Grosse actu pour Zemmour en ce 12 mai : la cour de cassation confirme sa relaxe et il se lance dans les législatives, avec une candidature dans le Var.
Zemmour relaxé après ses déclarations sur Pétain
Durant sa carrière de chroniqueur sur la chaîne d’information CNews, Eric Zemmour a tenu bon nombre de propos jugés problématiques. Lors d’un débat avec Bernard-Henri Lévy en 2019, le polémiste a notamment déclaré que le Maréchal Pétain avait « sauvé » des juifs durant la Seconde guerre mondiale.
Concernant ces propos, Eric Zemmour avait été attaqué en justice pour « contestation de crime contre l’humanité ». Il avait cependant été relaxé en première instance avant que le parquet choisisse de faire appel.
Ce jeudi 12 mai, la justice a confirmé le premier jugement, en le relaxant à nouveau. Ces propos étaient pourtant réellement condamnables. Il est formellement interdit par la loi française de contester « un ou plusieurs crimes contre l’humanité » puisqu’il s’agit d’un délit de négationnisme. La loi peut choisir de punir « d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende » toute personne ayant contesté un ou plusieurs crimes contre l’humanité.
La relaxe d’Eric Zemmour s’est basée sur plusieurs ambivalences juridiques. Tout d’abord, il est important de rappeler que le maréchal Petain n’a pas été jugé pour crime contre l’humanité lors de son procès en 1945. Comme l’explique Me Patrick Klugman l’avocat de SOS Racisme constitué partie civile, cela « rend difficile l’application de la prévention de contestation de crime contre l’humanité ».
Par ailleurs, la défense d’Eric Zemmour était notamment basée sur l’argument suivant : les débats sur le rôle du maréchal Petain envers les citoyens juifs français devaient être tranchés par les historiens et non par la justice. Cependant, la justice a reconnu que les propos d’Eric Zemmour niaient « la participation [de Pétain] à la politique d’extermination des juifs menée par le régime nazi ».
L’avocat d’Eric Zemmour s’est réjoui, déclarant que : « C’est une immense satisfaction, c’est un message aussi à tous ceux qui veulent lancer des attaques infamantes utilisant les drames de la Seconde Guerre mondiale pour des affaires politiques. C’est la liberté d’expression qui a gagné ».
Quand la Cour lit l’histoire à revers!! Je n’aurais jamais pensé être autant heurté par la motivation d’une décision de justice que par le propos poursuivi, surtout en matière de négationnisme. La Cour de cassation dira le droit et espérons les faits. #Zemmour #Petain pic.twitter.com/BHGeWy63Ud
— Patrick Klugman (@PKlugman) May 12, 2022
Pourquoi Eric Zemmour se lance comme candidat dans le Var
« Bonaparte montre l’exemple », sourit un haut gradé de Reconquête. Finalement, Éric Zemmour repart au combat électoral. Il a annoncé ce jeudi qu’il serait candidat, comme la rumeur le laissait entendre depuis quelques jours, dans la 4e circonscription du Var. Un parachutage qui ne doit pas tout au charme de Saint-Tropez mais aussi aux bons résultats d’Éric Zemmour dans ce territoire : avec 14,6 % des voix à la présidentielle, il se hisse ici à la troisième position devant Jean-Luc Mélenchon (12,4 %) mais loin derrière Emmanuel Macron (24,1 %) mais surtout Marine Le Pen, largement en pole position avec 32,1 % des suffrages.
Le président de Reconquête est donc loin d’être sûr de l’emporter alors qu’avec 10,6 % des inscrits à la présidentielle, il n’obtient même pas le seuil nécessaire pour se qualifier au second tour des législatives (12,5 %). Mais peu importe. En affrontant la députée sortante LREM Sereine Mauborgne et le candidat du RN Philippe Lottiaux, un ancien directeur général des services du couple Balkany à Levallois-Perret, le leader de Reconquête fait taire la musique selon laquelle lui et ses généraux auraient bloqué devant l’obstacle.
La veille, lors d’une conférence de presse, le président intérimaire du RN, Jordan Bardella (qui avait été un temps lui-même donné candidat dans cette même 4e circonscription varoise) avait ironisé : « C’est très cocasse pour un parti qui s’appelle Reconquête de voir qu’aucun cadre ne part au combat. Cette hésitation vient du fait qu’il sait qu’Éric Zemmour partirait au carton et que se présenter aux législatives reviendrait à assumer un nouvel échec ! »
« Le risque de perdre est dérisoire à côté du courage et de l’exemplarité », se félicite le vice-président délégué de Reconquête Guillaume Peltier qui lui-même reconnaît qu’il est « très probable » qu’il ne se représente pas dans sa 2e circonscription du Loir-et-Cher. Et de citer François Mitterrand en 1946 ou Jean-Luc Mélenchon, battu à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) en 2012, à qui les échecs aux législatives n’ont pas empêché un destin national. « Marine Le Pen a perdu deux fois à Hénin-Beaumont, ça ne l’a pas tuée », abonde Sébastien Pilard, membre de la direction de Reconquête.
Ce qui ne signifie pas qu’Éric Zemmour n’a pas hésité. « Il consulte pas mal pour savoir s’il doit y aller. Il prend le risque de perdre », confiait en début de semaine un cadre de Reconquête qui lui a conseillé de ne pas aller au combat : « Il n’a pas besoin de ça comme chef de parti… » « Sa décision n’est pas totalement prise. On attend de voir ce qu’attend la base. Qu’est-ce qui donne le plus de dynamisme à une campagne ? », glissait également lundi dernier un membre du premier cercle de l’ancien candidat à la présidentielle.
Pourtant, le 2 mai dernier, sur BFMTV, il laissait déjà transparaître une envie de ne pas se planquer : « Je vous avoue, je suis très tenté, j’hésite encore pour une raison simple. Est-ce que je pourrais, en me présentant, aider tous mes camarades sur le pont ? Je n’ai pas encore réglé cette question ». Il précisait : « Mon bonapartisme me pousse à me présenter. »
Pourquoi le Parisien de toujours Éric Zemmour n’a-t-il pas plutôt privilégié une candidature parisienne alors que deux circonscriptions de l’Ouest parisien lui ont offert deux de ses meilleurs résultats à la présidentielle ? « Il s’est posé la question. Mais il considère que le Var est le symbole historique de l’union des droites », répond Guillaume Peltier qui ajoute que « la Paca est en première ligne de tout ce qu’il dénonce : le grand remplacement, l’insécurité… », sans oublier qu’Éric Zemmour, de par ses origines algériennes, « est profondément méditerranéen ». Il était aussi important de montrer que Reconquête, qui a obtenu de maigres résultats dans les territoires ruraux, n’est pas trop parisien.
En se présentant, Éric Zemmour entend enfin démontrer que, pour lui, « la présidentielle n’est pas une parenthèse, que c’est l’acte fondateur d’un nouveau parti », conclut Guillaume Peltier. Et faire taire les mauvaises langues. Ce qui n’empêchera pas Éric Zemmour d’écrire un livre sur sa campagne. Aux dernières nouvelles, il avait écrit déjà une trentaine de pages. Et pourra donc y ajouter un nouveau chapitre azuréen.
Avec lindependant et leparisien