Le high-tech israélien craint les religieux au pouvoir

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Plus de 400 entrepreneurs de ce secteur florissant mettent en garde contre les projets du futur gouvernement Netanyahou.

Dans la dernière ligne droite de son retour au pouvoir, Benyamin Netanyahou se heurte à un adversaire inattendu: la haute technologie, fleuron de l’économie d’Israël. Plus de 400 entrepreneurs de ce secteur ont signé une lettre mettant en garde contre les dangers représentés par des projets de loi que cinq partis d’extrême droite et ultraorthodoxes, membres de la future coalition, sont sur le point de faire voter en échange de leur soutien.

Ce coup de sang exceptionnel porte sur plusieurs textes. L’un permettrait au Parlement de s’arroger le droit de voter des lois qui auraient été retoquées par la Cour suprême, l’équivalant de notre Conseil constitutionnel, un autre concède des pouvoirs renforcés au ministre de la Sécurité nationale en Cisjordanie tout en permettant une accélération de la colonisation, sous la supervision de deux chefs de formations anti-arabes, sans compter la mainmise sur des activités scolaires accordée au chef d’un parti homophobe.

C’est avec ce «programme commun» que Benyamin Netanyahou, après avoir informé le président Isaac Herzog qu’il est en mesure de former un gouvernement, doit en présenter officiellement la composition d’ici au 2 janvier. Ce scénario inquiète au plus point les «entrepreneurs, fondateurs de start-up, gestionnaires et investisseurs dans des fonds de capital-risque» signataires de la pétition. Ils estiment qu’il y a péril en la demeure. Selon eux, les réformes envisagées portent atteinte à la démocratie et à l’État de droit.

Conséquences dévastatrices

«Nous lançons notre appel en raison de notre inquiétude sur les conséquences dévastatrices pour l’économie en général et l’industrie de la haute technologie en particulier que représentent les textes législatifs en cours de discussions à la Knesset», souligne le texte. Il met également en garde contre «tout préjudice porté au système judiciaire», «les atteintes aux droits des minorités sur la base de la religion, de la race, du sexe ou de l’orientation sexuelle»… Faute de quoi, les signataires évoquent le risque de voir se tarir la manne des investisseurs étrangers, qui ont déversé l’an dernier 18,6 milliards de dollars, soit 73 % des fonds mobilisés par le high-tech israélien. L’enjeu économique est vital. Les exportations de ce secteur à très haute valeur ajoutée assurent plus de la moitié des exportations. Il n’emploie que 10 % de la population active, mais assure un quart des recettes fiscales.

Bref, c’est une véritable poule aux œufs d’or. Le climat d’incertitude est d’autant plus lourd qu’après avoir connu une croissance au pas de charge ces dernières années, la haute technologie connaît un passage à vide ces derniers mois en raison des incertitudes provoquées par la guerre en Ukraine, les dérapages inflationnistes et la hausse des taux d’intérêt dans le monde.