Le Labour est vraiment antisémite et réintègre Corbyn

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L’instance dirigeante du Labour a décidé, mardi, de réintégrer Jeremy Corbyn. Ce dernier avait mis en doute certaines conclusions d’un rapport sur l’antisémitisme dans les rangs du Parti travailliste, ce qui lui avait valu une suspension de la formation.

L’ancien chef du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a annoncé, mardi 17 novembre, avoir été réintégré au sein de la formation d’opposition, dont il avait été suspendu à la suite d’un rapport explosif sur l’antisémitisme dans ses rangs.

« Je suis ravi d’avoir été réintégré au sein du Parti travailliste », a indiqué Jeremy Corbyn sur Twitter, appelant la formation à « se rassembler désormais pour s’opposer et vaincre le gouvernement conservateur profondément nuisible ».

Secoué depuis des années par des incidents à répétition et une foule de démissions, le Labour a fait l’objet d’une enquête menée par un organisme indépendant, qui avait conclu fin octobre à des défaillances « inexcusables » résultant d’un « manque de volonté de s’attaquer à l’antisémitisme ».

Décision renversée

Le très à gauche Jeremy Corbyn, 71 ans, avait été suspendu pour avoir mis en doute certaines de ces conclusions, reprochant notamment aux critiques internes et aux médias d’exagérer l’antisémitisme existant sous sa direction (de 2015 à 2020). Cette décision a été renversée par le comité des différends du Comité national exécutif (NEC) du Labour, l’instance dirigeante du parti.

Critiquée par des élus travaillistes juifs, cette réintégration a aussi été mal accueillie par le nouveau patron du parti, Keir Starmer. « Je sais que cela a été une nouvelle journée douloureuse pour la communauté juive et ces membres du Labour qui ont lutté si fort contre l’antisémitisme », a-t-il réagi sur Twitter. La réponse qu’avait apportée Jeremy Corbyn au rapport, qualifiée précédemment par Keir Starmer de « jour de honte » pour le Labour, était « mauvaise », a-t-il ajouté.

Keir Starmer a réitéré son engagement à faire du parti « un endroit sûr pour les juifs » et souhaité la mise en place d’une « procédure de traitement des plaintes indépendante dès que possible » l’an prochain.


Avant la réunion du NEC, Jeremy Corbyn avait publié un communiqué pour clarifier ses propos, assurant que « les inquiétudes au sujet de l’antisémitisme ne sont pas ‘exagérées’« . « Ce que je voulais dire, c’est que la grande majorité des membres du Labour étaient et restent des antiracistes engagés, profondément opposés à l’antisémitisme », a-t-il ajouté, disant regretter « le mal qu’a causé ce problème à la communauté juive ».

« La communauté juive continue d’être ignorée »

Le groupe des « travaillistes contre l’antisémitisme » a déploré, dans un communiqué, que « la communauté juive continue d’être ignorée ». « La procédure disciplinaire du Parti travailliste semble une nouvelle fois sujette à des interférences politiques, de toute évidence sans responsabilité ou transparence », a dénoncé sa porte-parole, Fiona Sharpe.

Après avoir suspendu son prédécesseur, Keir Starmer avait réfuté vouloir « purger » la formation d’opposition et la menacer d’une « guerre civile », alors que Jeremy Corbyn, resté député, dispose d’une forte popularité dans la base militante. Keir Starmer avait pris la tête du Parti en avril en s’engageant à l’unifier et à s’attaquer à l’antisémitisme.

L’enquête menée par le Comité pour l’égalité et les droits humains (EHRC) a reproché à l’équipe de Corbyn d’avoir minimisé ou ignoré les plaintes de travaillistes juifs après un déluge de propos antisémites en ligne ou dans des réunions du parti, voire d’avoir parfois interféré activement en faveur d’alliés stratégiques.

Le Labour a laissé passé une occasion de montrer sa volonté de se débarrasser de l’antisémitisme qui gangrène le parti : antisémite un jour, antisémite toujours, ce parti est bien pourri.

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