Gilles Kepel – Les nouvelles guerres secrètes

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Dans « Le Prophète et la Pandémie », le chercheur décrypte les recompositions au Moyen-Orient que le Covid a occultées. Interview et extraits.

La pandémie a éclipsé un autre tremblement de terre. À l’ombre du Covid-19, le Moyen-Orient, région du monde concentrant les plus importantes ressources énergétiques, connaît des bouleversements géopolitiques que le nouveau livre de l’islamologue Gilles Kepel, Le Prophète et la Pandémie (Gallimard, à paraître le 11 février), retrace avec un soin méticuleux. Une nouvelle donne dont voici quelques lignes. Le désintérêt croissant pour la zone des États-Unis, désormais autosuffisants en pétrole, pousse les autocrates de la région à dicter leur loi, pour le meilleur comme pour le pire. Riches de leur or noir, le Saoudien Mohammed ben Salmane et Vladimir Poutine jouent à la roulette avec les prix du baril et font dévisser les cours. En quête de nouveaux alliés pour assurer leur sécurité et faire face à l’ennemi commun, l’Iran, les pétromonarchies du Golfe normalisent leurs relations avec l’ennemi d’hier – Israël. Deux nouveaux axes antagonistes se dessinent, selon Kepel, engagés dans une lutte sans merci qui pourrait entraîner un conflit mondial. De la Syrie jusque dans le Haut-Karabakh , le maître du Kremlin impose guerre et paix au nez et à la barbe des Occidentaux, tandis que Recep Tayyip Erdogan, qui se rêve en Nasser islamiste, joue aux apprentis sorciers de la Libye aux côtes grecques. Si la campagne antifrançaise née de la republication des caricatures de Charlie Hebdo porte sa marque , le « Reis » n’est pas aussi fringant qu’il y paraît. Ses provocations font toutefois le lit de ce que Kepel nomme le « djihadisme d’atmosphère », djihad de quatrième génération proliférant grâce aux réseaux sociaux, qui a frappé par trois fois la France cet automne. Pourtant, de Bagdad jusqu’à Tunis, l’islam politique n’a jamais été aussi peu plébiscité. Et l’Orient, si compliqué.

Le Point : En quoi l’année 2020 marque-t-elle un tournant majeur dans toute la zone du Moyen-Orient ?

Gilles Kepel : C’est une année fondamentale. 2020, du fait de l’irruption de la pandémie, a apporté des éléments inattendus qui ont modifié des lignes qui bougeaient déjà mais que la crise a bousculées avec une ampleur inouïe. Exemple : l’effondrement du prix des hydrocarbures a bouleversé toute l’économie de la région. Il a accéléré la recomposition de deux axes déjà existants. D’un côté, l’axe fréro-chiite, avec le Qatar, la Turquie, Gaza et, pour la première fois, l’Iran. Parallèlement, l’épidémie a donné à Donald Trump l’opportunité de mettre en place un autre système d’alliances sans précédent entre les États-Unis, Israël, le Maroc, les Émirats, Bahreïn et le Soudan . Khartoum, une dictature islamo-fasciste qui avait accueilli Ben Laden et Carlos, s’est avérée désireuse de s’agréger à cette entente dite « d’Abraham » alors que la déclaration de Khartoum (1967) incarnait par excellence la lutte permanente contre Israël.Quant aux Marocains, avec un Zeitgeist remarquable , ils ont saisi l’opportunité de faire reconnaître la marocanité du Sahara occidental, ce qui permettra peut-être la réélection de Netanyahou grâce au vote des Israéliens d’origine marocaine.

Vous évoquez la baisse des recettes des hydrocarbures. Quel rôle précis le pétrole a-t-il joué au cours de l’année ?

