Avec son langage haineux et son extrémisme le plus total, l’ex-président veut apparaître comme l’homme fort de l’élection. Il attire à lui nombre d’Américains et tous les déçus de la démocratie à travers le monde, France incluse.
Pour sa troisième campagne présidentielle, Donald Trump est devenu le champion de l’autocratie, cette forme de gouvernement qui semble enivrer une grande partie du monde et où l’élu exerce son pouvoir comme un souverain, une autorité sans contrôle. Cette élection américaine oppose l’autocratie qui a le vent en poupe, à la démocratie qui se fragilise.
Trump est un showman populiste, qui a l’occasion de jouer au mâle dominant grâce aux élections et qui aimerait apparaître comme cet homme fort, que nombre d’Américains souhaiteraient voir élu, comme tous les déçus de la démocratie à travers le monde, France incluse. Il est aidé dans son entreprise par tous les grands prédateurs au pouvoir, les Poutine, les Xi, les Erdogan, les Orbán qui passent tous pour les inspirateurs de cette croisade mondiale contre les démocraties, contre les Etats de droit, et qui cherchent tous à démanteler les administrations, à délégitimer les élections, obsédés qu’ils sont par la personnalisation de leur pouvoir, toujours au détriment de la justice et des institutions. Car la justice est pour eux un pur cauchemar.
Levée de boucliers
Trump est un viriliste, un antiféministe, qui entend restaurer les privilèges masculins et empêcher les femmes de rivaliser avec les hommes : il essentialise les différences entre les hommes et les femmes, favorise toutes les valeurs d’ordre. C’est la raison pour laquelle beaucoup de ses soutiens flirtent avec l’extrême droite, pour lesquels la blancheur de peau est requise. Avec sa déclaration en 2005 en marge de l’émission Access Hollywood – «Quand vous êtes une star […], vous pouvez les attraper par la chatte» –, il a provoqué la levée de boucliers des féministes dénonçant une apologie des agressions sexuelles. Il a aussi attiré les masculinistes, hostiles à la liberté d’avorter, dans un pays où il existe un véritable terrorisme anti-IVG.
Le vote féminin va jouer un rôle décisif dans cette élection. Kamala Harris semble bien décidée à affronter le masculinisme de Trump, en défendant le droit à l’avortement, devenu illégal dans une dizaine d’états depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022.
Avec son langage haineux, Trump campe dans l’extrémisme le plus total : les Etats Unis sont confrontés à un «ennemi de l’intérieur» dit-il : l’alliance des «gens malades et des fous de la gauche radicale». Mais cela peut être géré par la «Garde nationale ou l’armée». De Kamala Harris, il dit qu’«elle est tarée», «une véritable pourriture», «devrait être destituée et poursuivie pour sa responsabilité dans la porosité de la frontière avec le Mexique».
Pour le battre, la candidate démocrate a un autre atout que la défense du droit à l’avortement. Elle a les voix des républicains en rupture avec Trump. Il y aurait aujourd’hui, selon la presse américaine et les politologues, davantage de républicains qui s’apprêtent à voter démocrate que le contraire. Tous ceux qui souhaitent sauver le Parti républicain de Lincoln de l’influence désastreuse du trumpisme votent contre Trump. Ils s’appellent les «never-trumpers». L’ultraconservateur Dick Cheney, ancien vice-président de George W. Bush, a pris position en faveur de Kamala Harris, comme sa fille Liz Cheney, une républicaine de choc.
Passion pour les dictateurs
Autre élément qui joue en faveur de la candidate démocrate : le veto des anciens collaborateurs de Trump à la Maison Blanche. Deux généraux américains très haut gradés ont pris position contre lui. Le premier est l’ancien chef d’état-major des armées Mark A. Milley, tout juste à la retraite. Son verdict sur Trump ? «Un apprenti dictateur.» Il en a le charisme… Quant à John Kelly, le chef de cabinet ayant servi le plus longtemps sous Trump : «Si le fascisme peut être défini comme une idéologie autoritaire d’extrême droite, ultranationaliste… La vision du pouvoir de Trump correspond à cette définition. Il va exercer le pouvoir de manière dictatoriale.» Kelly ajoute avoir entendu l’ancien président répéter que «Hitler a aussi fait de bonnes choses» et qu’il aimerait bien avoir autour de lui les généraux nazis qui l’ont accompagné jusqu’au bout, une armée loyale. Trump a une passion pour les dictateurs.
Treize anciens responsables de la Maison Blanche sous le mandat de Trump ont félicité le général Kelly pour ses déclarations. Ils précisent qu’ils sont tous des républicains de longue date. Leur lettre ouverte s’ajoute aux 200 républicains qui avaient pris position en faveur de la candidate démocrate en août.
L’historien américain Robert Paxton, celui qui avait mis au jour le fascisme de Vichy, confirme lui aussi : «Avec Trump, il y a un risque fasciste.» Malheureusement, c’est un mot qui ne dit plus grand-chose aux Américains d’aujourd’hui, même si 290 000 de leurs soldats sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale pour nous libérer du fascisme.
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