Ce mardi 5 mars, l’ONG United Nations Watch a tenu une conférence de presse à Paris, en présence de son directeur exécutif, Hillel Neuer. L’événement a permis d’exposer le rôle de l’Unrwa, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, critiquée pour son implication à Gaza depuis le 7 octobre.
« Il est grand temps que la France et l’Europe ouvrent les yeux : l’Unrwa tue », a déclaré Hillel Neuer, ce 5 mars, devant les journalistes. Dès le début, il donne le ton. Sa mission est de surveiller étroitement le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, basé à Genève, en Suisse, et lié aux Nations Unies à New York, afin de détecter les violations des droits de l’homme à travers le monde. « Les problèmes liés aux droits de l’homme se produisent à toute heure », constate Neuer. Le directeur exécutif d’United Nations Watch profite de son passage à Paris pour présenter à Emmanuel Macron une pétition réclamant la dissolution et le remplacement de l’ONG.
Hillel Neuer a livré un témoignage important devant le Congrès des États-Unis le mois dernier, incitant le pays non seulement à suspendre le financement de l’Unrwa – l’agence pour les réfugiés palestiniens de l’ONU – mais aussi à dissoudre l’organisation qu’il estime « truffée d’incitations à la haine, d’implication dans le terrorisme et de perpétuation de la guerre ». Sa visite en France intervient alors que la Commission européenne annonce le versement de 82 millions d’euros à l’Unrwa pour 2024. Une première tranche de 50 millions d’euros devrait être versée la semaine prochaine, malgré l’enquête en cours sur l’implication présumée de 12 membres du personnel dans des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Hillel Neuer a été pris au dépourvu par cette décision. Il indique que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en place un comité d’examen indépendant, dirigé par l’ancienne ministre Catherine Colonna, pour évaluer l’Unrwa. Les principaux États donateurs attendent les résultats de cette enquête, prévus pour fin avril. « Pourquoi le versement des fonds a-t-il été effectué avant les conclusions de l’enquête ? » s’interroge Neuer, remettant en question « l’indépendance de ce groupe »
« L’Unrwa n’a pas le mandat de vérifier ce qu’il se passe sous la bande de Gaza. »
Il cite un tweet du 13 janvier dernier où Catherine Colonna exprimait son soutien au chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, en écrivant : « Plein soutien à votre travail, plus utile que jamais. » Ce dernier, lors d’un voyage au siège des Nations unies à Genève en février, a déclaré : « L’Unrwa n’a pas le mandat de vérifier ce qu’il se passe sous la bande de Gaza. » Récemment, Catherine Colonna a affirmé, lors d’une visite à New York, que son rôle était de « rassurer les donateurs » . Hillel Neuer s’interroge : « Est-ce vraiment un examen professionnel et adéquat ? »
Aux côtés du directeur d’UN Watch se tient la mère de Jonathan Samerano, dont le corps sans vie a été enlevé et transporté dans la bande de Gaza par un employé de l’Unrwa après avoir été tué par le Hamas le 7 octobre. Elle souhaite dévoiler aux journalistes présents dans la salle des images provenant d’une caméra de vidéosurveillance. On aperçoit une jeep blanche entrer dans le kibboutz Be’eri et s’arrêter devant trois cadavres étendus sur la route. Deux individus sortent du véhicule et déplacent le corps de Jonathan Samerano, qu’ils disposent dans le coffre.
L’un des individus identifiables sur la vidéo serait Faisal Ali Mussalem al-Naami, un employé de l’organisation onusienne dans la bande de Gaza. « Comment l’ONU peut-elle rémunérer cet homme qui a traîné le corps inerte de mon fils par terre et l’a ensuite ramassé comme s’il était un trophée pour le ramener à Gaza ? Rendez-le-moi, rendez-moi mon fils, » implore Ayelet Samerano. « Y a-t-il d’autres otages retenus par des employés de l’ONU en ce moment même où nous parlons ? » Elle rappelle que la prise d’otages constitue un crime de guerre, ajoutant : « Nous demandons à l’UNRWA non seulement d’enquêter, mais aussi de communiquer en toute transparence avec les familles. »
L’ancien avocat général de l’Unrwa, James G. Lindsay, prend ensuite la parole. Ayant travaillé pour l’organisation de 2000 à 2007 et en tant qu’avocat général à partir de 2002, il avait déjà alerté il y a quinze ans sur les dérives idéologiques de l’agence des Nations unies. Dans un rapport datant de 2009, il suggérait déjà que « l’Unrwa avait pris très peu de mesures pour détecter les terroristes parmi ses rangs et empêcher les membres d’organisations terroristes, telles que le Hamas, de s’y joindre » James G. Lindsay appelle à une enquête approfondie sur les activités de l’Unrwa, affirmant que l’organisme ne résout pas le problème des réfugiés palestiniens, mais contribue à le perpétuer. Il déclare : « Il ne fait aucun doute que le Hamas l’utilise pour promouvoir ses objectifs. L’Unrwa est essentiellement son bras éducatif, financé par la communauté internationale. »
Mettre fin à l’Unrwa ?
Concernant la perspective post-conflit, il propose la création d’un consortium international composé de pays occidentaux et du Moyen-Orient, soulignant que cette tutelle devrait durer au moins cinq ans. Il s’interroge enfin sur la possibilité de mettre fin à l’Unrwa. « Théoriquement, l’Assemblée générale qui a créé l’organisation pourrait y mettre fin, mais pratiquement tous ses membres expriment un soutien en faveur de son renouvellement » indique-t-il. Une autre approche, serait, selon lui, que les pays donateurs cessent définitivement de lui verser des contributions financières.
La députée Renaissance Caroline Yadan, également présente, a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de résolution visant à condamner l’enseignement de la haine aux enfants palestiniens. Elle affirme que « pendant des décennies, les enfants de l’Unrwa ont été exposés à un langage de violence. Quelles que soient les matières enseignées, les leçons dispensées encouragent la haine et la passion destructrice ». Elle pointe du doigt les écoles de l’Unrwa qui sont devenues, selon ses termes, des « centres d’endoctrinement promouvant la haine envers les Juifs » et contribuant à la « formation des futurs terroristes ».
La députée étaye ses propos en citant des extraits de manuels scolaires utilisés dans ces écoles, parmi lesquels figurent des phrases telles que « l’objectif des gangs sionistes est de perpétuer le massacre » (Manuel Unrwa, Histoire moderne de la Palestine), « Mourrez en martyrs et accomplissez le djihad. Les Juifs sont voués à la destruction » (Manuel Unrwa, Éducation islamique) ou encore « Les Juifs sont sournois, perfides et hostiles » (Manuel Unrwa, Carte d’étude – Éducation islamique). « Au commencement de la violence se trouve la pensée. L’Unrwa savait, accuse-t-elle. Elle a failli à sa mission d’éducation, de respect des droits humains et de transmission de la paix. » Caroline Yadan souligne enfin l’urgence de repenser le destin des réfugiés palestiniens afin d’offrir aux générations futures la possibilité de vivre ensemble « pacifiquement » sur une terre partagée : « Ainsi, les victimes du massacre du 7 octobre ne seront pas mortes pour rien. »