Le patron d’un site spécialisé dans la vente de produits militaires est accusé d’avoir mis en vente des produits nazis sans en flouter les symboles. Il reconnaît une erreur. Mais pour le Conseil représentatif des institutions juives de France, cela dépasse la simple maladresse et veut faire interdire la vente de ces objets.
À la barre du tribunal de police de Rouen, Mathieu Hanot se défend bec et ongles. Casier judiciaire vierge, des revenus assurément confortables et « la volonté de toujours respecter la loi », il comparaît ce mardi 8 juin 2021 pour une polémique autour de la mise en vente d’objets liés au IIIe Reich.
Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) l’accuse de « port ou exhibition en public d’uniforme, d’insigne ou d’emblème rappelant ceux d’une organisation criminelle par le tribunal militaire international de Nuremberg ». En cause, une polémique naît après la diffusion d’un reportage télévisé durant laquelle des produits nazis mis en vente sur son site spécialisé Royal Dragons (regroupant armes et uniformes de différents conflits armés) apparaissaient non floutés.
Dix-neuf photos non floutées
« Dès que nous avons constaté cela, nous avons refait l’intégralité de notre base photo pour vérifier et, oui, il y avait bien dix-neuf clichés de quinze produits qui ont été oubliés », concède le commerçant en ligne. Or, si la vente de produits évoquant le régime d’Hitler est possible, il est obligatoire d’en flouter les symboles comme les croix gammées. « Nous avons 5 000 articles en vente sur le site dont 500 concernent le IIIe Reich et il y a bien eu un souci sur dix-neuf clichés », reconnaît-il encore.
Sauf que, pour le Crif, représenté par l’avocat David-Olivier Kaminski, ce n’est pas qu’un simple procès pour négligence qui se joue là mais celui d’un symbole. « C’est un dossier dont la portée dépasse le quotidien de cette juridiction, affirme-t-il. Mais il a une valeur pédagogique. On ne peut pas dire que ces objets soient des éléments de valeurs historiques ! Le Memorial de la Shoah n’a pas attendu Monsieur pour enseigner cette histoire abjecte qui a été vue et jugée ! »
Vers une interdiction ?
Plus que la négligence de floutage, pour laquelle le Rouennais encourt une amende de 1 500 € et la confiscation des lots incriminés, c’est la vente de ce type d’objets que fustige le Crif, estimant qu’il s’agit d’une apologie de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité : « C’est un commerce sur des produits mortifères qui représentent les pires heures de l’Histoire. Cela choque les consciences. Et certains députés se saisissent de ce problème », prévient le juriste, conscient de « la zone grise » qui existe autour de ces accessoires militaires. L’objectif étant de faire interdire purement et simplement ces ventes.