La gauche au secours de l’obscurantisme par Guy Konopnicki

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Il y a des gens qui ne déçoivent jamais ! Après avoir accueilli à bras ouvert le rappeur Médine, en jurant qu’il n’était pas antisémite, les Insoumis partent en guerre contre Gabriel Attal, qui a osé rappeler l’interdiction du port de tout vêtement religieux à l’intérieur de l’école laïque.

Naturellement, Mélenchon, Mathilde Panot, Clémentine Autain, et quelques autres se répandent dans les médias et sur les réseaux sociaux pour affirmer que l’abaya n’est pas le signe d’une religion, alors même que toutes les organisations islamistes incitent les jeunes femmes à le porter, pour contourner les lois laïques de 1905 et de 2004 et marquer leur refus de s’intégrer à l’école de la République, qui dispense le même enseignement à toutes et à tous, sans distinction d’origine ou de religion.

La chasse aux voix pousse LFI à liquider les fondamentaux de la gauche, à commencer par l’école laïque qui fut au cœur de ses combats depuis cent cinquante ans, cette école qui a fait de nous des citoyens français, qui a donné le même enseignement et les mêmes diplômes aux femmes et aux hommes. Or, l’école publique est malade du séparatisme, de la pression qu’exercent les courants obscurantistes. Il est des quartiers où les familles juives sont contraintes de mettre leurs enfants dans le privé, il est des collèges, des lycées où la distinction par le vêtement religieux vise à créer un rapport de force, au détriment des autres élèves et de la liberté d’enseigner. Cette liberté que Samuel Paty a payée de sa vie.

Habituée à retourner le sens des mots, notre sainte gauche prétend défendre la liberté de cacher le corps des femmes sous des oripeaux informes. Au nom de la liberté des femmes, certains osent même renvoyer dos à dos l’interdiction de l’abaya et l’obligation du voile imposée dans les pays de loi islamique.

Les femmes d’Iran manifestent, depuis bientôt un an, contre l’obligation de porter le voile islamique, elles affrontent avec un courage extraordinaire, la police de la République islamique, qui n’hésite pas à tirer sur les manifestantes, sur ces femmes dévoilées que la justice jette au fond des prisons, où elles sont frappées, torturées avant d’être condamnées au fouet.

Dans ce contexte, oser prétendre, que l’interdiction de l’abaya, du burkini et du voile est une atteinte à la liberté des femmes de même nature que celle qui frappe les Iraniennes, est particulièrement indigne. Que l’on sache, en France, aucune femme n’a été frappée par la police pour avoir enfreint la laïcité, et sauf dans les services publics et à l’école, il ne semble pas que la répression s’abatte sur les musulmanes voilées.

Il n’y a pas, non plus, en France, de discrimination sexiste dans les transports en commun, semblable à celles que certains tentent d’imposer en Israël, au mépris de l’histoire du sionisme, de ses pionnières et de ses soldates.

Au moins sait-on, en Israël, d’où viennent les coups portés au sionisme progressiste fondateur de l’État, au moins voit-on, chaque semaine à Tel-Aviv, des dizaines de milliers de femmes qui manifestent dans la rue Kaplan pour défendre leur liberté, indissociable de celle de l’État juif.

En France, nous assistons à un retournement de cette partie de la gauche, qui se prétend révolutionnaire en reniant la laïcité et la République, en appelant à la liquidation de l’héritage de Jean Jaurès, de Léon Blum, de Jean Zay, mais aussi du Conseil national de la Résistance, qui porta la refondation de l’école de toutes et de tous par le plan Langevin-Wallon.

Car la laïcité est aussi le premier acquis de la Libération, après l’ignominie des signes distinctifs imposés par les lois de Vichy et par les ordonnances des autorités d’Occupation.

Ces gens qui veulent affubler les femmes de ces sacs à patates n’aiment pas la France, qui fut aussi la patrie de l’élégance et de la féminité, aujourd’hui écrasée par l’uniformisation mondialisée de la mode.

Si notre gauche était comme elle le prétend, écologiste et sociale, elle se battrait pour la relocalisation de l’industrie du vêtement, pour la renaissance de cette diversité qui faisait de Paris la capitale mondiale de l’habillement… Oh… je sais, je viens d’un monde disparu, où le savoir-faire des artisans juifs servait le bon goût français.

Le port de l’abaya n’est pas seulement une provocation religieuse, c’est aussi une atteinte à l’esprit de la France, à la liberté insolente affichée par les Françaises.

Cette gauche perdue est, à tous points de vue, réactionnaire.

Guy Konopnicki