Riss se dit « trahi » par les « collabos qui s’accommodent d’une idéologie totalitaire »

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Riss, l’actuel directeur de Charlie Hebdo, publie ce mercredi Une minute quarante neuf secondes, un récit sur l’attentat du 7 Janvier 2015. Dans ce texte de 311 pages, le dessinateur raconte « une histoire collective et son atomisation instantanée ultraviolente ».


Comme dans Le Lambeau de Philippe Lançon, La Légèreté de Catherine Meurisse ou encore Catharsis de Luz, Une minute quarante neuf secondes est le récit d’un retour à la vie. Témoin de l’attaque, Riss tente de mettre des mots sur ce qu’il a vécu: « Il est impossible d’écrire quoi que ce soit », écrit-il d’emblée dans son texte.

Interrogé ce mardi matin sur RTL, le dessinateur a raconté sa difficulté à vivre depuis la tuerie. Il s’est décrit comme un arbre « à moitié vivant, à moitié mort, avec des branches vertes et d’autres qui sont mortes pour toujours »: « On meurt un peu ce jour. Il y a quelque chose en vous qui meurt, de détruit, c’est certain », ajoute-t-il.

« Je me résolus à ce geste qui me fit honte »

Dans son récit, il raconte avec émotion ce qu’il a ressenti en quittant la salle de rédaction de Charlie Hebdo, escorté par un pompier: « C’était un copain de 25 ans. Pour atteindre la sortie, je n’avais pas d’autre solution que de l’enjamber. Aidé par le pompier, je me résolus à ce geste qui me fit honte. Je te demande mille fois pardon, mon vieux, mais je ne pouvais pas faire autrement. »

Une minute quarante neuf secondes pleure les morts du journal satirique et dénonce ce que Riss nomme les « Collabos« , soit « ceux qui ne veulent pas, ou plus, ‘être Charlie' »: « Ce terme je l’utilise parce que je pense que quand on est confronté à une idéologie totalitaire, il y a des choix à faire. Il faut prendre des positions et des gens s’accommodent de ça. Ils trouvent toujours des raisons d’atténuer ce qui se passe. Le mot collabo, ce n’est pas forcément une collaboration, mais le fait de s’accommoder et de fait, on devient collabo« , conclut celui qui se sent « trahi » par « une partie des intellectuels », « de la gauche » et « des élites ».

1 Comment

  1. Riss a raison. Et il fait bien de préciser ce qu’il veut dire par « collabo ».
    En face d’un régime « totalitaire » ou simplement « autoritaire », il y a une poignée de gens qui se rebellent, par réflexe ou par réflexion. L’histoire française les nomme « résistants ».
    Il y a un groupe déjà plus nombreux, qui, par intérêt, peur du lendemain, ou fascination, se range activement du côté du régime. L’histoire les appelle « collabos ».
    Le reste, l’essentiel de la population, ne pense pas ou ne sait pas quoi penser, et se laisse emmener là où le pouvoir le veut, tout en réagissant à partir de traditions morales familiales (compassion, solidarité, etc.) que des évènements font surgir. Pour l’histoire, ce sont les « braves gens », dont certains sont distingués comme « Justes ».
    Riss les appelle « collabos ». C’est son droit.

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