Survivre dans le no man’s land, par Riss

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Depuis l’exécution de Samuel Paty par un islamiste, la France semble traversée par un vent de contestation inédit à l’encontre de la complaisance dont l’islam radical a trop souvent bénéficié dans certains partis politiques, médias ou institutions de la République.

L’hommage national rendu à la Sorbonne était d’une solennité prévisible, et dans le public, on devinait le frémissement de la tristesse, de l’indignation, mais aussi celui de la révolte. Quel autre mot employer quand à quelques mètres de vous passe lentement un cercueil où repose le corps d’un homme coupé en deux pour avoir expliqué à ses élèves la liberté d’expression, et que parmi les personnalités officielles on reconnaît des responsables politiques qui n’avaient pas hésité à montrer du doigt Charlie quelques années auparavant pour avoir publié les caricatures de Mahomet.

L’Histoire se répète et, une fois encore, ce sont les anonymes, les sans-grade comme Samuel Paty qui montent à l’assaut pour défendre les valeurs sacrées du pays, pendant qu’à l’arrière leurs chefs les observent à la jumelle se faire décapiter par la mitraille. La démocratie ne survit que grâce à l’abnégation de ses citoyens. Seul dans son collège, Samuel Paty a défendu des idéaux auxquels certains de ses chefs ne croyaient peut-être déjà plus.

C’est seulement l’horreur des événements qui a contraint la classe politique à sortir de la torpeur dans laquelle elle s’était réfugiée depuis des années, pour éviter de prendre à bras-le-corps la question de l’islamisme. Et aussitôt ressurgissent les mêmes écueils. La droite xénophobe s’engouffre dans la brèche pour remettre l’immigration sur le devant de la scène. En face, une partie de la gauche ressort l’épouvantail de l’islamophobie pour interdire toute critique de quoi que ce soit qui mettrait en cause quelques Français d’origine immigrée.

Entre ces deux tranchées qui se font face, il reste un no man’s land où la laïcité tente de se faire entendre. D’un côté, elle est à nouveau instrumentalisée par les xénophobes de droite et d’extrême droite qui la brandissent pour rejeter toute forme d’immigration ; de l’autre, les démagogues de gauche la dévoient pour rappeler à un électorat potentiel leur droit de pratiquer sans limites une religion.

Cette ambiance de règlement de comptes n’est pas rassurante

Cette ambiance de règlement de comptes de sortie de boîte de nuit n’est pas rassurante. Sûrs de leur bon droit, on peut craindre que des citoyens exaltés recourent à la violence contre des lieux de culte et leurs fidèles, ou contre des adversaires politiques. Des justiciers autoproclamés qui se rêveront héritiers de Charles Martel ou d’Action directe. Ce ne sont que des suppositions, absurdes espérons-le, mais le simple fait qu’on les imagine est déjà de trop.

C’est là que devrait intervenir, sans délai, le politique. Il faut des actions fortes pour réprimer l’islamisme, mais aussi pour condamner le moindre geste, la moindre parole intolérante ou haineuse à l’égard des Français issus de l’immigration. Car la France n’est pas divisée entre les musulmans et les non-musulmans, entre les croyants et les non-croyants, entre les Français de souche et les Français d’origine immigrée. Non, la France est divisée entre démocrates et antidémocrates. Qu’importent leurs origines, leurs convictions politiques ou spirituelles. Pour y voir clair dans cette société brouillée par les populismes de droite et de gauche, il faut poser les choses simplement : respectez-vous la loi et les principes démocratiques, oui ou non ? Durant tout le XXe siècle, la démocratie a été coincée entre deux formes de totalitarisme, le fascisme et le stalinisme. La même tragédie semble se remettre en place aujourd’hui avec d’un côté les extrêmes droites xénophobes et de l’autre les extrémistes religieux islamistes. C’est dans ce champ de mines qu’il nous faut avancer pas à pas sans jamais s’écarter du chemin. Finalement, contrairement à ce que prophétisait Malraux, le XXIe siècle ne sera pas plus spirituel que le XXe siècle. Il sera, on peut le craindre, extrémiste ou ne sera pas.

Source charliehebdo

1 Comment

  1. Bonjour,
    Un texte cohérent,ce qui me chagrine un peu c’est que c’est toujours la même croyance qui fout le bazar et nos politiques de tout bords sont encore à coté du sujet, à savoir on est laïc ou pas, on respecte la République ou pas, ils sont tous incapables de faire respecter le pays France. C’est scandaleux de faire rentrer dans ce pays des gens qui seraient mieux chez eux, ils pourraient faire évoluer leur pays, les pays dont sont issus une grande partie d’entre-eux ont leur indépendance depuis cinquante ans, voir plus et ils sont toujours au moyen-âge, l’argent envoyer par l’Europe sert à enrichir leurs chers d’état et pas les peuples, il faut arrêter et remettre tout ce monde à sa place dans son pays !

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