Les haredim d’Israël sous la Loi du virus : retour sur la propagation

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Le ministre de la Santé Yaakov Litzman et Moshe Bar Siman Tov
Les communautés juives ultraorthodoxes paient un lourd tribut au coronavirus. Isolées du monde, menées par des rabbins rétifs aux directives de l’Etat, ces enclaves religieuses ont tardé à réagir au danger. Leurs quartiers, leurs villes sont les principaux foyers d’infection du pays.

Il n’y a plus d’îles coupées du monde. Les juifs ultra­orthodoxes, la communauté la plus fermée d’Israël, sont en train de l’apprendre. Eux, les haredim, ceux qui « tremblent » devant Dieu, sont les premières victimes de l’épidémie due au coronavirus dans le pays. A Jérusalem, les ultraorthodoxes représentent les trois quarts des cas de contamination. Ils ont tardé à comprendre que la nuée fondait sur eux comme sur les autres, ces juifs égarés, laïques ou traditionnels, qu’ils regardent de si haut. Leurs quartiers, leurs villes sont les principaux foyers d’infection. L’armée et la police les ont même bouclés pour Pessah.

Comment cela a-t-il pu arriver ? Que dire de ce pilier du dogme, Torah meguina ou matsila (« la Torah protège et sauve »), si la prière collective ne préserve plus, mais tue ? Voilà que leurs ­rabbins sont contraints d’appeler à l’aide l’état séculier, honni ou ignoré en temps normal. Alors, qui a failli ? Les rabbins ? Impossible. Leurs conseillers ? Leurs représentants au gouvernement ? Cloîtrés, pour la plupart, chez eux depuis un mois pour la première fois de leur vie, ils se repassent le film de l’épidémie, qui a contaminé plus de 15 000 personnes et a fait plus de 200 morts en Israël. Pour comprendre comment cela a pu se passer. Et savoir si tout peut encore redevenir comme avant.

Premier pic de contamination

Ce film tragique commence par la fête de Pourim, les 10 et 11 mars. A Afoula, dans le nord du pays, la famille du rabbin Henri Kahn a reçu, comme chaque année, les proches ou les quasi-inconnus qui toquent à la porte et vous embrassent. Elle a envoyé des friandises et des repas aux plus pauvres. Le gouvernement vient d’annoncer, le 9 mars, de nouvelles restrictions aux arrivées de l’aéroport David-Ben-Gourion de Tel-Aviv, quasiment la seule porte d’entrée du pays. Mais qui le sait, dans cette communauté si peu raccordée aux médias, et qui s’en soucie ?

Dans la ville mixte de Petah Tikva, à une quinzaine de kilomètres de Tel-Aviv, où des haredim vivent parmi d’autres Israéliens, Esti Shoshan, 43 ans, quatre enfants dont trois garçons, ultraorthodoxe et néanmoins féministe, a lu soir et matin en famille la Megillah, le Livre d’Esther, qui sauve son peuple d’un massacre en Perse antique. Elle a aidé ses adolescents à se maquiller pour le carnaval. Dans tout le pays, on est descendu dans les rues pour célébrer Pourim et boire. Rares sont ceux qui s’en doutent alors, mais cette fête deviendra le premier pic de contamination en Israël. Comme dans d’autres communautés juives de par le monde, à Brooklyn ou à Londres.

Un million de haredim

Le 12 mars, au sortir des fêtes, Israël bascule dans la crise sanitaire. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, annonce la fermeture des écoles. Esti Shoshan panique. Elle a Internet chez elle, c’est une femme moderne. Elle travaille, dirige l’association Nivcharot, qui forme des femmes haredim à la politique. Elle appelle son père. Ce rabbin séfarade, conservateur, dirige une communauté ultraorthodoxe à Birya, aux portes du plateau du Golan. Durant plus d’une semaine, ils vont répéter le même dialogue : « Papa, tu as 70 ans, tu es en danger. Tu dois fermer ta synagogue. — Que veux-tu que je fasse ? répond-il. Quand ils nous diront de fermer, je le ferai. »

