Le Festival du film de Berlin 2024 est accusé d’avoir été une tribune à l’antisémitisme

Abonnez-vous à la newsletter

Samedi, lors de la remise des prix de l’édition 2024 de la Berlinale, deux réalisateurs ont accusé l’Etat hébreu de génocide. Des déclarations qui ont été applaudies dans l’assistance et qui suscitent depuis la controverse

L’antisémitisme n’a pas de place à Berlin, et cela vaut aussi pour les artistes », s’est irrité ce dimanche Kai Wegner, le maire de la capitale allemande, via son compte X. Dans son viseur : le célèbre Festival de cinéma dont l’édition 2024 s’est achevée la veille et qui est accusé d’avoir servi de plateforme pour des déclarations antisémites lors de la remise des trophées. « Ce qui s’est déroulé hier [samedi] à la Berlinale a constitué une relativisation insupportable », a ajouté Kai Wegner, en demandant des comptes à la direction du festival.

Pas de mention du 7 octobre

La controverse a été alimentée notamment par des prises de position de cinéastes accusant Israël de génocide en raison des bombardements qui ont fait près de 30.000 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans le même temps, ces metteurs en scène n’ont pas mentionné que l’offensive israélienne a été déclenchée par une attaque terroriste sans précédent menée en Israël le 7 octobre dernier par le Hamas, qui a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, en majorité des civils.

Des applaudissements « choquants »

Le réalisateur américain Ben Russel est ainsi monté à la tribune, vêtu d’un foulard palestinien, où il a accusé Israël de génocide.

Le réalisateur de documentaires palestinien Basel Adra, qui s’est vu décerner un prix pour un film sur les expulsions de Palestiniens en Cisjordanie occupée, a aussi accusé Israël de « massacrer » la population palestinienne et a critiqué les ventes d’armes allemandes à Israël. Ces prises de position ont été applaudies par l’assistance dans la salle.

Un responsable du parti social-démocrate du chancelier allemand Olaf Scholz, Helge Lindh, a qualifié de « choquants » les applaudissements du public samedi. « J’ai honte de voir que dans mon pays des gens aujourd’hui applaudissent des accusations de génocide contre Israël », a-t-elle déclaré au quotidien Die Welt.

« Un renversement perfide »

Un responsable des Verts, qui sont membres du gouvernement de coalition allemand, Konstantin von Notz, a lui aussi dénoncé « une honte » et « un renversement perfide » pour les Juifs « du statut de victimes en bourreaux ».

Selon Die Welt, un compte Instagram du festival de cinéma, « Berlinale.panorama » a diffusé des photos et images controversées portant le slogan « Free Palestine from the River to the Sea » ( « Libérez la Palestine du fleuve Jourdain jusqu’à la Mer Méditerranée ») ou « Stop au génocide à Gaza ». Les clichés ont été retirés peu après leur publication du compte officiel.

Le Festival pour « l’expression libres d’opinions »

La direction de la Berlinale n’avait pas officiellement réagi aux différentes polémiques dimanche soir mais elle a indiqué à Die Welt que les déclarations des cinéastes lors de la cérémonie du palmarès étaient « des prises de position individuelles et indépendantes » du festival.

La Berlinale est « explicitement contre la discrimination et toutes formes de haine » mais dans le même temps juge important que « l’expression libre d’opinions » puisse exister « dans les limites de la loi », a-t-elle ajouté.