Ce que l’ONU et le Hamas cachent sur l’Unrwa à Gaza

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L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) est infiltrée, selon Israël, par les militants islamistes. Pourtant, l’ONU refuse de s’en débarrasser.

Les images sont insoutenables. Deux terroristes armés, la tête couverte d’une chéchia traditionnelle musulmane, s’emparent du corps inerte d’un jeune homme gisant en pleine rue et le jettent sans ménagement dans le coffre d’un véhicule 4 x4 blanc, avant de lui dérober ses effets personnels et de repartir vers Gaza.

Nous sommes le 7 octobre 2023 et le Hamas vient de commettre le plus grand massacre de l’histoire d’Israël. Âgé de 21 ans, Jonathan Samerano participait au festival de musique de Réïm lorsqu’il a aperçu dans le ciel les premières salves de roquettes pleuvoir sur le territoire israélien. Sans attendre, le jeune homme et ses deux amis Maor et Benaya se précipitent dans leur voiture en direction du kibboutz de Be’eri, où ils comptent se réfugier. Arrivés devant l’imposante barrière électrique jaune marquant l’entrée, ils appellent leurs parents pour leur annoncer qu’ils sont en sécurité. Ce sera leur dernier signe de vie.

Des employés de l’Unrwa filmés lors des exactions du Hamas

Une vidéo, diffusée depuis sur les réseaux sociaux du Hamas, montrerait le corps de Jonathan Samerano enlevé par des combattants islamistes. Son ravisseur, nommé Faisal Ali Mussalem al-Naimi, n’était pas seulement membre du Hamas. D’après Israël, il était aussi un employé de l’Unrwa, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient. « Cela m’a rendue folle, se souvient Ayelet Samerano, la mère de Jonathan. Comment une organisation dépendant des Nations unies et censée défendre la paix et les droits de l’homme a-t-elle pu ainsi kidnapper mon fils ? »

Créée en 1949 pour venir en aide aux plus de 700 000 Palestiniens expulsés de leurs terres à l’issue de la première guerre israélo-arabe, l’Unrwa, qui compte près de 13 000 employés à Gaza, dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’humanitaire, se retrouve aujourd’hui au cœur de la tourmente.

Selon les autorités israéliennes, au moins 18 autres membres de l’organisation ont directement participé aux massacres du Hamas du 7 Octobre. « Nous nous sommes basés sur nos propres sources du renseignement mais nous avons également recueilli des éléments durant notre opération militaire à Gaza, comme des listes entières d’agents du Hamas, explique une source diplomatique israélienne.

1 650 employés de l’Unrwa seraient membres du Hamas

Directeur d’une école de l’Unrwa dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de Gaza, Hafez Mousa Mousa, 42 ans, serait également membre des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas. « Le jour de l’attaque, le 7 octobre 2023, poursuit la source, il a fermé son établissement et a notifié aux autres combattants qu’ils devaient se rendre à la frontière avec Israël. » Autre cas, celui de Mousa Subhi Musa el-Qidra, conseiller scolaire à Khan Younès, dans le sud de l’enclave, qui serait en réalité commandant adjoint de la brigade locale du Hamas. « Le 7 octobre, précise la source, il a aidé son fils à kidnapper un Israélien. »

En plus de rendre lui-même la nouvelle publique le 26 janvier, après avoir été alerté par les autorités israéliennes, le commissaire général de l’agence, l’Italo-Suisse Philippe Lazzarini, a annoncé par précaution le licenciement immédiat des employés incriminés. « Il ne s’agit pour l’heure que d’allégations, souligne-t-on à l’Unrwa. Nous avons immédiatement mis en place une enquête menée par le Bureau des services de contrôle interne des Nations unies [BSCI] et attendons que celle-ci s’achève pour avoir de plus amples informations. »

L’influence réelle du Hamas en question

À New York, au siège de l’organisation, on veut croire que les 19 membres de l’agence accusés d’être impliqués dans le 7 Octobre ne représentent qu’une infime partie de ses 30 000 employés déployés dans les territoires palestiniens (Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est), au Liban, en Syrie et en Jordanie.

