Le Parlement israélien approuve une loi interdisant les activités de l’Unrwa

Abonnez-vous à la newsletter

Les députés israéliens ont largement adopté un projet de loi visant à interdire sur son territoire les activités de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.

Le Parlement israélien a voté lundi à une écrasante majorité en faveur d’un projet de loi interdisant les activités de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Israël, malgré les objections des États-Unis et de l’ONU.

Le texte a été approuvé à la Knesset par 92 voix contre 10 alors qu’Israël, depuis longtemps très critique à l’égard de l’agence onusienne, a accusé certains employés de l’Unrwa d’avoir participé à l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023 et d’être des combattants du mouvement islamiste palestinien.

L’agence a dénoncé un vote d’autant plus « scandaleux » qu’il provient d’un pays membre des Nations unies et alors que l’Unrwa « s’avère être le principal acteur des opérations humanitaires à Gaza », dévasté par plus d’un an de guerre entre Israël et le Hamas, a déclaré à l’AFP sa porte-parole, Juliette Touma.

« Si elle est adoptée et mise en œuvre, c’est un désastre, notamment en raison de l’impact qu’elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie », a-t-elle dit.

« L’Unrwa est la plus grande organisation humanitaire à Gaza et la principale responsable de la réponse humanitaire, notamment en matière d’abris, de nourriture et de soins de santé de base », a ajouté la porte-parole.

Avant même le vote, les États-Unis s’étaient déclarés « très préoccupés » par le texte. « Nous avons clairement fait savoir au gouvernement israélien que nous étions profondément préoccupés par cette proposition de loi […] et nous exhortons le gouvernement israélien à ne pas l’approuver », a déclaré à la presse le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, réitérant le rôle « crucial » joué par l’agence dans la distribution de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

« Colonne vertébrale »

À Londres, le chef de la diplomatie britannique David Lammy a exprimé son « profond regret » à propos du projet de loi.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, y compris les États-Unis, avait mis en garde Israël le 10 octobre contre le vote de cette loi, au lendemain d’un avertissement similaire lancé par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Le texte, voté en première lecture en juillet, proposait d’interdire « les activités de l’UNRWA sur le territoire israélien », y compris à Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967.

« L’État d’Israël a le droit et le devoir, en tant qu’État souverain engagé dans sa survie, de lutter contre les menaces y compris celles qui existent en son cœur », a affirmé après le vote le député Yuli Edelstein, le président de la commission des Affaires étrangère et de la Défense.

« L’Unrwa n’est pas une agence d’aide pour les réfugiés, c’est une agence d’aide pour le Hamas », a ajouté le député Boaz Bismuth, l’un des co-auteurs du texte.

Cette agence, créée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, gère notamment des centres de santé et des écoles à Gaza et en Cisjordanie, et est considérée comme « la colonne vertébrale » de l’aide internationale à Gaza, en proie à un désastre humanitaire.

Certains des plus gros donateurs avaient suspendu leurs contributions en début d’année après qu’Israël a accusé une vingtaine des 13 000 employés de l’agence à Gaza d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023. La plupart des donateurs ont depuis repris leur soutien, à l’exception notable du principal, les États-Unis.