Début mars, Poutine, au sein de l’Opep + [l’Organisation des pays exportateurs du pétrole + la Russie], a essayé d’augmenter la production pour abaisser les cours du pétrole au-dessous du prix de revient des producteurs américains d’huile de schiste. Il misait sur la faillite des Américains, avant une reprise progressive des cours. C’était sans compter les effets de la pandémie qui a mis en échec cette tactique, l’arrêt du commerce mondial faisant dévisser de manière dramatique le prix du pétrole : au final, le Moyen-Orient aura perdu en 2020 près de 270 milliards de dollars de recettes. Le virus a accéléré la nécessité pour les pétromonarchies de passer à un autre modèle, leur économie n’étant plus viable. Voilà pourquoi le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane [MBS, NDLR] est arrivé au pouvoir avec Vision 2030 , un projet préparant l’après-pétrole, où une jeune classe moyenne saoudienne trouverait des revenus qui ne seraient pas exclusivement issus de la rente. Mais cette conversion n’est possible pour l’Arabie saoudite qu’avec la technologie israélienne. Ainsi, c’est tout sauf un hasard si Neom, le projet de ville futuriste du royaume, se trouve à 45 kilomètres seulement d’Eilat, en Israël. MBS a reçu Netanyahou là-bas, en catimini, en novembre 2020, alors que sa relation avec l’administration Biden pourrait connaître des soubresauts. La première déclaration de la nouvelle directrice du renseignement américain, Avril Haines, a ainsi concerné l’assassinat du journaliste saoudien Khashoggi . Il est donc crucial pour l’Arabie saoudite d’engranger de nouveaux alliés, notamment Israël.

Vous parlez de triplice à propos de l’axe fréro-chiite et d’entente abrahamique, des termes renvoyant aux prémices de la Première Guerre mondiale. Croyez-vous à une déflagration mondiale ?

Je les emploie à dessein. Dans ce climat d’angoisse provoqué par la pandémie, tout le monde cherche des boucs émissaires. Recep Tayyip Erdogan profite de la déréliction générale pour faire preuve d’un activisme à tous crins : il s’engage à la fois dans la guerre en Azerbaïdjan , envoie un bateau pour affronter les flottes grecque, française et chypriote, lâche ses migrants vers l’Europe, est présent en Syrie du Nord face aux Russes et expédie ses bachi-bouzouks en Libye. En période de bascule d’un modèle pétrolier à bout de souffle, certains voient un créneau et s’engouffrent. Erdogan en est le meilleur symbole, recourant à un vocabulaire nationaliste, islamiste, mais en utilisant aussi des armes et en achetant des systèmes antimissiles russes S-400 alors qu’il est membre de l’Otan. La logique n’est pas sans évoquer les prémices de 1914.

Peut-on définir les contours du nouveau modèle ?

Non, et c’est bien le problème. On sait en revanche ce qui ne fonctionne pas. Le pétrole ne paie plus et la rente n’a plus lieu d’être. En tout cas, le nouveau système ne passera pas par la case démocratie, d’où la fascination qu’exerce sur tous ces pays le modèle chinois. En témoigne la relation nouvelle entre l’Iran et la Chine, qui a failli aboutir en 2020 à un traité inégal imposé par Pékin. Que prévoyait-il ? 400 milliards d’investissements sur vingt-cinq ans, la haute main chinoise sur les secteurs des banques, des télécommunications, des ports, du rail, 5 000 soldats chinois en Iran, une ristourne de 30 % sur le tarif du brut… S’il n’a pas été ratifié, c’est seulement parce que l’ex-président Mahmoud Ahmadinejad, s’érigeant en défenseur de l’identité iranienne, s’y est opposé ! Même si les pétromonarchies continuent à acheter des armes et des avions de chasse furtifs F-35 aux Américains, on voit bien qu’elles sont fascinées par le modèle promu par Pékin : prospérité économique et absence de démocratie. La Chine, avec sa politique de vaccins peu chers, s’est imposée dans toute la zone. Auparavant, elle ne comptait que comme acheteuse de pétrole, 2020 aura marqué son entrée dans le grand jeu.

Vous évoquiez le rôle de boutefeu des Turcs. Mais le tigre turc n’est-il pas de papier ?

