Scandale : Un Picasso vendu par une famille fuyant les nazis peut rester au Met

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Une cour d’appel a jugé qu’un tableau de Picasso vendu sous la contrainte par un homme d’affaires juif allemand alors qu’il échappait aux nazis peut rester au Metropolitan Museum of Art de New York.

Le tribunal a rejeté les appels de l’arrière- petite-nièce de Paul Leffmann, affirmant que sa famille avait attendu trop longtemps pour exiger le retour de «L’Acteur» de Picasso. Selon ce jugement incroyable de la Cour d’appel du Manhattan, il serait donc injuste d’obliger le Met à y renoncer.

Leffmann et sa famille ont fui l’Allemagne nazie pour l’Italie en 1937. L’année suivante, Leffmann a vendu «L’Acteur» à deux marchands d’art pour 12 000 dollars afin de pouvoir rejoindre la Suisse.

«L’acteur», est une oeuvre créée au tout début de la «période rose» de Picasso sans doute en 1905, et a été donné au Met en 1952. Le musée a reconnu la propriété antérieure de la famille Leffmann en 2011, un an après que la famille eut entamé une action en justice pour obtenir la restitution du tableau.

Où commence la contrainte, quand tu es devant tes bourreaux ?

Laurel Zuckerman, une arrière-petite-nièce de Paul Leffmann, est l’exécutrice testamentaire de la succession de son épouse, Alice. Laurel Zuckerman réclamait plus de 100 millions de dollars de dommages et intérêts pour la spoliation subie depuis des années.

En février 2018, le tribunal de première instance de Manhattan avait osé déclarer que la famille Leffmann n’avait pas démontré de manière suffisante que le regretté homme d’affaires avait vendu le chef-d’œuvre sous la contrainte, condition pour le retour de l’œuvre à la famille. La juge avait déclaré que la transaction de 1938 avait été « menée entre des individus privés, et non sur ordre des gouvernements fasciste ou nazi ».

C’est bien sûr : Mr Leffman avait vendu son tableau, comme ça sans pression, pas de menace de mort au-dessus de sa tête et de celles de sa famille, pas de besoin de cash pressant, urgentissime, juste une banale transaction entre individus privés. Cela s’appelle du déni, et dans le cas présent, cela frise le négationnisme. Honte aux tribunaux qui ont émis puis confirmé ce jugement!

Line Tubiana