Mort d’Iris Apfel à l’âge de 102 ans : bye-bye belle canaille

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Admirée pour sa liberté vestimentaire, reconnaissable à ses grandes lunettes rondes et à ses cheveux courts et gris, la figure de la mode américaine, devenue célèbre une fois le grand âge arrivé, est morte vendredi 1er mars.

Je vous parle d’un temps que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître. Iris Apfel, icône du style, figure flamboyante de la mode américaine, est morte vendredi 1er mars à 102 ans. Née le 29 août 1921 dans une famille juive du Queens, si loin si proche de Manhattan, Iris Barrel a débuté en tant que rédactrice au Women’s Wear Daily, bible de l’industrie de la mode. La jeune Iris a déjà un goût pour le vêtement, et assure avoir été la première à oser porter des jeans, ce qui ne lui valut pas que les bonnes grâces de ses contemporains. Issue de la classe moyenne, fille de commerçants, elle rencontre son futur mari pendant des vacances au lac George, dans l’Etat de New York, séjour qu’elle a pu se payer avec ses premières paies. Elle se lance dans la production textile de luxe peu de temps après être tombée sous le charme de Carl Apfel, épousé en 1948, dont elle restera inséparable jusqu’à la disparition de celui-ci, à 100 ans, en 2015. Son travail de décoratrice d’intérieure lui permet de se faire un nom et de mettre sa touche sur l’élaboration des salons de la Maison Blanche. A la tête de Old World Weavers, elle et son mari ne côtoient pas moins de neuf présidents américains, de Harry Truman à John Kennedy, de Richard Nixon à Bill Clinton. Carl et Iris sillonnent le monde soixante-dix ans durant pour dégoter les meilleurs tissus et autres bibelots rares. Riches et ultramondains, les Apfel disposent d’un appartement sur Park Avenue où le tout New York est un jour passé.

«Je n’aime pas être cataloguée»

D’année en année, Iris Apfel s’affiche toujours plus flamboyante, mêlaMort d’Iris Apfel à l’âge de 102 ans : bye-bye belle canaillent bijoux de pacotille et pièces de grands joailliers, et fait de même avec sa garde-robe. Sur leur souhait de ne pas avoir d’enfant, elle avait déclaré dans le Guardian : «Je ne crois pas qu’un enfant doive avoir une nounou, ce n’est donc pas ce que nous voulions faire, mais avoir des enfants, c’est comme un protocole. C’est ce qu’on attend de vous. Et je n’aime pas être cataloguée.»

Repérée aux côtés de son mari, elle est devenue célèbre une fois passée dans la catégorie senior, refusant de se plier à la sobriété des formes implicitement imposée aux personnes d’«un certain âge». Elle change de statut en 2005, lorsqu’elle a les honneurs du Costume Institute du Metropolitan Museum of Art à l’invitation du conservateur Harold Koda, qui expose une partie de sa mirifique collection renommée pour l’occasion «Oiseau rare» («Rara Avis : Selections from the Iris Apfel Collection»). Erigée éternelle reine du look, elle a dès lors été très demandée par les marques en mal de figure sincère. Elle avait ainsi prêté son image à MAC Cosmetics, à la marque Kate Spade où elle partageait l’affiche avec le top Karlie Kloss, et avait récemment collaboré avec H & M.

«Essayez de nouvelles choses»

Connue pour n’avoir jamais perdu son accent du Queens, et sa façon parfois abrupte de donner son avis, son humour tout aussi cinglant, elle se décrivait comme une «starlette gériatrique». Iris Apfel ne s’imposait qu’une règle : la couleur, la couleur, la couleur. Ajoutez à cela une profusion de bracelets, les cheveux courts et blancs, des superpositions de motifs et de bijoux vintage, le mélange des genres, et autant de souvenirs de voyages aux quatre coins du monde. «Si vous êtes heureux, que vous avez trouvé l’amour, que vous êtes entouré de bonnes personnes, que vous faites ce que vous aimez et que vous rendez service aux autres, c’est la réussite. Vendre son âme pour 1 dollar ne vaut pas le prix réel que l’on paie», avait-elle expliqué à l’expert en style et auteur Derek Guy. Autre conseil à toutes les générations : «Essayez de nouvelles choses. Ne vous laissez pas impressionner par l’âge et les nombres.» Opérée de deux opérations de la hanche, dont l’une à la suite d’une chute après qu’un de ses talons s’est pris dans l’ourlet de sa robe Oscar de la Renta − on ne se refait pas −, Iris Apfel tenait à toujours se présenter parfaitement habillée-coiffée-maquillée. Une semaine avant sa mort, elle posait encore sur Instagram, tirée à quatre épingles dans sa chaise roulante. Icône un jour, icône toujours.

par Marie Ottavi