maison Wenner Maille. Cette maison assurait à l’époque la quasi-totalité des constructions d’orgues en Gironde et était reconnue pour son excellence. Celui de la synagogue est l’un des rares construits par cette maison sans tuyaux apparents.

L’ampleur des travaux est conséquente. Pour l’heure, on peut apercevoir un trou dans le plancher à l’emplacement de la console. Sous une épaisse couche de poussière, il reste le buffet, les mécanismes intérieurs de traction de notes et de tirages de jeux, ainsi que sommiers et soufflerie. 72 tuyaux de bois sur les 772 tuyaux que comptait l’orgue sont encore en place.

En attendant son classement

Le consistoire s’est rapproché d’Alain Faye, facteur d’orgue de Preignac, pour lui confier la restauration de l’orgue. Une année de travaux est prévue. Peut-être quelques pièces de l’orgue de La Brède se retrouveront-elles dans celui de la rue du Grand-Rabin-Joseph-Cohen. Car, c’est un hasard, dans le même temps, l’orgue de la commune du Sud-Gironde, lui aussi de Gaston Maille, a dû être démonté. Ses pièces patientent dans la synagogue dans des caisses en bois. « Nous ne savons pas encore ce qu’elles deviendront mais si Alain Faye peut s’en servir et intégrer plusieurs jeux de tuyaux ou mécanismes, il le fera. »

Autre étape importante pour le Consistoire, le classement de l’orgue de la synagogue, qui elle est déjà classée au titre des Monuments historiques depuis 1998. « Nous avons pour l’heure réussi à inscrire l’orgue. Nous espérons son classement. » Ce qui en ferait le second orgue entièrement construit du temps de Gaston Maille protégé avec celui de Bouliac. Lui aussi avait été restauré par Alain Faye

La synagogue se visite à chaque Journée du patrimoine

Elle aurait dû prendre place cours Pasteur, là où est situé le Musée d’Aquitaine, c’est finalement au bout de l’étroite rue Tessier que l’imposante synagogue, une des plus monumentales et des plus grandes de France a été batie en 1882. Classée monument historique, elle fait partie des visites proposées par l’Office du tourisme. Les visites se font grâce à un audio-guide en français, anglais, espagnol, chinois et hébreu du lundi au jeudi de 14 heures à 17 heures. Dernière entrée 16 heures. La visite dure une heure environ. Tarifs 3 à 5 €. Réservation préalable obligatoire au 05 56 91 79 39. La synagogue se visite également lors des Journées du patrimoine, en septembre.

Source sudouest

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