La misère et le désespoir de la communauté juive ukrainienne du XIXe siècle

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De nouveaux témoignages de l’époque révèlent comment la communauté juive d’Ukraine faisait face à un antisémitisme incessant et souvent violent.

Une archive récemment redécouverte à la Bibliothèque nationale d’Israël semble faire la lumière sur la vie et la lutte de la communauté juive d’Ukraine avant la Seconde Guerre mondiale, via une multitude de documents historiques et de témoignages centenaires.

Au XVIIIe siècle, l’Ukraine n’était rien de moins qu’un épicentre de l’activité juive, ainsi que la patrie du fondateur du judaïsme hassidique, le rabbin Israel ben Eliezer. À la fin du XIXe siècle, plus de Juifs vivaient sur le territoire ukrainien qu’en Pologne et en Lituanie réunies, et parmi eux les personnalités juives les plus influentes de l’histoire : le poète Hayim Nachman Bialik, ainsi que les auteurs renommés Mordechai Ben-Ami et Ze’ev Jabotinsky, pour n’en nommer que quelques-uns.

Malgré la communauté juive florissante d’Ukraine – qui comptait plus de deux millions d’habitants avant la Seconde Guerre mondiale – les dossiers des archives, datés de 1919 à 1923, révèlent que la communauté a dû endurer un antisémitisme violent qui sévissait à l’époque dans ce pays d’Europe de l’Est, parfois sous la approbation directe du gouvernement et de son chef, Symon Petliura.

L’un de ces dossiers témoigne de la lutte des Juifs contre le service militaire obligatoire du pays, destiné à garantir l’indépendance de l’État naissant après la chute de l’Empire russe en 1917.

Dans une lettre de 1919, adressée au « ministre des Affaires juives », un homme du nom d’Aaron Feldblit, représentant d’un conseil juif, raconte comment des « cosaques » (partisans) erraient dans la ville et emmenaient les Juifs dans des établissements de travail forcé, quel que soit leur statut dans la société. Selon cette lettre, libérer ceux qui avaient été enlevés nécessitait de l’argent, et « beaucoup d’argent ». Feldblit dans la lettre demande en outre au ministère de « prendre toutes les mesures possibles pour arrêter la capture non autorisée de Juifs », pour ce qu’il décrit comme « un travail social et d’État ».

Un autre témoignage de 1919 a été fourni par l’épicier juif Shlomo Dagdeman, qui décrit comment un jeune policier l’a arrêté un jour sur le chemin du travail, afin de l’emmener au travail forcé. Dagdeman continue de décrire comment l’officier l’a « battu et menacé » avec une arme à feu, tout en lui arrachant ses vêtements et en volant sa montre.

D’autres documents relatent les pogroms perpétrés contre les Juifs du pays par les forces de Petliura. Dans l’une de ces lettres, un groupe de Juifs raconte comment, pendant des années, ils ont possédé des moulins à farine fonctionnant à l’eau, jusqu’à ce qu’un groupe d’émeutiers arrive et les expulse de chez eux en 1919. Ils ont été forcés de quitter leur ville natale, l’endroit où leurs parents et grands-parents ont grandi, et de fuir vers d’autres endroits, dont ils décrivent « la pauvreté et la misère ».

Une autre lettre de la même année décrit les expériences d’un Juif nommé David Baron, qui raconte comment il a été battu par des émeutiers. Il décrit également les terribles souffrances qu’ils lui ont infligées ainsi qu’à sa famille : « Ils ont violé des femmes et des filles. Ils ont violé ma femme devant moi. Un des cosaques m’a battu avec une épée, me forçant à lui amener ma fille. »

Line Tubiana avec ynet

1 Comment

  1. je suis touchée par ces témoignages car en effet mon pére le Docteur Zacharie Mass est né à Odessa ses parents et grands parents également nés dans cette magnifique cité
    mon pére avec sa famille ont émigrés en Roumanie afin de fuir les pogroms les mêmes événements se sont également déroulés dans ce pays
    mon pére est venu en FRANCE fit ses etudes de médecine epousa Maman exerça a Maison- Alfort un quai porte son nom car il fut dénoncer par une patiente arreté interné au camp de Drancy durant 21 mois deporté et gaze à AUSCHWITZ
    J’ ai publié sa correspondance 80 lettres
    aujourd’hui j’ai écrit son histoire la mienne et je suis a la recherche dans editeur qui publirai  » Mon Roman Photos »
    Gabrielle Mass
    ancien ajointe au Maire de Paris de Jacques Chirac

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