Pourquoi le sort des otages à Gaza continue à diviser la société israélienne

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La vidéo diffusée mercredi 24 avril par le Hamas d’un jeune otage à Gaza replace au cœur de l’actualité israélienne la question des otages. Pour un nombre croissant d’Israéliens, c’est une priorité. Mais pas pour le gouvernement Netanyahu.

Il s’appelle Hersh Goldberg-Polin. Il a 23 ans, la double nationalité américaine et israélienne. C’est lui qui apparaît dans la vidéo que le Hamas a diffusée hier sur sa chaîne Telegram.

La vidéo, que l’on n’a pas pu authentifier de source indépendante, serait récente. L’otage dit avoir été capturé il y a 200 jours, un cap qui vient d’être franchi. Il n’avait pas été revu vivant depuis le 7 octobre. Il fait partie des personnes enlevées lors du festival de musique Nova.

Hersh Goldberg-Polin a été grièvement blessé le jour de l’attaque du Hamas. Dans la vidéo, réalisée par définition sous la contrainte, il montre son bras gauche amputé sous le coude.

Face à la caméra, il accuse le gouvernement Netanyahu d’« abandonner » les otages. « Vous devriez avoir honte. Pendant que vous partagez des repas en famille, pensez à nous qui vivons l’enfer. » Allusion à Pessah, la Pâque juive, célébrée cette semaine.

Israël dénonce de son côté « la guerre psychologique » menée par le Hamas. Le mouvement palestinien donne une preuve de vie d’un otage, demandée par les négociateurs. Mais il expose aussi les souffrances qu’il inflige lui-même aux captifs pour faire pression sur le gouvernement israélien, impuissant face au sort des quelque 130 otages encore à Gaza, dont trois Français. Un quart d’entre eux auraient été tués d’après les estimations israéliennes.

Leurs familles continuent à se mobiliser. Les parents de Hersh Goldberg-Polin eux-mêmes appellent les médiateurs internationaux à trouver un accord avec le Hamas pour libérer les otages.

D’abord l’offensive à Rafah, le sort des otages passe après

Hier soir, des centaines de personnes ont marché jusqu’à la résidence du Premier ministre Netanyahu à Jérusalem. Et une nouvelle manifestation a eu lieu aujourd’hui à Tel Aviv.

Les familles ont le sentiment ne pas être assez soutenues. Depuis environ trois mois, le débat a évolué en Israël. Oui, la population soutient les opérations dans la bande de Gaza. Mais beaucoup d’Israéliens demandent désormais au gouvernement d’en faire plus pour libérer les otages.

Les tergiversations sur un possible nouvel accord avec le Hamas exaspèrent l’opinion. Le dernier document sur la table prévoit la libération d’une quarantaine d’otages correspondant à certains critères : des femmes, des mineurs, des personnes âgées, des malades… en échange de prisonniers palestiniens.

Mais les discussions sont bloquées. D’un côté, le Hamas exige un arrêt des combats. C’est seulement à ce prix qu’il cèdera des otages, son principal moyen de pression. De l’autre, Israël ne veut pas donner au mouvement palestinien la moindre chance de reconstituer ses forces.

Israël veut d’abord démanteler le Hamas. C’est l’obsession de Benjamin Netanyahu, et la raison pour laquelle il veut à tout prix lancer une offensive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. La ville est présentée comme le dernier bastion du Hamas où s’entassent un million et demi de personnes.

L’opération pourrait démarrer dans quelques jours, quelques semaines. Il n’y a plus guère de doutes. Des civils ont déjà été déplacés et mises à l’abri en prévision de l’attaque au sol.

Depuis le 7 octobre, Israël poursuit deux objectifs : détruire le Hamas et libérer les otages. Pour Netanyahu et les durs du régime, le premier objectif éclipse aujourd’hui clairement le second. De plus en plus d’Israéliens veulent inverser les priorités.

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