« Ils », ce sont les grands rabbins. Ces hommes âgés auxquels un million de haredim (12 % de la population israélienne) obéissent aveuglément. Il y en a autant que de branches de la grande famille ultraorthodoxe, qui entretiennent entre elles des controverses infinies. Plusieurs obéissent rapidement aux ­instructions de l’Etat. Mais l’un d’eux, Chaim Kanievsky, 92 ans, s’y refuse. Issu de la branche dite « lituanienne », il est le maran (« maître ») de sa génération, le plus respecté parmi ses pairs. Connu pour son mysticisme, il vit retiré du monde, à Bnei Brak, la principale ville haredi d’Israël, à l’est de Tel-Aviv. Son entourage aime à rapporter cette anecdote : il lui est arrivé de poser une cassette audio sur son oreille, espérant entendre ainsi la voix, enregistrée, de l’un de ses prédécesseurs. Il sait que le virus court.

Le 10 mars, il a interrogé sa fille sur la santé de son frère, qui s’est mis en quarantaine à son retour de Londres. Dix fois, on le questionne : faut-il fermer les écoles ? « Qu’à Dieu ne plaise ! », répond-il. Torah meguina ou matsila : la Torah protège et sauve. Il est inenvisageable d’interrompre le cycle continu de l’étude, puisque c’est lui qui soutient le cosmos. « Nous pensons que ce qui sauve le monde, ce sont les enfants qui étudient la Bible, explique alors au Monde Yitzchak Pindrus, conseiller du rabbin Kanievsky. Sans eux, le monde ne survivra pas et ce danger est plus grand que le coronavirus. »

Pas de télévision, pas de journaux

La tempête éclate dans la presse, mais le gouvernement israélien ne dit rien. La police attend les ordres. Le 15 mars, le ministre de la santé, Yaakov Litzman, un ultraorthodoxe lui-même, se rend discrètement chez le rabbin. Chaim Kanyevsky vit au cœur de sa communauté. Son entourage a commencé à dissuader la centaine de personnes qui se pressent chaque jour, en temps normal, dans l’escalier qui mène à son repaire. Au deuxième étage d’une vieille bâtisse qu’il refuse de faire repeindre, à Bnei Brak, des quidams, des hommes d’affaires ou de hauts fonctionnaires viennent chercher sa bénédiction. L’intérieur est modeste, selon la tradition lituanienne. Pas de télévision, pas de journaux.

Jusqu’à sa mort, en 2011, son épouse a interdit que l’on y installe l’air conditionné, malgré la chaleur humide qui monte de la mer Méditerranée et qui, l’été, cloue au sol cette banlieue de Tel-Aviv. Quelques proches conseillers, et surtout les fils et petits-fils du rabbin, installés au rez-de-chaussée, l’informent. Ils recueillent ses avis, qui ont force de loi. Ce sont eux qui concentrent aujourd’hui les critiques de la communauté. « Ils ne lui ont pas dit la vérité sur les morts, mais eux savaient ce qu’il se passait en Europe. Ils ont eu peur de recommander de fermer les synagogues, de tout fermer. Ils ont eu peur que les gens se retournent contre eux », veut croire Yanki Farber, journaliste pour le site Internet ultraorthodoxe Behadrei Haredim.

Pourtant, les morts, peu à peu, apparaissent au grand jour. La communauté n’est pas tout à fait une île. C’est un archipel. Les haredim circulent depuis leurs quartiers new-yorkais, à Crown Heights et Borough Park, jusqu’à Jérusalem, Manchester ou en France. « On a vu des copains atteints à Strasbourg. Deux amis ont été transférés à Nancy parce qu’il n’y avait plus de place à l’hôpital. On a vu noir », témoigne le rabbin Henri Kahn, qui conserve des liens avec l’est de la France. Certains Strasbourgeois viennent se mettre à l’abri en Terre sainte. L’un de leurs rabbins est rapatrié en Israël dans un jet affrété par un particulier fortuné. Puis ce sont les corps qui arrivent de l’étranger pour être inhumés, certains par jets aussi, à grands frais.

