A Buchenwald, des crapules font de la luge dans les fosses communes

Abonnez-vous à la newsletter

Face aux débordements des crapules, la fondation qui gère cet ancien camp de déportation a rappelé que «les activités sportives ici sont une violation du règlement et une atteinte à la paix des morts».

Le devoir de mémoire subit parfois des outrages inattendus. La direction du mémorial du camp nazi de Buchenwald, en Allemagne, a dénoncé jeudi le comportement de promeneurs qui vont y pratiquer des activités sportives ou faire de la luge dans d’anciennes fosses communes.

« Les activités sportives ici sont une violation du règlement et une atteinte à la paix des morts », a dénoncé la fondation des mémoriaux Mittelbau-Dora et Buchenwald, un ancien camp de concentration situé dans la région allemande de Thuringe. Il fut créé en juillet 1937 sur la colline d’Ettersberg, voisine de la ville de Weimar.

Destiné à l’origine à enfermer des opposants au régime nazi, pour la plupart communistes ou sociaux-démocrates, le camp reçu par la suite quelque 10 000 juifs arrêtés lors de la nuit de cristal en 1938, ainsi que des Tsiganes, des homosexuels et des prisonniers de droit commun. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers de guerre y furent également envoyés. Parmi les déportés, Stéphane Hessel, Elie Wiesel, Jorge Semprún ou encore Bruno Bettelheim.

Traces de luges sur les tombes

Entre sa création en 1937 et sa libération en avril 1945 par ses propres prisonniers, quelque 56 000 personnes périrent à Buchenwald et plus de 20 000 à Dora, créé en août 1943 comme dépendance du premier et destiné à la fabrication de missiles V2.

C’est au mépris de ce passé que des promeneurs s’y sont récemment adonnés à des activités sportives ou y ont fait de la luge, à proximité ou même dans d’anciennes fosses communes ! Le service de sécurité du camp et des cimetières alentour a ainsi été renforcé, a précisé la fondation. « Le week-end, nous avions des masses de gens ici », a déploré le directeur de la fondation, Jens-Christian Wagner, à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

« Toutes les places de parking étaient occupées, non par les visiteurs du mémorial, mais par les amateurs de sports d’hiver », a-t-il expliqué, déplorant avoir découvert des traces de luge jusque « sur les tombes ». D’autres vont y promener leur chien. Une femme a même été surprise en train d’y faire du sport avec une enceinte, selon le directeur. « Avec le temps, la sensibilité historique diminue », regrette-t-il vivement. Mais pas l’infamie, pas la connerie humaine, qui à chaque fois dépassent les limites de l’imagination!!

Source leparisien