Un écrivain, Boualem Sansal, a disparu. Ce n’est pas toutes les semaines qu’on a l’occasion d’écrire ces mots. Arrêté par la police à sa descente d’avion.
On a l’impression de revenir dans les années 1970, quand des musiciens, des artistes, des intellectuels « disparaissaient » en Argentine et au Chili. La police ou l’armée les embarquaient dans leurs camions vers une destination inconnue d’où ils ne revenaient jamais. Ce cauchemar qu’on pensait appartenir au passé s’est reproduit le 16 novembre avec l’écrivain algérien Boualem Sansal, arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Alger. Le pouvoir algérien ne supporte pas ceux qui, de près ou de loin, le critiquent.
Quand des membres de Charlie rencontrent des étudiants ou des lycéens, la question que souvent ces derniers leur posent est la suivante : quelles sont les limites de la liberté d’expression ? Sa limitation semble les préoccuper davantage que son extension. L’arrestation de Boualem Sansal leur fournit une réponse. En ce début de XXIe siècle, il existe encore, à quelques heures de Paris, des régimes qui arrêtent et enferment des écrivains. C’est là la conception des limites de la liberté d’expression de ce type de gouvernement. Au bout du canon d’un fusil.
Colonisations
Pendant la guerre d’Algérie, les indépendantistes interpellaient les militaires français dont certains avaient été, quelques années plus tôt, torturés par les Allemands. Comment pouvez-vous faire endurer aux Algériens les souffrances que vous avez vécues pendant la guerre ? On pourrait poser la même question aux dirigeants actuels de l’Algérie : comment pouvez-vous faire à votre peuple ce que la puissance coloniale lui faisait subir à l’époque ? Parce que, finalement, l’Algérie de 2024 est toujours colonisée. Plus par les Français mais par une mafia qui a fait main basse sur le pays, l’a entraîné dans des impasses politiques et économiques, opprime et muselle le peuple. Aujourd’hui, c’est Boualem Sansal qui vient d’être arrêté et dont on ne connaît pas le sort à ce jour. Sa faute ? Avoir critiqué un pouvoir corrompu et dénoncé l’emprise d’un islam de plus en plus intolérant.
Pourquoi, alors, trouve-t-on encore en France des gens pour encenser un tel régime ? Surtout à gauche. Sont-ils payés avec des valises de fric provenant de l’exploitation du gaz algérien ou pensent-ils vraiment ce qu’ils disent ? Simples questions.
Un député LFI vient de déposer un projet de loi visant à supprimer le délit d’apologie du terrorisme, sous prétexte que ce texte a été utilisé contre deux députés de La France insoumise et constituerait de ce fait une limitation de la liberté d’expression. Ce n’est donc pas l’arrestation de Boualem Sansal qui mobilise ce député pour défendre la liberté d’expression, mais l’interdiction par la loi de faire l’apologie de crimes commis par des terroristes. La boucle est bouclée : ceux qui dénoncent les terroristes religieux méritent la prison et ceux qui en font l’apologie en ont le droit au nom de la liberté d’expression.
Aux étudiants qui nous demandent souvent où se situent les limites de la liberté d’expression, nous les renvoyons vers ce cas d’école. Ce n’est pas la limitation de la liberté d’expression par la loi qui pose problème, car aucune liberté n’est infinie, mais son instrumentalisation pour en faire une arme de propagande, de mensonge et d’oppression.
Par Riss
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