
Des Etats conservateurs cherchent des alternatives aux injections létales, soupçonnées de causer des souffrances inutiles, en ayant recours aux techniques du passé. En février, une communauté juive locale avait porté plainte, en vain, pour empêcher le recours au Zyklon-B.
Frank Atwood doit mourir le 8 juin. Comment ? La Cour suprême de l’Arizona lui a donné quinze jours pour choisir entre l’injection létale ou l’inhalation de gaz mortels. Après le peloton d’exécution ou la chaise électrique, la chambre à gaz est de nouveau envisagée aux États-Unis pour exécuter les condamnés à mort. Confrontés à des difficultés autour des injections létales, des États américains conservateurs, comme l’Arizona, cherchent des alternatives venues du passé.
Breaking: The Arizona Supreme Court has signed a warrant of execution for death row prisoner Frank Atwood. His execution is scheduled for June 8, 2022. Atwood has until May 19 to choose between the gas chamber or lethal injection as the method of his execution. pic.twitter.com/hOmSnThhcB
— Jimmy Jenkins (@JimmyJenkins) May 3, 2022
Les autorités pénitentiaires envisagent ainsi d’utiliser du cyanure d’hydrogène, l’élément principal du Zyklon-B, tristement associé à la Shoah. Or la mère de Frank Atwood, condamné en 1987 pour le meurtre d’une fillette de huit ans, était juive et avait fui l’Autriche en 1939 pour échapper aux nazis, a précisé l’avocat du prisonnier, Me Joe Perkovich.
Agonie et convulsions
Aux États-Unis, seuls sept États autorisent l’usage de gaz létaux pour exécuter les condamnés à mort mais, en pratique, aucun n’y a eu recours depuis 1999. La plupart des exécutions ont lieu par l’injection de produits chimiques. Des doutes sur la légalité de ce protocole, soupçonné de causer des souffrances illégales aux condamnés, et le refus des laboratoires pharmaceutiques de fournir ces produits ont toutefois entraîné un recul marqué de la peine de mort dans le pays.
Arizona is set to execute a 2nd death row inmate. Today the AZ Supreme Court signed a warrant of execution for convicted murderer Frank Atwood. He killed an 8-yro girl in Tucson in 1984 and left her body in the desert. His execution date is June 8th. More tonight @FOX10Phoenix pic.twitter.com/tLIKkAYbYg
— Stephanie Bennett (@StephBennettTV) May 4, 2022
L’Arizona n’a ainsi procédé à aucune exécution depuis 2014, quand un détenu avait agonisé pendant deux heures, pris de convulsions après l’injection de substances létales. Ses autorités ont décidé de renouer avec la pratique cette année.
Avant Frank Atwood, elles ont prévu d’exécuter le 11 mai Clarence Dixon, condamné pour le meurtre d’une étudiante. Lui aussi avait eu deux semaines pour demander la chambre à gaz, afin d’éviter l’injection létale. Son silence a valu acceptation de la seconde option.
Un choix « effroyable » pour la communauté juive locale
En février, la communauté juive locale avait porté plainte, en vain, pour empêcher les autorités de recourir au cyanure d’hydrogène. « C’est effroyable que l’Arizona ait choisi le Zyklon-B, le produit chimique utilisé par les nazis à Auschwitz pour tuer plus d’un million de personnes », avait expliqué Tim Eckstein, qui préside le Conseil des relations de la communauté juive du Grand Phoenix (JCRC).