Les anti-passe sanitaire utilisent encore la Shoah pour leur pub

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Des diplômes faisant référence à l’Occupation ont été collés ce week-end par des anti-passe sanitaire sur certains restaurants parisiens. Le Crif condamne cet acte qu’il juge révoltant et antisémite.

« T’as reçu toi aussi ton certificat ? » Ce samedi matin, plusieurs gérants d’établissements de bouche de la rue du Pas-de-la-Mule, dans le IIIe arrondissement de Paris, ont découvert leurs devantures affublées d’un «diplôme» dont ils se seraient bien passés. Un « certificat de collaboration » collé sur leurs vitrines. Leur « faute »? Respecter l’obligation du passe sanitaire, et le faire savoir en vitrine.

«Le collage a dû être effectué pendant la nuit car on travaillait la veille et on n’a vu personne faire quelque chose sur notre vitrine » explique une responsable de l’auberge chez Rosito. Rapidement la nouvelle court dans toute la rue visée par ce raid « anti-passe sanitaire ». L’indignation est unanime face à ces cyniques remerciements pour « avoir collaboré avec l’État français et avoir appliqué l’apartheid sanitaire avec obéissance et docilité ». Les messages sont rapidement enlevés des vitrines non sans un sentiment de dégoût. « Quand on vous traite de collabo, on ne peut pas dire que ça fait plaisir, les termes sont insultants, c’est honteux ! » confie-t-on encore du côté de Chez Rosito. Beaucoup d’autres restaurants visés étaient fermés ce lundi. La mairie de Paris centre communiquait ce lundi soir qu’elle réalisait « un état des lieux complet des lieux ayant subi cet affichage sauvage.

Ce week-end, le vice-président du Crif Gil Taieb a condamné cette méthode à travers un tweet : « La banalisation de l’Histoire : Les anti-vax se laissent aller à leur sport favori l’utilisation des symboles et des mots. Ils insultent la mémoire de ceux qui ont souffert de la Collaboration.» Du côté du Crif, directement, on réagit aussi à cette nouvelle référence douteuse à l’Occupation.

« Ce n’est pas fortuit, il y a une volonté de banalisation du nazisme »

« Malheureusement ce n’est pas nouveau. La pandémie a été l’occasion pour certains de laisser libre cours à différentes expressions d’antisémitisme. Le comble de l’outrage, c’est le détournement des symboles du martyr des juifs comme l’étoile jaune » estime Francis Kalifat, président du Crif. rappelant les précédents : « Ils ont parlé de passe nazitaire ou utilisé l’expression le passe sanitaire rend libre, on a vu également le président Macron grimé en Hitler ». Pour lui, « cette référence au nazisme pour traiter d’un sujet qui n’a aucun rapport est une forme d’antisémitisme ». « Ce n’est pas fortuit, il y a une volonté de banalisation de l’histoire, du nazisme et une banalisation de la souffrance et du martyr juif », selon lui.

Pour mémoire, Le Crif avait déjà condamné en juillet dernier l’usage des étoiles jaunes par les mêmes anti-vax. « Si en démocratie, tous les débats peuvent se tenir et si tous les mécontentements ou oppositions au vaccin peuvent s’exprimer, rien ne peut justifier la banalisation d’un Crime contre l’humanité », rappelait l’institution dans un communiqué.

D’un point de vue sémiotique, le franchissement régulier du « point Godwin » par certains opposants au vaccin contre le Covid-19 interroge. « Mike Godwin, l’avocat américain qui a donné son nom à cette « loi » selon laquelle plus un débat s’éternise, plus la question de l’holocauste va être présente, était lui-même surpris d’en voir le succès dans les pays francophones ! » nous confie la sémiologue Élodie Mielczareck.