Rafah, Gaza… Qui se soucie vraiment des innocents ?

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L’instrumentalisation des civils palestiniens par le Hamas, qui contribue à les envoyer à l’abattoir, s’opère dans un silence coupable.

 » La femme a pour fonction d’être l’usine à hommes « , lit-on dans la charte du Hamas. Les Arabes n’ont pas besoin de l’extrême droite israélienne pour être déshumanisés par ceux qui parlent de leurs enfants comme de vulgaires obus produits en série. En apprenant la mort d’une partie de sa famille, Ismaïl Haniyeh, dirigeant du Hamas, on s’en souvient, crut bon de poster une photo de lui avec son épouse en train de sourire et de brandir le signe de la victoire. Étrange rite funéraire que voilà pour célébrer la fin d’une vie réelle ici-bas pour un hypothétique au-delà.

« Nous avons besoin du sang des femmes, des enfants et des personnes âgées pour qu’il réveille en nous l’esprit révolutionnaire, la détermination, l’esprit du défi et qu’il nous pousse à agir », déclarait en substance le même Haniyeh, le 30 octobre 2023, sur une chaîne libanaise affiliée au Hezbollah. Notons le choix pervers des « femmes, des enfants et des personnes âgées », comme pour insister sur l’intérêt d’exposer les catégories les plus faibles de la population au service d’une sordide campagne de communication. Le Hamas s’adresse au monde musulman et à ce ramassis d’autocraties revanchardes qu’on appelle pompeusement « le Sud global ». Il parie sur le fait que la sympathie envers sa cause augmentera à mesure qu’il placera ses enfants sur la trajectoire des missiles israéliens. À quel point les destinataires de cette propagande veulent-ils correspondre à l’image sordide qu’il se fait de leur mentalité ?

Tandis que dans les conflits classiques, les belligérants soucieux de sauvegarder un peu d’humanité dans cet océan de barbarie qu’est la guerre évacuent leur population civile des lignes de front (comme en Ukraine), tandis que les gouvernements préoccupés par la sécurité de leur population dotent celle-ci d’infrastructures adéquates (comme les abris antiatomiques en Suisse), le Hamas – dont l’arsenal militaire abondant contraste avec l’indigence des denrées alimentaires qu’il fournit à sa population – assume de destiner ses petites filles et ses petits garçons à la fonction de martyrs en lieu et place des rêves insouciants qui occupent l’esprit de nos enfants en des contrées plus saines. « Nous aimons la mort comme vous aimez la vie », dit le célèbre dicton djihadiste. Ce serait là la volonté d’un Dieu si bon et miséricordieux qu’il préférerait l’image de nourrissons déchiquetés à celle d’Arabes et de Juifs qui communient dans la paix et l’égalité sur une terre assez grande pour satisfaire deux aspirations nationales.

Silences complices

Sinistre paradoxe, le Hamas ne verse aucune larme pour la mort de ses enfants. Comme le montre son empressement à minorer la part des combattants décédés, il s’en délecte en misant plutôt sur le sanglot de l’homme blanc, et de l’indulgence qu’il manifeste pour les exactions du « bon sauvage » opprimé. La stratégie du bouclier humain n’a qu’un objectif : piéger l’ennemi, utiliser ses scrupules humanitaires et le contraindre de frapper les scélérats qui tirent à côté des berceaux, puis compter sur l’empressement des antisémites à attribuer leur assassinat à celui contre qui cette sinistre méthode est dirigée. Le plus révoltant est que cette stratégie maléfique fonctionne à merveille. En France, les commentateurs malhonnêtes, comme Pascal Boniface et d’autres, ne jugent pas utile de s’attarder sur cette manœuvre sordide en s’autorisant tous les procès d’intention contre les Israéliens depuis leur fauteuil parisien. Dans le monde, les mêmes indignations sélectives taisent cette stratégie inhumaine.

Ainsi, ceux que l’on accusait hier de meurtres rituels dans leurs synagogues ou d’empoisonner les puits sont désormais réputés éprouver un malin plaisir à voir les cadavres d’enfants et de vieillards carbonisés, décapités et éparpillés sur le sol. Le Hamas tire depuis une école et enrôle des enfants soldats : le voilà récompensé par ces pays européens qui appellent à la reconnaissance d’un État palestinien à des milliers de kilomètres de leurs frontières sans se soucier de l’identité de celui qui le gouvernera. Le Hamas entrepose ses armes dans les hôpitaux et à côté de campements humanitaires : voilà que le procureur de la CPI accuse Israël de viser délibérément des infirmes. Les conventions de Genève ont beau signaler que la protection due aux hôpitaux civils pourra cesser « s’il en est fait usage pour commettre, en dehors des devoirs humanitaires, des actes nuisibles à l’ennemi » sous réserve « d’une sommation fixant, dans tous les cas opportuns, un délai raisonnable et demeuré sans effet », cela importe peu aux yeux de malfrats qui n’obéissent qu’à la charia ainsi qu’à leurs soutiens.

Sartre disait que ne pas choisir, c’est encore choisir et qu’il est des silences complices. Celui-ci en est un. Ceux qui accusent le monde et l’Occident d’être coresponsables du massacre d’enfants et d’innocents à Gaza par leur passivité ont parfaitement raison. Le Hamas n’aurait aucun intérêt à mettre les enfants, les femmes et les infirmes en première ligne si l’opinion, la diplomatie et les instances internationales condamnaient fermement, publiquement et à chaque instant cette attitude en lui signalant que cette stratégie mortifère et criminelle ne paie ni politiquement ni médiatiquement.

L’inversion accusatoire est une invitation adressée à ces islamistes sanguinaires à continuer d’assassiner leurs enfants. Alors, bien sûr, l’intérêt stratégique et la moralité des opérations militaires israéliennes peuvent et doivent être sans cesse interrogés. Tout comme les fautes et les crimes, s’ils sont avérés, devront, d’une manière ou d’une autre, être sanctionnés. Il reste que, par leur silence vis-à-vis du premier responsable de la tragédie qui se déroule sous nos yeux qu’est le Hamas, les diplomates et les journalistes envoient tous les jours des nourrissons à la morgue. Quand le monde se décidera-t-il à placer l’intérêt des enfants palestiniens avant son aversion pour les Juifs ?

Ferghane Azihari