En Israël, l’étau judiciaire se resserre autour de Benyamin Netanyahou

Abonnez-vous à la newsletter

Mercredi, un tribunal de Jérusalem a rejeté la demande du Premier ministre de reporter de deux mois et demi sa déposition lors de son procès pour corruption, fraude et abus de confiance. Benyamin Netanyahou devra répondre aux juges le 2 décembre.

A l’étranger, Benyamin Netanyahou a toutes les raisons de se réjouir du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Mais sur le front intérieur, de gros nuages ne cessent de s’accumuler. Mercredi, un tribunal de Jérusalem a rejeté sa demande de reporter de deux mois et demi sa déposition lors de son procès pour corruption, fraude et abus de confiance. Autant d’inculpations passibles de peines de prison ferme.

Le Premier ministre devra répondre aux juges le 2 décembre. Jusqu’au dernier moment, ses avocats ont tenté de jouer la montre, expliquant que le Premier ministre, qui doit gérer une guerre dans la bande de Gaza et au Liban, tout en préparant Israël à de possibles nouvelles attaques de missiles iraniens, n’a pas eu le temps de se pencher sur sa défense. Autre argument : les locaux du tribunal ne seraient pas suffisamment protégés en cas d’attaques de missiles ou de drones que pourraient tirer le Hezbollah ou l’Iran pour tenter d’assassiner le Premier ministre.

Des dizaines de témoins – hommes d’affaires, journalistes et fonctionnaires – ont été convoqués depuis le début du procès en mai 2020. Le principal concerné, Benyamin Netanyahou, n’avait pour le moment pas été appelé à la barre. Il n’a cessé de proclamer son innocence tout en dénonçant, dès le début de la procédure, « des éléments au sein de la police et du bureau du procureur qui se sont alliés avec les médias de gauche pour constituer un lobby en vue de faire tomber le Premier ministre de droite ».

Inculpations et scandales

Benyamin Netanyahou est le premier chef d’un gouvernement en exercice à avoir été inculpé dans trois dossiers. Il est soupçonné d’avoir accordé des faveurs qui ont rapporté des dizaines de millions de dollars à Shaul Elovitch, patron à l’époque de Bezeq, une entreprise de télécommunication, en échange d’une couverture favorable du site d’information Walla qui faisait partie du même groupe.

Une autre affaire porte sur des cadeaux de près de 200.000 euros qu’auraient reçus Benyamin Netanyahou, son épouse Sara et son fils Yaïr, de la part d’Arnon Milchan, un producteur hollywoodien, et de James Parker, un homme d’affaires australien. Le troisième dossier concerne aussi une tentative d’accord en sous-main pour obtenir une couverture médiatique plus favorable de la part du quotidien « Yediot Aharonot », le plus populaire du pays.

Pour couronner le tout, l’annonce de l’ouverture du procès coïncide avec une série de scandales impliquant des proches collaborateurs du Premier ministre révélés ces trois dernières semaines par les médias, y compris la télévision publique. Tzahi Braverman, le directeur du cabinet de Benyamin Netanyahou, devait être entendu par la police ce jeudi. Il est soupçonné de s’être livré à une tentative de chantage à l’encontre d’un officier en vue de modifier les comptes rendus des réunions du gouvernement liées aux massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023, afin de dédouaner le Premier ministre de toute responsabilité.

De même, un ancien porte-parole de Benyamin Netanyahou est détenu depuis le 27 octobre pour avoir fait fuiter des informations confidentielles à des médias étrangers, notamment le quotidien allemand « Bild », en vue de faire échouer des négociations sur la libération de 101 otages détenus par le Hamas. Le Premier ministre a réagi en affirmant être la victime d’un « tsunami de fake news destiné à le renverser ».

Pascal Brunel (Correspondant à Tel-Aviv)