Dans un quartier « américain » de Bnei Brak, Dov Halbertal, ancien directeur de cabinet du grand rabbin d’Israël, tombe en arrêt devant les notices mortuaires qui s’accumulent sur les murs de sa synagogue. Les quotidiens ultraorthodoxes tiennent eux aussi la chronique des morts haredim à l’étranger : des pages entières de photographies, pour les hommes seulement, les femmes n’ayant le droit qu’à un carré noir, « modestie » oblige. « Soudain, vous lisez les noms de dizaines de morts, que vous connaissiez… La moitié de Brooklyn est malade ! Le père de mon voisin à l’étage du dessous est mort. Un autre vous parle de son cousin. Et puis d’un professeur. Et soudain, c’est une réalité et vous êtes tellement déçu… »

Dov Halbertal, qui fut un élève de Yosef Shalom Elyashiv, le maran de la précédente génération, est de longue date une figure critique au sein de la ­communauté. Aujourd’hui, il n’a pas de mots trop durs pour ses représentants politiques. En premier lieu pour le ministre Litzman, qui s’est employé, en coulisses, à maintenir les synagogues ouvertes aussi longtemps que possible. Il finira par être contaminé lui-même, à la fin mars, avec son épouse. Forçant le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et Yossi Cohen, le patron du Mossad, à s’isoler, pour l’avoir fréquenté. Yaacov Litzman a proposé sa démission à la fin avril. « Voilà leur logique de petits gains, de mafieux… C’est un profond échec moral pour nous tous. Nous aurions dû être les premiers à tout fermer ! On aurait pu au moins supposer qu’ils nous auraient prévenus… Ils savaient ! Mais ils sont restés silencieux », tonne Dov Halbertal.

Une des plus fortes densités urbaines

C’est le grand échec des « passeurs », ceux qui font le pont entre le monde ultraorthodoxe et le reste du pays. Pourtant, certains se sont démenés. Ils ont couru de porte en porte. De notable en notable. Moti Ravid, le directeur médical de l’hôpital Mayanei Hayeshua, est l’un d’eux. Laïque, portant beau à 83 ans, à l’aise sur les plateaux de télévision et très introduit à Bnei Brak, il sait que, « si une épidémie pouvait rêver d’une population idéale pour se répandre, c’est celle-ci. Bnei Brak était une bombe prête à exploser ».

La ville compte 210 000 habitants, avec l’une des plus fortes densités urbaines de la planète. Dix à vingt membres d’une famille peuvent y vivre ensemble dans un même appartement, de 60 à 70 mètres carrés en moyenne. Une large part des hommes, étudiant dans des yeshivot subventionnées par l’Etat sont sans emploi salarié. Ils passent l’essentiel de leur vie dehors, hors du foyer, prient trois fois par jour en groupe à la synagogue, épaule contre épaule, et s’immergent quotidiennement dans des bains rituels. Rien de surprenant à ce que les malades s’accumulent à Mayanei Hayeshua, qui devient l’un des principaux centres de ­traitement du virus en Israël.

Angoisse et enthousiasme religieux

« Est-ce que ça crée de la colère ? Bien sûr. Mais qu’est-ce que vous en faites de cette colère ? C’est ainsi : les rabbins vous écoutent, ils recueillent d’autres avis et puis ils décident. Vous n’avez qu’à attendre. » Le docteur Patrick Sorkin, chef du service de réanimation de l’hôpital, sait de quoi il parle. Il a soigné en personne par le passé plusieurs grands rabbins haredim, qui lui font confiance. Il est des leurs, membre de la communauté Habad-Loubavitch, une vaste dynastie hassidique, prosélyte au sein du monde juif et ouverte à la modernité.

Cette crise, Patrick Sorkin la traverse dans un mélange d’angoisse et d’enthousiasme religieux. Il suppose que Dieu l’a placé dans ce « centre nerveux » de la ville pour une bonne raison. A 71 ans, il a roulé sa bosse depuis son internat à l’hôpital Saint-Antoine de Paris, dans les années 1960, et quelque temps de compagnonnage avec Médecins sans frontières à ses débuts. Il a consulté trois rabbins avant de se résoudre à couper sa barbe, pour mieux porter un masque chirurgical. Une affaire sérieuse. « Pour nous, la barbe, c’est une carte du monde. C’était comme m’amputer d’un organe vital », dit-il.

