Tandis que les bombes continuent de tomber à Gaza, les pays occidentaux clamaient leurs divisions face à la décision de la Cour pénale internationale d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense.
Des réactions internationales très contrastées, et pour cause. La chambre préliminaire de la Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui auraient été commis dans la bande de Gaza, ajoutant pour bonne mesure un mandat également contre Mohammed Deif, le dirigeant de la branche armée du Hamas, présumé mort depuis plusieurs mois. Si certains des pays ayant signé le traité de Rome de la CPI ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme – le Premier ministre irlandais Simon Harris la qualifiant de «mesure extrêmement significative» –, d’autres se sont montrés bien plus prudents.
Jamais à court de formules énigmatiques, le Quai d’Orsay a ainsi déclaré que la France a «toujours soutenu les actions de la Cour» mais que les mandats d’arrêt constituaient «une question juridique complexe» et que la situation nécessitait donc «beaucoup de précautions juridiques». Il faut bien sûr comprendre exactement le contraire : la question juridique est simple, mais nécessite des précautions politiques complexes. Les Etats-Unis ayant rejeté la légitimité des mandats en des termes très vifs avant même que le futur président américain Donald Trump n’entre en fonction, on voit mal le Royaume-Uni – ou même la France – arrêtant Nétanyahou au risque de sacrifier l’armement de l’Ukraine ou celui de l’Otan. Loin de saisir l’opportunité d’imposer dans le pays une prise de conscience, l’opposition israélienne a par ailleurs unanimement condamné la décision, redoutant qu’elle repousse les procès pour corruption contre Netanyahou, dont la première apparition au tribunal devait avoir lieu le 2 décembre. Loin de toutes ces considérations, le nombre de morts à Gaza sous les bombes israéliennes continue de monter en flèche, mettant en doute la conscience morale du monde et sa capacité à reconnaître le mal.