Erdogan a joué le rôle de l’ayatollah Khomeyni en 1989 qui, en lançant sa fatwa contre Salman Rushdie, avait damné le pion à l’Arabie saoudite afin de montrer que l’Iran était le vrai et seul défenseur de l’islam. Quand, le 24 juillet 2020, le président turc réislamise la basilique Sainte-Sophie, il le fait quatre-vingt-dix ans, jour pour jour, après le traité de Lausanne : il utilise l’Atatürk vainqueur militaire de l’Europe pour détruire l’Atatürk laïc, qui avait fait de Sainte-Sophie un musée. Coup double, car il agit pendant le pèlerinage, où les Saoudiens assument la prophylaxie : seuls quelques milliers de pèlerins sont visibles à La Mecque au lieu des 2 millions habituels. Mais la Turquie, qui a dû s’endetter en raison de sa politique militariste, tient seulement grâce à l’aide du Qatar, son grand allié de l’axe fréro-chiite . Jusqu’à quand ? Doha se fait tirer l’oreille, car la rente gazière s’est effondrée. Enfin, Joe Biden, qui arrive à la Maison-Blanche, est sans doute le plus philo-hellène des présidents américains. Certes, Erdogan semble reculer. Il a déjà envoyé son chef des services secrets rencontrer Yossi Cohen, le directeur du Mossad, afin de solliciter des ouvertures vers la Maison-Blanche. Il vient également de nommer comme ambassadeur à Paris Ali Onaner, qui a étudié à l’ENA avec Emmanuel Macron et s’est réconcilié avec l’Arabie saoudite. Mais cela ne suffira pas, car MBS déteste profondément le Qatar, leur ligne frériste, et entend prendre sa revanche. On voit là aussi les contradictions et les fragilités d’une Turquie imprévisible.

La volonté de Joe Biden de tendre la main à l’Iran peut-elle rebattre les cartes au Moyen-Orient ?

La République islamique aboie, mais ne mord plus et se trouve à genoux, paradoxalement, grâce à Donald Trump . Il ne faut pas oublier que l’Iran est le pays le plus touché par le virus, avec en réalité de 100 000 à 150 000 morts, car il n’a pas été en mesure de réguler les pèlerinages, contrairement aux Saoudiens. Joe Biden souhaite réintégrer l’accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015, même s’il existe des débats au sein de son administration. Mais l’état d’affaiblissement de la République islamique aujourd’hui est tel qu’elle peut arriver à résipiscence, et négocier selon les conditions américaines. À l’intérieur même du pays, il existe des contradictions très fortes, entre le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, un Américain de culture, très désireux de remondialiser le pays, et les pasdarans [gardiens de la révolution, NDLR] qui ne veulent pas en entendre parler. L’année 2020 avait déjà mal commencé pour Téhéran avec la liquidation par les Américains de son grand stratège dans la région, Qassem Soleimani . Après sa mort, l’Iran, qui a fait face à des émeutes en Irak, n’est pas arrivé à placer à Bagdad un Premier ministre à sa dévotion. Du reste, si on dresse le bilan des révolutions de 2019, qu’on a trop tendance à oublier, on voit que les islamistes ne sont plus à la fête. Il s’agit de révoltes avant tout dirigées contre leurs partis : au Liban, en Irak ou au Soudan, où le frère musulman Omar al-Bachir a été renversé. En Algérie, le Hirak (« mouvement ») n’a pas évolué dans un sens islamiste comme les révolutions de 2011. À mon sens, le modèle islamiste est épuisé. Jadis, les Frères musulmans promettaient l’ordre. Erdogan était vu par l’administration Obama comme le symbole de l’éthique islamique mêlée à l’esprit capitaliste. Ce n’est plus le cas.

Peut-on considérer Vladimir Poutine comme le nouveau gendarme du Moyen-Orient ?

En partie seulement. Si le modèle d’Astana – les négociations tripartites sur la Syrie regroupant la Russie, l’Iran et la Turquie mais pas les États-Unis, ni l’ONU – met à profit l’impéritie américaine, il n’est plus si fonctionnel et Vladimir Poutine fait face à des contraintes. La Russie n’est plus une grande puissance. En Azerbaïdjan, le président russe n’a, certes, pas été mécontent de voir le Premier ministre arménien Nikol Pachinian être défait par Bakou, mais il a été pris de vitesse par Erdogan , et je doute qu’il ait vu de gaieté de cœur les soldats turcs armer et entraîner les Azerbaïdjanais. Il est d’ailleurs surprenant qu’Israël et la Turquie se retrouvent dans le même camp pro-Bakou.

