Le célèbre écrivain donnait une conférence mercredi à la grande synagogue de Marseille sur son livre, «Solitude d’Israël». Sur l’immeuble en face de l’édifice religieux, les policiers ont retrouvé des inscriptions hostiles à Bernard-Henri Lévy et propalestiniennes.
Des messages sans doute destinés à la personnalité conviée par le Fonds social juif unifié (FSJU) ce même soir à la Grande Synagogue de Marseille, pour une conférence sur Israël. Lundi, l’intellectuel Bernard Henri-Lévy avait d’ailleurs partagé sur X (anciennement Twitter), sa joie, à la perspective de passer la soirée dans la cité phocéenne : » Rdv à la Grande Synagogue de #Marseille, la ville de mon enfance, pour un grand moment d’espérance. Les non-juifs, comme les #Juifs, sont évidemment attendus. L’objectif n’est-il pas de briser, tous ensemble, l’inacceptable solitude d’#Israël ? » avait posté l’intellectuel français.
Une joie partagée par le consistoire et le FSJU qui recevaient BHL à l’occasion de la parution de son livre « Solitude d’Israël », mais entachée dès mercredi 3 avril au matin par la découverte, sur la façade du n°94 de la rue Breteuil, d’un tag enjoignant « Free Gaza » et d’un autre, menaçant et antisémite, avertissant le philosophe : « BHL, tu payeras pour le génocide ».
Oui, #Israel est seul. Seul pour affronter un ennemi, le #Hamas, bien plus puissant (car #Iran, Turquie, Qatar, #Russie etc) que, jadis, Al Qaida & Daech. Et seul pour assumer la responsabilité des tragédies que génère cette sorte de guerre.
Cette solitude, aussi, est tragique pic.twitter.com/6pAPe0XSRj— Bernard-Henri Lévy (@BHL) April 6, 2024
Des inscriptions immédiatement recouvertes par les services de nettoyage de la Ville. Avant que le climat aux abords de la synagogue ne se tende à nouveau quelques heures plus tard, alors que débutait la conférence de Bernard Henri-Lévy devant une assemblée venue nombreuse. L’intervention rapide de la police a permis d’enlever drapeau et pancarte, sans toutefois faire la lumière complète sur l’identité du ou des locataires de l’appartement qui ferait l’objet d’un sous-bail.
« Il y a une volonté de faire le buzz, même si c’est un bad buzz »
« C’est un micro-événement, une démarche de buzz, même si c’est un bad buzz« , considère le président du consistoire israélite Michel Cohen-Tenoudji, confiant toutefois être « effaré de voir ce qui se passe en France. Bernard Henri-Lévy est un intellectuel, un philosophe, un penseur. Or il est arrivé à la synagogue dans une voiture blindée et escorté de six agents de sécurité, parce qu’il est menacé ! Comment comprendre que dans le pays des Lumières, on ne puisse plus s’exprimer librement sans craindre pour sa sécurité ? Spinoza doit se retourner dans sa tombe… (1) « .
Oui, #Israel est seul. Seul pour affronter un ennemi, le #Hamas, bien plus puissant (car #Iran, Turquie, Qatar, #Russie etc) que, jadis, Al Qaida & Daech. Et seul pour assumer la responsabilité des tragédies que génère cette sorte de guerre.
Cette solitude, aussi, est tragique pic.twitter.com/6pAPe0XSRj— Bernard-Henri Lévy (@BHL) April 6, 2024
Si le président du consistoire considère que Marseille « est une ville un peu plus protégée de l’antisémitisme » que le reste du territoire français, « peut-être de par sa longue tradition cosmopolite« , il relève cependant les crachats, les menaces et les insultes que des Marseillais portant la kippa reçoivent dans la rue, rappelle les menaces dont le grand rabbin de Marseille a fait l’objet il y a trois mois, après l’attaque du Hamas en Israël.
« Pourtant, assure Michel Cohen-Tenoudji, nous faisons tout à Marseille pour que les communautés puissent se parler. Et je suis d’ailleurs convaincu que même s’ils font beaucoup de bruit, ceux qui essaient d’importer le conflit israélo-palestinien en France ne sont pas si nombreux que cela« .
Les événements de mercredi n’ont toutefois pas empêché BHL de se livrer à une longue séance de dédicaces de son dernier ouvrage à l’issue de la conférence, avant de quitter la Grande Synagogue comme il était venu: sous escorte d’une demi-douzaine de gardes du corps et en véhicule blindé.
(1) « Chacun pense comme il veut, et la liberté de penser est un droit naturel et inaliénable », affirme Spinoza dans le chapitre XX du Traité théologico-politique (1672).
Par Blandine FRAYSSE