Patrick Sorkin échange tous les jours avec son frère, Marc, qui dirige le service de réanimation de la clinique privée du Val-d’Yerres, en banlieue parisienne. « On a le même virus mais pas les mêmes malades. » dit-il. Les atteintes viscérales du Covid-19 se limitent pour l’essentiel aux poumons chez ses patients israéliens. Mais elles touchent de multiples organes chez ceux de son frère : le foi, les reins…

Patrick Sorkin a très tôt adopté le protocole du microbiologiste Didier Raoult, patron de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, qui préconise le recours à l’hydroxychloroquine et à l’azithromycine, un antibiotique. « Un type brillant qui se fait attaquer par ses confrères, je me suis dit qu’il y avait quelque chose de vrai », dit-il. Quant aux familles des malades, elles lui paraissent plus respectueuses ici de l’autorité du médecin. Ses confrères de l’hôpital Sourasky, à Tel-Aviv, ont commencé à les admettre pour accompagner leurs proches vers la mort. Lui s’y refuse encore. « Elles comprennent très bien qu’elles ne peuvent pas faire les prières rituelles près de leur proche. Elles les font où elles peuvent. Ce sont des religieux : la spiritualité, ça ne dépend ni de l’endroit, ni du temps. »

Méfiance à l’égard de l’armée

Le 2 avril, le maire de Bnei Brak, Avraham Rubinstein, infecté, est informé qu’un tiers de ses administrés risquent de l’être aussi à terme. Tard dans la soirée, il appelle à l’aide le général de réserve Ronny Numa, ancien patron du commandement militaire central. Le lendemain, l’armée ferme la ville. De jeunes hommes et femmes en treillis entrent dans les halls d’immeubles, frappent poliment aux portes, pour distribuer repas et provisions aux familles en quarantaine et aux plus pauvres. Ils escortent quelques centaines de personnes contaminées dans des hôtels. C’est une révolution dans cette ville, qui tient l’armée en grande méfiance.

Depuis la fondation d’Israël, les rabbins luttent pied à pied pour maintenir l’exemption de service militaire dont bénéficient les étudiants des yeshivot. Pourtant, nombre de gamins haredim connaissent sur le bout des doigts, comme d’autres petits Israéliens, les insignes des unités militaires. Alors, lorsque de vrais soldats, en chair et en os, apparaissent à Bnei Brak, ils se précipitent aux balcons.

Tsahal livre des colis à Bnei Brak

« Les enfants se penchaient aux fenêtres, les yeux grands ouverts, dans ma rue et sur la grande artère Rabbi Akiva. Waouh, c’était une révolution pour eux ! », raconte le journaliste Yanki Farber, qui assume courageusement de tenir un discours critique au sein de sa communauté. « Depuis des décennies, on leur dit que l’armée veut les tirer de leurs écoles religieuses pour les mettre en casernes et les éloigner de la religion… Soudain, ils voient des soldats distribuer de la nourriture aux familles pauvres. Ils voient qu’on leur a menti ! »

Il n’est pourtant pas certain que les haredim aient eu besoin de l’armée pour se confiner. A l’approche de Pessah, qui débutait cette année le 8 avril, ils ont fini par se mettre d’eux-mêmes en ordre de bataille. à l’exception de quelques sectes radicales, qui s’opposent frontalement à la police près du vieux marché juif de Jérusalem. Très vite, la surveillance du voisinage s’est intensifiée. « On a quatre, cinq, six coups de téléphone par jour pour nous dire venez aider ici et là”, dit le rabbin Henri Kahn, à AfoulaLes gens n’hésitent pas à appeler les flics – ils ne le faisaient jamais avant ! – parce qu’une synagogue est restée ouverte ou parce qu’un groupe s’est réuni dans une cour pour prier. »