De tous les pays de la région, Israël semble être le grand vainqueur de l’année 2020…

Certes, mais Israël reste un colosse aux pieds d’argile, exposé à plusieurs menaces immédiates. Tout d’abord, l’expansion démographique très forte des Arabes israéliens. Deuxième facteur, le problème de la bande de Gaza, territoire qui ne survit que sous oxygène qatarien. Chaque mois, 30 millions de dollars en liquide arrivent à l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv et sont transportés dans des voitures noires escortées par le Mossad jusqu’à la frontière israélo-égyptienne, avant que les Égyptiens ne prennent le relais et, après avoir prélevé des frais de surveillance, ne délivrent l’argent au Hamas qui paie ses fonctionnaires. Le président israélien Reuven Rivlin a d’ailleurs officiellement reçu en septembre dans sa résidence de Jérusalem l’ambassadeur du Qatar, Mohammed Al-Emadi, pour le remercier d’avoir « permis la survie économique de Gaza ». Vous avez donc, d’un côté, le régime israélien qui explique que le Hamas est une abomination et, de l’autre, son président qui remercie le Qatar d’avoir payé les islamistes palestiniens.

La normalisation israélo-arabe peut-elle favoriser la paix avec les Palestiniens ?

Le sentiment est qu’Israël fait la paix avec les Arabes lointains pour ne pas s’occuper des Arabes proches. Maintenant, je ne pense pas que la question palestinienne touche à sa fin, même si ceux-ci restent profondément divisés. La Cisjordanie est assez marginalisée. La stratégie des Émirats arabes unis est visiblement de pousser Mohammed Dahlan [l’ancien chef de la sécurité préventive palestinienne à Gaza, NDLR], dont les moyens sont donc illimités, face au malheureux Mahmoud Abbas.

L’activisme de Recep Tayyip Erdogan en Libye ainsi qu’au large de la Grèce n’a-t-il pas remis la Méditerranée au centre de la géopolitique ?

La Méditerranée est redevenue en 2020 un lieu d’abord et avant tout conflictuel. Pourtant, le gaz n’y est paradoxalement pas un enjeu à long terme car les quantités d’hydrocarbures espérées n’y ont pas été trouvées. Pour la Turquie, la Méditerranée revêt un intérêt géopolitique majeur, en vue de créer ce qu’elle appelle le « Mavi Vatan », la « patrie bleue » . Ankara souhaiterait renégocier le traité de Lausanne de 1923 – la terre pour les Turcs et la mer Méditerranée pour les Grecs – pour avoir droit à son Lebensraum maritime. Mais cette théorie entraîne des décisions hallucinantes, comme la signature entre la Turquie et la Libye d’un accord pour un partage de leur zone maritime, alors que la bande côtière en Cyrénaïque sur laquelle il se base échappe au contrôle de Tripoli ! C’est ce texte qui a entraîné en réponse une alliance égypto-grecque, dont s’inquiète d’ailleurs Erdogan.

Si Emmanuel Macron monte au front face à Erdogan, l’Europe dans son ensemble paraît pour le moins désunie …

L’Europe ne parvient même plus à intervenir à travers ses pays riverains ! Lorsque Emmanuel Macron rassemble à Ajaccio le 10 septembre le sommet du Med 7, le président de la République a beau faire une grande déclaration contre Erdogan, les Maltais préfèrent regarder leurs chaussures, les Italiens l’heure, les Espagnols, qui ont vendu un demi-sous-marin à la Turquie, les mouches. Et quinze jours plus tard, au sommet de Bruxelles, l’Italien Giuseppe Conte et Mme Merkel refusent de hausser le ton contre Ankara. On voit donc bien que l’Europe est sans dents en Méditerranée. Mme Merkel vit dans la terreur de voir Erdogan donner des instructions de vote aux Turcs allemands qui soient contraires à ses intérêts, ce qui l’inquiète dans la phase successorale actuelle en Allemagne.

