Une vingtaine d’«actes antisémites» en France depuis l’attaque du Hamas contre Israël, annonce Gérald Darmanin

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«Toucher à un juif en France, c’est toucher toute la République», a martelé le ministre de l’Intérieur, ce lundi 9 octobre, après avoir révélé que le pays faisait l’objet de diverses manifestations d’antisémitisme depuis samedi.

Le spectre de l’importation du conflit et des haines rances qui ressurgissent. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, affirme ce lundi 9 octobre qu’une vingtaine d’«actes antisémites» ont été relevés en France depuis le début de l’attaque d’Israël par le Hamas samedi 7 octobre, allant de «propos menaçants» contre les juifs et Israël au déploiement de banderoles. Ce chiffre est à comparer aux 436 actes antisémites recensés par le service central du renseignement territorial dans le pays en 2022. Soit environ 1,2 acte par jour l’an passé, contre 10 par jour au cours du week-end écoulé, d’après le ministre de l’Intérieur.

Gérald Darmanin, qui s’exprimait à l’issue d’une réunion avec les représentants de la communauté juive de France, a ajouté qu’il y avait eu «dix personnes interpellées» au cours des dernières quarante-huit heures. Il a néanmoins fait valoir qu’il n’y avait «aucune menace caractérisée connue touchant des compatriotes juifs sur le territoire national».

«Toucher à un juif en France, c’est toucher toute la République», a poursuivi le ministre de l’Intérieur, tout en assurant la communauté juive du «soutien total» du gouvernement et de «sa fermeté absolue» face aux actes antisémites. Il a également rapporté que ce week-end, la plateforme de signalement Pharos avait reçu «plus de 700 signalements» de propos d’apologie du terrorisme ou d’incitation à la haine raciale sur Internet. «Quarante-quatre signalements ont déjà été judiciarisés», a ajouté le ministre.

Il a prévenu qu’il se réservait la possibilité d’utiliser l’article 40 du code de procédure pénale (pour dénoncer des faits ou des propos à la justice) et «d’engager des procédures de dissolution quelles que soient les structures»«Nous avons eu de la part de collectifs, d’associations, parfois de partis politiques, des propos absolument ignobles appelant à la haine, à l’Intifada, à l’apologie du terrorisme», a-t-il dit, sans citer de noms. Gérald Darmanin a insisté sur la mobilisation des forces de l’ordre et de celles de Sentinelle pour sécuriser les lieux de cultes, les crèches, les écoles, etc. fréquentés par la communauté juive.

Près de 1 000 actes recensés en 2004

Dès samedi, il a été découvert des affichettes en soutien aux Palestiniens et à Villeurbanne, près de Lyon, un grand tag de revendication «La Palestine aux Palestiniens» avec comme signature la LJR (Ligue de la jeunesse révolutionnaire), explique une source policière. A Paris, des incidents ont été relevés devant des synagogues, comme dans le XVIe arrondissement, où un homme a été interpellé dimanche pour apologie du terrorisme et insulte à caractère raciste. Quatre personnes ont également été appréhendées dans la nuit de dimanche à lundi, dans le VIIe arrondissement de la capitale, pour le même motif.

A Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), des tags ont été découverts dimanche sur les murs de la gare RER. Des inscriptions menaçantes contre Israël ont également été relevées à Epinay-sous-Sénart (Essonne). Aux abords de certaines synagogues, des comportements que des fidèles ont pu considérer comme suspects ont donné lieu à des déplacements de patrouilles de police au-delà des sécurisations déjà mises en place, mais sans toutefois relever d’incidents.

Les données du service central du renseignement territorial concernant les actes antisémites répertoriés en France montent de fortes variations annuelles, avec des corrélations liées à l’actualité. Entre 1992 et 2000, les policiers ne répertorient qu’une centaine d’actes chaque année, à l’exception de 1993 (294 actes recensés). En 2000, année de déclenchement de la deuxième Intifada, le chiffre bondit à 744. Il atteint 936 en 2002 et même 974 en 2004, pic des vingt dernières années, au cœur de cette période d’affrontements entre l’armée israélienne et des combattants Palestiniens.

Depuis, cet indicateur qui recoupe les attentats ou tentatives d’attentat, les homicides ou tentatives d’homicide, les violences, les incendies ou tentatives d’incendie, les dégradations et actes vandales et les menaces à caractère antisémite, n’est jamais retombé sous les 300 occurrences par an.