Marco Mouly : «le roi de l’arnaque» part en cavale après la révocation de son sursis

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Ce protagoniste de la fraude à la taxe carbone a été rattrapé par une autre affaire dans laquelle il avait été condamné en 2019, le juge estimant qu’il n’a pas respecté ses obligations. Auprès de «Mediapart», Marco Mouly dit filer pour ne pas retourner en prison.

Il est l’un des visages de l’escroquerie géante à la TVA sur le marché du carbone. Marco Mouly a dit partir en cavale vendredi 8 mars, alors que la justice venait d’ordonner son incarcération. «Je défie la police», «je suis déjà dans la voiture», a affirmé le «roi de l’arnaque» par téléphone à Mediapartpeu après que le juge de l’application des peines a révoqué le sursis dont il bénéficiait.

Cette fois, ce protagoniste de «l’escroquerie du siècle» n’est toutefois pas visé pour sa vaste fraude à la TVA sur le marché des droits à polluer. Le juge a estimé qu’il n’avait pas respecté plusieurs obligations concernant l’une de ses autres condamnations, prononcée en 2019 dans le cadre de l’affaire «Vendôme Trading», où il avait détourné des fonds européens destinés à la TVA et remboursés par l’Etat danois.

Concernant son obligation de travailler, Marco Mouly occupait «un emploi fictif» de community manager, selon le juge, et «il a fourni à la justice des fausses fiches de paie, sur fond d’organisation bien huilée». Dans le même temps, le quinquagénaire a assuré lors d’une audition travailler à un second livre et avoir décroché un rôle principal dans un film qui doit être tourné prochainement.

L’arnaqueur n’a pas non plus réglé en totalité l’amende, le juge notant un reliquat de 11 569 euros sur une amende de 15 000 euros. Il doit par ailleurs des sommes très importantes dans le cadre de ses autres condamnations, toutes affaires confondues, est-il relevé dans la décision.

Par conséquent, le juge ordonne la révocation partielle à hauteur de 18 mois de la peine de trois ans d’emprisonnement prononcée en avril 2019 par la cour d’appel de Paris pour escroquerie réalisée en bande organisée courant 1998 et 1999. Cette peine de trois ans de prison était assortie d’un sursis probatoire sur une période de trois ans. La date d’expiration du délai de probation était fixée au 20 janvier 2024.

«Jamais je retourne en prison»

Son avocat, Me Philippe Ohayon, a indiqué à l’AFP avoir fait appel de cette décision, «déloyale, illégale et injuste» selon lui. «Est-ce que le parquet pourrait avoir l’élégance de laisser la cour d’appel avoir le dernier mot dans ce dossier plutôt que de créer un climat de terreur pour le paiement d’une amende ?» a-t-il déclaré.

«J’en veux à la société. Je me tiens à carreau et voilà qu’on me ressort une affaire de 1998 !» a pesté Marco Mouly auprès de Mediapart. La veille du jugement, il prévenait déjà : «Jamais je retourne en prison. Et avec moi, la cavale, c’est dans les grands hôtels et les palaces.»

Celui qui s’auto-surnomme «le plus gros des mythos» avait déjà pris la poudre d’escampette après sa condamnation en appel à huit ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende dans l’affaire dite de la «taxe carbone», avant que sa cavale ne s’achève au bout de quelques mois, en Suisse. Placé en semi-liberté en avril 2020, il rentrait dormir entre les barreaux en limousine. Auprès de Libé, il avait ensuite reconnu : «J’aime frimer de temps en temps, c’est vrai.»

Source liberation