Trois personnes vont recevoir la médaille des Justes parmi les Nations

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Le mur des Justes à Paris
En 1942, le couple Renée et Fernand Malé ainsi que la pithivérienne Madeleine Fauconneau du Fresne ont chacun aidé et abrité des personnes juives, échappées du camp de Pithiviers, dans le Loiret. Pour saluer leur acte, ils recevront à titre posthume la médaille des Justes parmi les Nations.

C’est la plus haute distinction civile de l’État d’Israël. La médaille des Justes parmi les Nations sera décernée à titre posthume à un couple de Pithivériens et une Pithivérienne. La cérémonie, qui devait avoir lieu il y a plus de deux ans, se déroulera le vendredi 25 février, à Pithiviers, dans le Loiret, en présence de descendants des Justes et de représentants de l’État français et d’Israël. Cette distinction, décernée par l’institut Yad Vashem, l’institut mondial de la Shoah en Israël, récompense ceux qui, pendant la seconde Guerre Mondiale, ont mis leur vie en danger en sauvant, cachant et aidant des personnes juives.

Le couple Renée et Fernand Malé

C’est le cas de Renée et Fernand Malé, un couple d’épiciers à Pithiviers. À cette époque, non loin de chez eux, se trouve le camp de Pithiviers, où sont internés près de 1.700 personnes, notamment des juifs. Parmi eux, trois réfugiés autrichiens : Paul Lederer, Jean Csonka et Wilhem Gros. En 1942, ces trois hommes d’une trentaine d’années sont en charge du service de poste du camp, et pouvaient donc en sortir sous la surveillance de douaniers. Un an après leur arrestation, les trois hommes s’échappent du camp et sont accueillis par Renée et Fernand Malé, un couple dont ils avaient pu faire la connaissance lors de leurs corvées.

Pendant plus de deux ans, les trois hommes sont cachés par la famille Malé, la plupart du temps dans la cave de leur domicile, et ce jusqu’à la Libération, en 1944. À ce jour, ni le couple Malé, ni les trois hommes sont encore en vie. Leur histoire s’est transmise dans la famille grâce aux enfants de Renée et Fernand Malé : ils avaient quatre filles et un garçon. Une famille qui est restée proche des trois hommes, puisque deux d’entre eux ont plus tard épousé deux filles du couple d’épiciers.

Madeleine Fauconneau du Fresne

L’autre Pithivérienne à recevoir la médaille des Justes parmi les Nations, c’est Madeleine Fauconneau du Fresne, saluée pour avoir aidé son amie, Yvonne Netter, à s’échapper du camp de Pithiviers où elle était internée en 1942. À cette époque, Yvonne Netter est une avocate, recensée comme juive en 1940, même si quelques temps plus tard elle se convertit au catholicisme. Un recensement qui mènera à son arrestation le 4 juillet 1942. Pour permettre à son amie de s’évader, Madeleine Fauconneau du Fresne provoque une bousculade qui permet de faire distraction.

Après cette évasion, Madeleine Fauconneau du Fresne est inculpée de complicité d’évasion par les autorités d’Orléans. Elle est ensuite envoyée au camp de Beaune-la-Rolande, où elle doit porter un brassard « amie des juifs ». Finalement, elle est libérée quelques mois plus tard. Pendant ce temps, Yvonne Netter parvient à être cachée par un couple de maraîchers de Pithiviers, la famille Tessier, puis la famille Cardin en région parisienne, des personnes qui ont déjà reçu le titre de Justes.

L’obtention du titre de Juste se fait souvent à titre posthume, car il faut qu’une personne fasse une demande de remise de médailles. Il faut ensuite qu’un dossier soit constitué, regroupant des preuves. Pour les trois Pithivériens, ce travail a été effectué par un couple de bénévoles du comité français pour Yad Vashem, Claude et Eliane Unger, qui ont fait un vrai travail d’enquête pour retracer l’histoire des Justes et les personnes qu’ils ont sauvées.

Mais c’est un travail important selon François Guguenheim, vice-président du Comité français pour Yad Vashem, organisateur de ces cérémonies. « C’est un devoir de mémoire, un devoir de transmission et c’est reconnaître le rôle de ces Résistants, car ce sont bien des Résistants. » Non seulement c’est un travail de mémoire qui alimente la grande Histoire de France, mais « ça alimente surtout les histoires familiales« , selon François Guguenheim.

En France, 4.150 médailles des Justes parmi les Nations ont été décernées. C’est le troisième pays qui compte le plus de Justes, derrière la Pologne et les Pays-Bas.

Source francebleu