« Le problème est qu’en nous penchant plus en profondeur sur les effectifs de l’Unrwa à Gaza, pointe la source diplomatique israélienne, nous nous sommes rendu compte que l’influence du Hamas y était en réalité très forte. » D’après une note du renseignement israélien consultée par Le Point, 1 650 employés de l’Unrwa, soit 13 % de ses effectifs à Gaza, seraient membres du Hamas ; 327, soit 3 %, appartiendraient à sa branche armée.

Des chiffres qui se basent sur une liste d’employés fournie au mois de mars par l’organisation onusienne que les autorités israéliennes ont confrontée avec leurs propres renseignements. « On estime que 20 % des directeurs et des directeurs adjoints d’écoles de l’Unrwa à Gaza sont membres du Hamas, affirme la source diplomatique israélienne. Voilà pourquoi nous estimons qu’il est indispensable de remplacer graduellement l’Unrwa à Gaza. »

Les islamistes, maîtres de l’école

À la tête d’une école primaire pour garçons dans le camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de l’enclave, Khaled Saïd el-Masri serait dans le même temps combattant pour la brigade locale du mouvement islamiste. Directeur de la primaire pour garçons de Zaitun, dans le sud de la ville de Gaza, Mohammed Shuwaideh ferait, lui, partie des troupes d’élite du bataillon Shati du Hamas.

« Cela indique clairement un lien entre l’affiliation du corps enseignant, le contenu des enseignements et l’utilisation qui peut être faite des écoles », conclut la source diplomatique. Le 8 février dernier, des soldats israéliens ont fait une étonnante découverte alors qu’ils inspectaient une école de l’Unrwa dans la ville de Gaza.

« Nos forces ont repéré une ouverture cachée dans le sol qui marquait l’entrée d’un vaste tunnel passant sous l’établissement, raconte au Point le major Nir Dinar, l’un des porte-parole de Tsahal qui se trouvait sur place. Après avoir marché environ 800 mètres, le diamètre du tunnel s’est soudain élargi et nous sommes tombés sur de grandes chambres, une salle de bains, ainsi qu’un énorme ordinateur qui servait de ferme à serveurs : nous nous trouvions dans un centre de commandement du Hamas alimenté en électricité, en eau et en air conditionné par le bâtiment situé au-dessus. »

« Il était impossible de ne pas être au courant »

L’armée israélienne affirme être alors située juste au-dessous du quartier général de l’Unrwa à Gaza-ville. Pointé du doigt, le patron de l’agence, Philippe Lazzarini, a assuré n’avoir eu connaissance d’« aucune activité qui aurait pu se dérouler » sous le bâtiment, que ses équipes ont quitté, rappelle-t-il, dès le 12 octobre, alors qu’au moins 188 employés de l’Unrwa ont par ailleurs été tués et plus de 160 locaux, endommagés ou détruits par les bombardements israéliens.

Une explication qui ne convainc guère Tsahal. « Il était impossible de ne pas être au courant de ce qui se passait au-dessous du siège de l’Unrwa, estime le porte-parole, Nir Dinar. Je ne dis pas que l’Unrwa pouvait empêcher le Hamas d’agir, mais la réaction de ses responsables aujourd’hui semble indiquer qu’ils préféraient ne pas savoir. »

D’après Israël, au minimum 32 installations gérées par l’agence onusienne à Gaza posséderaient des infrastructures terroristes (centre de commandement, tunnel, site de lancement de roquettes, dépôt d’armes…) à moins de 20 mètres d’elles. Les deux écoles de Maghazi et de Zaitun seraient traversées par un tunnel encore utilisé par le Hamas à ce jour.

Les financements suspendus par de nombreux pays

Ces révélations explosives d’Israël sur les liaisons dangereuses entre l’Unrwa et le Hamas ont conduit 16 pays donateurs, dont les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède, à suspendre immédiatement leur financement de l’organisation, sans même attendre le résultat de l’enquête diligentée par les Nations unies.

Une perte représentant 450 millions de dollars, soit près de la moitié des recettes prévues pour 2024, mettant en péril le sort des 2,4 millions de Gazaouis, qui dépendent aujourd’hui à 95 % de l’aide humanitaire fournie par l’agence. La France a, elle, annoncé qu’elle ne procéderait pas à de nouveaux versements au premier trimestre de cette année.

