Le Memorial Kazerne Dossin redonne un visage aux déportés belges vers les camps de la mort

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C’est un travail de mémoire dont on ne verra sans doute jamais la fin ! Depuis dix ans, la Kazerne Dossin, le mémorial de la déportation des juifs et Roms situé à Malines organise la Cérémonie des portraits. Dans ce centre de transit vers les camps d’extermination nazis, 25.274 juifs et 352 Roms ont été enfermés avant leur déportation.

Depuis l’ouverture du mémorial en 2012, il existe un mur des portraits qui compte 20.904 photos et 4939 silhouettes. Pour plus d’un quart des victimes, seule une silhouette représente une personne déportée et indique s’il s’agissait d’un bébé, d’un enfant (en bas âge), d’un adolescent, d’un adulte ou d’une personne plus âgée.

Donnez-leur un visage

Chaque année, de nouvelles photos sont retrouvées et ajoutées sur le mur, ce qui diminue d’autant le nombre de silhouettes. Cette fois, ce sont 210 nouveaux portraits qui y sont ajoutés lors d’une soirée de commémoration aux victimes de l’Holocauste qui sont passées par Malines.

L’équipe de recherche de la Kazerne Dossin travaille sans relâche pour retrouver une photo du plus grand nombre de personnes possible. Elle travaille avec des institutions partenaires, les familles et des proches ainsi qu’avec des chercheurs individuels, des archivistes et des bénévoles.

Rebondissement inattendu

Parmi les histoires tragiques que racontent ces photos, certaines finissent pourtant bien. Exemple : celle de Aron Luksenberg. Contrairement à ce qu’avaient communiqué les autorités, le garçon n’est pas décédé à Auschwitz à la fin du mois d’avril 1943.

Arrêté par les Allemands et transféré à Malines, le jeune homme fait partie d’un convoi vers Auschwitz. Mais il parvient à sauter du train et trouve refuge à l’abbaye de Bierbeek. Transféré clandestinement à Wavre, il passe le reste de la guerre dans une cache. Adopté après la guerre, il est le seul survivant de sa famille.

Cette découverte, c’est celle de Jo Peeters, conservateur de la Maison de la Résistance franco-belge. C’est lui qui, au travers d’un travail d’enquête, a découvert la véritable histoire du jeune Aron Luksenberg.

Contre tous les messages de haine

Le mémorial, sa bibliothèque et son centre de recherche abritent près d’1,5 million de récits, de témoignages et de documents sur la Shoah concernant la Belgique et le nord de la France. Il mène aussi plusieurs projets de recherche comme un atelier virtuel sur le discours de haine, les fausses images et la propagande antisémites pendant et avant l’Holocauste.

D’autres exemples récents ont également été évoqués, comme le génocide des Tutsis au Rwanda (1995). Un lieu de mémoire mais aussi un outil pour poursuivre la lutte incessante contre les atteintes aux Droits de l’Homme et tous les discours de haine.

Source rtbf