« Une deux trois », le nouveau polar du génial Dror Mishani

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Il faut lire Dror Mishani. Non par obligation ou par effet de mode, mais pour sa puissance d’incarnation, sa finesse psychologique qu’illustre une nouvelle fois, comme ses précédents livres, son quatrième roman, Une deux trois.

Auteur à succès en Israël et en Allemagne, Mishani délaisse ici son personnage, le policier Avraham Avraham (dommage, je l’adore ce policier complètement barré!!), pour suivre le quotidien de trois femmes de Tel-Aviv, Orna, Emilia et Ella, victimes de Guil, un avocat marié inscrit sur un site de rencontres. Qu’elle soit enseignante au lycée ou auxiliaire de vie émigrée de Lettonie, chacune dispose de sa propre voix, nourrit des rêves d’avenir et se débat dans des difficultés sentimentales ou professionnelles.

Peu à peu, à côtoyer ce Guil, le doute s’insinue en elles. Ainsi, après l’avoir fréquenté quelque temps, Orna « s’inquiétait de certaines tendances compulsives qu’elle avait remarquées chez lui, comme par exemple sa douche interminable dès le rapport sexuel terminé, le téléphone qu’il emportait systématiquement avec lui dans la salle de bains, la manière dont il posait toujours son portefeuille dessus, que ce soit au restaurant, au café ou sur la table de chevet à l’hôtel. Et, bien qu’elle fût incapable de s’expliquer pourquoi, elle ne voulait surtout pas retourner dans son appartement ».

Bien sûr, la structure en triptyque du roman réserve bien des surprises : la fin inattendue de la première partie, l’inévitable dénouement de la deuxième et l’incroyable retournement au terme de la dernière. Mais ce qui fait la vraie originalité de Dror Mishani dans le paysage du polar, c’est son parti pris radical d’en expurger le sensationnalisme au profit du réalisme le plus prosaïque et de la vérité émotionnelle des protagonistes. Chaque roman sert, en effet, à pénétrer dans l’intimité de couples ou de familles. En cela, Dror Mishani est un incontestable héritier spirituel de Georges Simenon. M. S.

« Une deux trois » (Shalosh), de Dror Mishani, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, Gallimard, « Série noire », 332 p., 19 €.

Avec lemonde