Pour tenter d’éteindre l’incendie, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a mis en place, en parallèle de l’enquête interne, une commission indépendante d’experts, dirigée par l’ex-ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, pour évaluer la « neutralité » de l’Unrwa.

« L’Unrwa est le vrai gouvernement à Gaza »

Ancien avocat général de l’agence de 2000 à 2007, James Lindsay alertait dès 2009 sur la présence de sympathisants du Hamas dans les rangs de l’organisation à Gaza. « Il ne s’agit pas de la vingtaine d’expatriés internationaux présents dans l’enclave, mais des milliers de travailleurs locaux palestiniens qui sont donc soumis à l’environnement social gazaoui, contrôlé par le mouvement terroriste », souligne le juriste américain.

« Lors de votre entretien d’embauche, l’Unrwa ne vous demande jamais si vous êtes militant du Hamas. Et lorsque vous intégrez l’organisation, elle n’a aucun moyen de savoir ce qui se passe réellement dans les écoles. Or, que vous soyez sympathisant ou non, il est extrêmement difficile d’aller à l’encontre de la volonté du Hamas, qui reste l’entité qui gouverne à Gaza et demeure la seule à posséder des armes. »

Sous couvert d’anonymat, un ex-employé palestinien d’une organisation de l’ONU évoluant à Gaza évoque un partage cynique des tâches entre l’agence et le Hamas. « L’Unrwa est le vrai gouvernement à Gaza, dit-il. C’est elle qui nourrit, éduque, emploie et protège la majorité des Gazaouis. Si les contacts étaient officiellement proscrits, la direction de l’agence traitait avec le Hamas, notamment en termes de coordination, mais sous la table. » À en croire Richard Gowan, spécialiste de l’ONU au sein de l’International Crisis Group, « beaucoup de responsables onusiens s’inquiétaient de longue date de ces liens, car ils savaient que cela finirait par sortir ».

Des dizaines de cas problématiques dans le matériel scolaire

Le dernier grief d’Israël contre l’Unrwa concerne le programme scolaire. D’après le ministère israélien des Affaires étrangères, certains manuels utilisés dans ses écoles à Gaza reprennent la rhétorique incendiaire du mouvement islamiste.

« L’Unrwa ne possède pas ses propres manuels et utilise les livres officiels des pays hôtes, en l’occurrence ceux de l’Autorité palestinienne pour Gaza, explique Juliette Touma, directrice de la communication de l’agence onusienne. Nous révisons constamment le contenu de ces livres pour garantir que notre programme éducatif soit conforme aux normes de l’Unesco, et nos enseignants reçoivent une formation sur la manière d’aborder les questions susceptibles d’être controversées. » « Par ailleurs, ajoute la responsable, tout le matériel utilisé par l’Unrwa dans son programme éducatif est examiné pour garantir qu’il est conforme aux principes des Nations unies. » 

Pourtant, l’ONG israélo-britannique Impact-SE, qui a aidé Tel-Aviv à récolter des éléments de preuve, affirme avoir recensé des dizaines de cas problématiques dans le matériel scolaire fourni par le département éducation de l’Unrwa à Gaza. Ainsi, un manuel de langue arabe pour CM2 rédigé en 2022 par un enseignant travaillant pour l’école primaire pour garçons de Maghazi, dans le centre de Gaza, érige au rang de « héros » Dalal Mughrabi, combattante du Fatah ayant participé en 1978 aux massacres de 38 civils israéliens, dont 13 enfants, et Ezzeddine al-Qassam, premier djihadiste de Palestine, qui a donné son nom à la branche armée du Hamas.

« Les enfants de Gaza et de Cisjordanie sont endoctrinés à la haine »

Cet exemple fait partie du document confidentiel de 245 pages présenté par l’organisation Impact-SE à la commission d’experts de l’ONU. « La commission Colonna a totalement ignoré dans son rapport toutes les preuves de contenu violent, antisémite et djihadiste inclus dans les manuels de l’Autorité palestinienne ainsi que dans le matériel produit par l’Unrwa lui-même », s’indigne Marcus Sheff, le directeur d’Impact-SE.