N’est-il pas paradoxal que la France, impuissante au Moyen-Orient, soit le premier pays occidental frappé par les attentats ?

C’est le cas. Le discours d’Emmanuel Macron, lorsqu’il s’est rendu au Liban, a beaucoup plu dans les milieux francophone et chrétien, mais son impact a été limité. Après son départ, Erdogan a envoyé sur place Ismaël Haniyeh, le chef politique du Hamas, effectuer une tournée triomphale auprès des Libanais musulmans, qui a occulté la visite du président français. L’affaire Charlie Hebdo nous a valu d’être l’objet de la haine de tous les islamistes, avec trois attentats à l’automne sur notre sol. Je reste pour ma part assez dubitatif sur la stratégie de l’hebdomadaire satirique. Avec le procès de l’attentat contre Charlie nous avions l’occasion de réaliser une sorte de Nuremberg du djihadisme et de mettre les islamistes face à leurs contradictions, or il a été rendu inaudible dans le monde. On peut être pour la liberté d’expression et réfléchir à la conséquence de ses actes. La republication des caricatures, qui est le droit de Charlie, a fourni aux islamistes le prétexte rêvé pour réaliser une énorme mobilisation antifrançaise. Le cas de Brahim Aouissaoui , l’auteur des attentats de l’église de Nice, est aussi symbolique. Voilà un individu qui a fui la Tunisie, pourtant le seul pays démocratique de la région, mais qui se trouve dans une situation économique calamiteuse. Lorsqu’il est entré en France par la filière des migrants, il possédait dans son portable une photo d’Abdoullakh Anzorov, l’assassin tchétchène de Samuel Paty . On voit donc bien que le « djihadisme d’atmosphère », nourri par les réseaux sociaux, est aussi lié à la déréliction de la situation dans le monde arabo-musulman.

Extrait : La victoire d’Israël 

« Ce vaste Monopoly, dont la Covid et l’effondrement du prix des hydrocarbures constituent la mauvaise pioche, englobe l’ensemble de la région Moyen-Orient Méditerranée, en y incluant désormais Israël comme un joueur de plein droit. Cela signe l’acte de décès du « plan de paix arabe » proclamé à Beyrouth le 28 mars 2002 […], lequel proposait, pour la première fois, la reconnaissance explicite d’Israël, mais la conditionnait à son retrait de l’ensemble des territoires occupés lors de la guerre des Six-Jours de juin 1967. Cette initiative de « terre contre la paix » est abandonnée, à cause de la fissuration irréparable du « camp arabe » et du basculement des équilibres de puissance, au profit d’une approche de « paix contre la paix » – qui avait été pensée dès la fin du mandat de Bill Clinton […]. En cette année où la pandémie et le crash du baril ravagent l’environnement régional de l’État juif, celui-ci n’éprouve plus aucun besoin de faire des concessions territoriales pour imposer sa reconnaissance.

Le lien privilégié établi avec les Émirats arabes unis positionne Israël au cœur de l’espace Moyen-Orient Méditerranée global, et l’extrait du seul contexte levantin, lui permettant de « passer par-dessus » l’obstacle palestinien d’antan – d’autant plus aisément qu’il existe depuis la prise de Gaza par le Hamas en 2007 au détriment de l’OLP deux entités antagoniques. Le lien organique qu’établit l’accord crée un continuum économique et stratégique entre les pétromonarchies de la péninsule arabique alliées à Abu Dhabi et un Levant au cœur duquel s’inscrit l’État hébreu. Il se dresse en rempart à celui qu’avait mis en œuvre le défunt stratège iranien Qassem Soleimani en pétrissant un « croissant chiite » militarisé de Téhéran à Beyrouth, grâce auquel la République islamique pouvait toucher Haïfa ou Tel-Aviv par des missiles tirés depuis le sud du Liban ou de la Syrie […]. « 

Propos recueillis par Armin Arefi et François-Guillaume Lorrain

Source lepoint

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