Strasbourg : Trois jeunes juifs agressés sur le campus universitaire

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Deux jeunes femmes et un jeune homme, membres de l’Union des étudiants juifs de France, ont été agressés tard dimanche 28 janvier sur le campus universitaire de Strasbourg. Plusieurs plaintes ont été déposées.

Dans un climat tendu, sur fond de guerre Israël-Hamas, des sœurs jumelles, âgées de 23 ans, et un ami, âgé de 25 ans, se sont rendus dimanche soir sur le campus de l’Esplanade à Strasbourg pour recouvrir des tags antisémites récemment tracés sur les murs de bâtiments universitaires. Vers 23h30, allée René-Capitant, les trois militants ont sorti leur peinture et des affiches demandant la libération des personnes détenues en otages à Gaza.

Vêtus de sombre avec des masques chirurgicaux

«Ceux-ci ont alors été menacés verbalement par une militante antisioniste [… ]. Devant leur refus de céder à ses menaces en arrêtant leur collage, celle-ci est revenue avec un groupe de cinq personnes. Ces derniers se sont mis à frapper les trois étudiants et les mettre au sol aux cris de “fascistes sionistes”», décrit l’UEJF dans un communiqué.

Les six agresseurs – identifiés comme deux femmes et quatre hommes, pour certains vêtus de sombre avec des masques chirurgicaux – ont également arraché les cabas et les affiches des trois membres de l’association juive pour les jeter sur un chantier.

Aucune interpellation n’a pu avoir lieu

Le jeune militant de l’UEJF, étudiant en droit à Strasbourg, a pu se détacher du groupe pour se réfugier dans un commerce encore ouvert d’où il a appelé la police. Quand les forces de l’ordre sont arrivées sur place, les assaillants s’étaient déjà éparpillés. Aucune interpellation n’a pu avoir lieu.

Les trois militants, ainsi que l’Université de Strasbourg ont déposé plainte. L’enquête, confiée à la Sûreté départementale, se poursuit pour tenter d’identifier les auteurs de ces brutalités. Les images des caméras de vidéosurveillance, installées aux entrées du campus, devront notamment être exploitées.

« Chaque matin de nouveaux tags sur les murs de l’université »

«Les conséquences» des violences sur les trois jeunes gens «ont été constatées par la médecine de ville et la médecine légale », précise le président de l’Université de Strasbourg, Michel Deneken. Souhaitant «que l’enquête avance au plus vite», il «condamne avec la plus grande fermeté cette agression antisémite».

«Depuis quelques jours, on constate chaque matin de nouveaux tags sur les murs de l’université, déplore-t-il. Si l’université est par nature le lieu de liberté d’expression, campus ouvert sur la ville et les échanges d’idées, cela implique que cette liberté s’exerce dans le respect des opinions et ne saurait en aucun cas conduire à des intimidations, agressions verbales ou physiques, ou à des dégradations.»

« Un dispositif lourd » pour lutter contre les actes antisémites

Depuis le début du conflit Israël-Hamas , en octobre, la police strasbourgeoise porte une attention particulière aux actes antisémites. Lors du dernier bilan de la sécurité dans le Bas-Rhin, mercredi 24 janvier 2024, la préfète, Josiane Chevalier, avait évoqué « le triplement » du nombre de militaires de la force Sentinelle dédiés à cette mission. En outre, « une demi-force de CRS est en permanence présente devant la synagogue », avait précisé le directeur départemental de la sécurité publique, Laurent Tarasco, saluant « un dispositif lourd » mais qui « marche bien ».

Geneviève Lecointre