« Depuis leur plus jeune âge, les enfants de Gaza et de Cisjordanie sont endoctrinés à la haine et à la déshumanisation des juifs, de sorte que le 7 Octobre n’est malheureusement pas une surprise, la majorité des terroristes ayant étudié dans les établissements de l’Unrwa. » 

Dans son rapport d’enquête, la commission d’experts de l’ONU réserve une seule note de bas de page aux allégations de l’ONG Impact-SE. Mais elle pointe bien le « contenu problématique » de certains manuels utilisés par l’Unrwa.

Se basant sur trois évaluations internationales des ouvrages scolaires de l’Autorité palestinienne, elle écrit que deux d’entre elles (menées par le gouvernement américain en 2018 et par le Conseil des institutions religieuses de Terre Sainte en 2013) ont décelé des « préjugés et contenus non conformes » mais « pas de preuve de référence antisémite », tandis que la troisième, réalisée en 2021 par l’Institut Georg-Eckert, basé en Allemagne, a identifié deux exemples de contenu antisémite, notamment dans un livre d’éducation islamique de 2017 qui établit un lien entre le conflit israélo-palestinien et les « tentatives d’assassinat par les Juifs du Prophète ».

L’épineuse question autour du statut des réfugiés palestiniens

D’après l’institut, l’un des passages incriminés a été supprimé, tandis que le second a été considérablement modifié. Jugeant ce rapport d’enquête « très positif », Juliette Touma, de l’Unrwa, estime que les accusations israéliennes « font partie d’une campagne visant avant tout à démanteler l’agence, pas seulement en raison des opérations et des services qu’elle fournit mais aussi dans le but de mettre fin au statut de réfugié palestinien ».

À la différence des autres réfugiés de par le monde, qui dépendent du Haut-Commissariat aux réfugiés, les Palestiniens expulsés à l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948-1949 prétendent au « droit au retour ». En vertu de la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU de décembre 1948, ils revendiquent de pouvoir « rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins », ceux qui ne le souhaitent pas devant être « dédommagés ».

Unique, ce statut se transmet de génération en génération. Et le nombre de réfugiés palestiniens enregistrés par l’Unrwa a explosé, passant de 700 000 en 1949 à plus de 5,9 millions aujourd’hui, éparpillés dans tout le Proche-Orient. « L’Unrwa a permis d’augmenter de façon exponentielle et infinie le nombre de réfugiés palestiniens », dénonce le chercheur israélien Adi Schwartz, auteur du livre The War of Return (La Guerre du retour, St. Martin’s Press, non traduit).

« Cette organisation a maintenu le rêve de 6 millions de réfugiés de pouvoir retourner un jour en Israël, ce qui signifierait la fin de l’État juif. » Ô combien épineuse, cette question a toujours été l’un des plus gros points de contentieux politiques du conflit, censée être réglée à l’issue d’une solution négociée par les deux parties.

L’ONU ne compte pas remettre en cause l’existence de l’Unrwa

Malgré l’accumulation d’éléments à charge contre l’Unrwa, l’ONU n’entend pas remettre en question l’existence de son agence. Si elle conclut à la persistance de « problèmes liés à la neutralité » de l’organisation, notamment dans les opinions politiques exprimées par son personnel, le contenu de certains manuels scolaires, ainsi que les menaces proférées par certains syndicats contre la direction, autrement dit le Hamas, la commission Colonna s’attache simplement à proposer des changements à la marge.

« Le rapport d’enquête ne révèle rien qui ne fût déjà connu, mais s’attache à apporter des réponses pratiques pour réaliser des réformes réalisables sur le court terme », se félicite une source proche du dossier, qui évoque notamment le recrutement de personnel international de l’ONU, l’amélioration de la surveillance externe des projets et la poursuite des échanges de listes d’employés avec les autorités israéliennes.
À lire aussi « Partialité flagrante », la dérive se poursuit à Amnesty Interrogé sur le fait que plus d’un employé sur dix travaillant à l’Unrwa appartiendrait au Hamas, cette source répond qu’Israël n’a pas fourni à ce stade les preuves de ses allégations. Et ajoute que les autorités israéliennes n’ont jamais rien trouvé à redire sur les listes d’employés fournies au cours des six dernières années.

