Trois de ses victimes présumées sont sœurs. Si elles témoignent à huis clos depuis lundi, Nicole Meyer, Dassi Erlich et Elly Sapper ont elles-mêmes dévoilé publiquement leur identité et médiatisé leur combat pour obtenir l’extradition de Leifer. Malka Leifer a fui l’Australie en 2008 après que Dassi Erlich a porté plainte contre elle. Elle s’est installée avec ses huit enfants et son mari rabbin dans la colonie d’Emmanuel en Cisjordanie, une communauté haredim pauvre où s’impose au quotidien la séparation entre hommes et femmes ».
Les autorités australiennes ont demandé son extradition en 2014, deux ans après son inculpation, et il a fallu six ans de bataille juridique en Israël, jusqu’à la Cour suprême, pour conclure que l’ancienne directrice feignait une maladie mentale dans le but d’échapper à la justice australienne. Elle était incarcérée en Israël depuis 2018, après que des détectives privés avaient démontré, grâce à 200 heures d’enregistrements vidéo, que la femme menait une vie parfaitement normale, bien éloignée des tourments psychiatriques qu’elle prétendait traverser.
Interrogée en visioconférence depuis le Dame Phyllis Frost Centre, la prison de haute sécurité pour les femmes dans l’État du Victoria, Malka Leifer a seulement répondu que « oui, oui », elle entendait les débats. Son avocat, Tony Hargreaves, a déclaré au tribunal qu’il effectuerait un contre-interrogatoire des victimes avec « le plus de soin possible ». « La relation que les trois plaignantes avaient avec leurs parents, en particulier leur mère, semblerait être la genèse de la relation entre l’accusée et les plaignantes », a-t-il estimé devant le tribunal.
Avant de se lancer dans une campagne pour obtenir l’extradition de la directrice, Dassi Erlich avait poursuivi l’école Adass Israël au civil. Elle avait décrit comment la totale ignorance sexuelle des enfants de la communauté ultraorthodoxe avait été instrumentalisée à son détriment par Leifer pour l’abuser, jusqu’au lycée, et même après, lorsque la jeune femme avait obtenu un travail au sein de l’établissement. La Cour suprême de Victoria lui a accordé 1,27 million de dollars australiens de dommages et intérêts (environ 790 000 euros). Ellie Sapper et Nicole Meyer ont obtenu un règlement à l’amiable en dehors de la justice.
L’affaire pourrait aussi rebondir en Israël : en mai dernier, le procureur général d’Israël a annoncé son intention de poursuivre l’ancien ministre israélien de la Santé, Yaakov Litzman. Celui-ci est suspecté d’avoir fait pression sur des médecins pour falsifier les évaluations psychiatriques de l’enseignante et empêcher son extradition. Litzman est un disciple de la même communauté hassidique que Leifer.
Source leparisien