Sur les murs de Bnei Brak, des affiches se multiplient : « meurtrier » est celui qui se rend encore à la yeshiva. « Aujourd’hui, j’ai expulsé un malade avéré de mon immeuble », annonce un propriétaire anonyme, dans un groupe WhatsApp de la communauté, où le nombre de smartphones ­augmente discrètement. Ce jeune homme expulsé de chez lui « étudiait encore il y a une semaine et demie, précise le propriétaire. Sa femme a dit fièrement à ma mère que la yeshiva Nahalat Moshe poursuivait l’enseignement, que le rabbin Haïm avait dit de continuer et que son mari allait à la yeshiva. Il a été exposé à un cas avéré, qui est malheureusement aujourd’hui à l’hôpital, malade du corona. »

Crainte des violences conjugales

Le 8 avril, le seder a eu un goût amer. Le gouvernement a décrété un confinement quasi total du pays, pour empêcher les familles de se regrouper. Il visait en premier lieu les ultraorthodoxes. Comme chaque année, Esti Shoshan, la militante féministe, a nettoyé son appartement de fond en comble, pour aller chercher selon la tradition les dernières miettes de hametz sous les meubles. Son mari et ses trois fils ne savent plus où se mettre. Ces jours-ci, à cause du confinement, elle se tient à leurs côtés lorsqu’ils prient et disent le kaddish au balcon, avec leurs voisins à distance.

« A la synagogue, il y a une place pour les femmes, qui restent spectatrices. Maintenant, je suis avec eux, et je vois d’autres femmes faire pareil, dans les appartements d’en face », dit-elle en souriant. Toutes n’ont pas cette chance. Son association craint une hausse des violences conjugales, difficiles à voir dans la communauté en temps normal et presque invisibles depuis que les portes se sont fermées. Les membres de Nivcharot font circuler, par e-mail et sur feuilles de papier, des numéros d’urgence. Ceux-ci ne renvoient pas vers la police, mais vers des groupes communautaires. Question de confiance.

Un matin de la mi-avril, une trentenaire a appelé à l’aide Tirtza Bloch, 40 ans, militante chez Nivcharot. La jeune femme n’a pas donné son nom, n’a pas appelé de chez elle. Sa famille étouffe dans un appartement minuscule. Son mari l’a battue pour la première fois, au milieu de Pessah. Elle avait souhaité utiliser la voiture. Elle devine qu’il voulait lui cacher quelque chose dedans. Le mari est infidèle. Il veut encore des enfants. Elle en a quatre et trouve que c’est assez. Il est respecté, a beaucoup d’amis. Personne ne sait. Elle craint pour ses enfants, se refuse à demander de l’aide, mais parle.

Gardiens de la tradition juive originelle

Combien d’autres parlent aujourd’hui de tout ce que l’on n’évoquait pas « avant », dans le secret des chambres ? Le moment est ambivalent. Le virus peut tout aussi bien pousser les haredim à se refermer un peu plus sur eux-mêmes. « Ce n’est pas parce que l’armée nous a aidés qu’on va pour autant leur envoyer nos enfants [au service militaire] », juge le rabbin Kahn. Ceux qui travaillent dans des entreprises non orthodoxes craignent déjà d’être tenus à l’écart par leurs collègues ou carrément licenciés lorsque le temps viendra de retourner au bureau.

Depuis qu’Israël montre leur communauté du doigt, des voix progressistes en son sein se taisent« Beaucoup parmi nous ont conservé une mentalité de minorité, même en Israël : pour eux, ceux qui nous persécutent seraient si heureux d’entendre que cela ne va pas chez nous », déplore le rabbin Halbertal. C’est un mythe, mais les haredim se vivent comme les seuls gardiens de la tradition juive originelle. Ils estiment en avoir vu d’autres en trois mille ans d’histoire. Déjà, certains rabbins, au calme, chez eux, parcourent les livres et cherchent des précédents. Des explications qui remettront cette crise à sa juste place. Ils trouveront : c’est leur affaire.

Par 

Source lemonde

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