« Ce qui est frappant, c’est que des manquements graves ont été clairement signalés dans le rapport de Mme Colonna, notamment sur la neutralité de l’Unrwa et l’absence de contrôle réel de l’agence, mais ils ont été systématiquement éludés ou minimisés par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres », s’étonne François Zimeray, ancien ambassadeur de France pour les droits de l’homme.

« La présentation de ce rapport par l’ONU contredit son contenu réel, donnant le sentiment qu’il n’y aurait rien à signaler, comme s’il fallait à tout prix rassurer les pays donateurs, alors que le document n’exclut pas la possible participation de personnels et d’équipements de l’agence au plus important massacre antisémite depuis la Seconde Guerre mondiale. »

L’incompréhension des autorités israéliennes

À Jérusalem, les autorités peinent à cacher leur incompréhension. « Notre sentiment est que le but du secrétaire général de l’ONU avec cette commission était de blanchir l’Unrwa, car il n’apporte pas de solution à l’essence même du problème, à savoir la présence d’un nombre substantiel de terroristes du Hamas dans ses rangs, regrette la source diplomatique israélienne. Or, au vu de l’enracinement du mouvement terroriste, il est aujourd’hui extrêmement difficile de simplement vouloir réformer cette agence. »À New York, les diplomates ne boudent pas leur plaisir, estimant que les motivations israéliennes étaient avant tout politiques. « Le point de vue du gouvernement israélien au sujet de l’Unrwa n’est pas raisonnable, d’autant qu’il n’est pas conforme au droit international, souligne-t-on. Il ne ferait qu’ajouter du chaos au chaos à Gaza en l’absence de solution politique au conflit, qui est la seule raison pour laquelle l’agence est aujourd’hui toujours en place. » La publication du rapport Colonna le 22 avril a, en tout cas, coïncidé avec l’annonce par la France du versement à l’agence de 30 millions d’euros en 2024, malgré les preuves israéliennes.

« Nous sommes satisfaits de l’implication de l’Unrwa qui a été soumise à un processus rigoureux d’examen et avons décidé de ne pas modifier notre contribution, indique une source diplomatique française. Dans la situation actuelle de crise à Gaza, l’Unrwa est indispensable, mais pour continuer à la soutenir, il faut qu’elle soit exemplaire. » L’Allemagne, l’Australie, le Canada, la Suède et le Japon lui ont déjà emboîté le pas, sans même attendre le résultat de l’enquête interne de l’ONU sur l’implication présumée d’au moins 19 membres de l’Unrwa dans le 7 Octobre.

La « bataille de l’Unrwa » ne fait que commencer

La balle est désormais dans le camp du Bureau des services de contrôle interne des Nations unies (BSCI). Mais nombre d’observateurs doutent que cet organisme de 282 membres, issus de 85 nationalités, ose aller à l’encontre de la volonté de l’ONU. D’ores et déjà, le BSCI a annoncé avoir classé quatre dossiers sur les dix-neuf cas de terroristes présumés présentés par l’État hébreu, faute de « preuves suffisantes ».

Redevenu avocat, l’ancien diplomate François Zimeray assure désormais la défense d’Ayelet Samerano, déterminée à connaître la vérité sur son fils, et à amener l’Unrwa à rendre des comptes : « Ceux qui ont cru sauver l’Unrwa en faisant l’impasse sur ses dérives prennent le risque de tuer à terme l’organisation », estime l’ex-ambassadeur français.

« Au lieu de prendre la mesure de la gravité de faits dénoncés depuis tant d’années et d’exiger un changement de cap immédiat et profond, l’ONU maintient une gouvernance qui, au mieux, n’était au courant de rien. Face à ce déni de responsabilité, les familles dont les enfants ont été massacrés pourraient saisir la justice pour complicité de terrorisme et questionner la légalité des financements publics versés sans contrôle depuis des décennies à cette organisation qui n’a pas servi la cause de la paix. » La « bataille de l’Unrwa » ne fait que commencer.

Par Armin Arefi (avec Valentine Arama)

Source lepoint