Européennes : Rima Hassan, une militante anti-Israël sur la liste LFI

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La liste des Insoumis aux élections de juin a été dévoilée ce mercredi en début d’après-midi. Elle accueille en septième place une activiste pro-palestinienne au profil plutôt sulfureux.

Dans la petite salle où Manon Aubry vient de présenter la liste qu’elle devrait conduire aux élections européennes, c’est la première question posée par un journaliste : pourquoi avoir offert à Rima Hassan, personnalité « clivante », la septième place sur la liste, donc un possible siège au Parlement européen.

Clivante ? Manuel Bompard ne comprend pas bien. Le numéro deux de LFI refuse le terme, rejetant sur les journalistes cette manie de créer des histoires là où il n’y en aurait pas. Non, dit-il, l’universitaire de 32 ans « n’a jamais soutenu le Hamas », pas plus que les élus LFI ne l’ont fait – la députée Danièle Obono l’a pourtant qualifié de « mouvement de résistance ».

Proche du député David Guiraud

L’offre faite à Rima Hassan par les Insoumis est pourtant loin d’être neutre. Elle conforte le soutien inconditionnel apporté par LFI aux Palestiniens et à Gaza, une façon d’élargir son audience dans l’électorat musulman. La jeune femme, juriste en droit international, milite pour une Palestine « de la mer au Jourdain », un slogan entonné par l’OLP et le Hamas qui implique le démantèlement de l’État d’Israël tel qu’il existe.

Rima Hassan était d’ailleurs présente aux côtés du député David Guiraud – dont elle est très proche – lorsque l’élu avait dit lors d’une conférence à Tunis en novembre 2023 : « Le bébé dans le four, ça a été fait, c’est vrai, par Israël, la maman éventrée, ça a été fait, c’est vrai, par Israël. » L’hebdomadaire Marianne rapporte aussi que, lors d’une autre conférence, toujours en novembre, à la question « Le Hamas mène une action légitime ? », Rima Hassan avait répondu : « Vrai ».

La jeune femme évoque son histoire d’enfant réfugiée pour expliquer son combat. Elle est née à Alep, en Syrie, dans ce qui fut un camp de réfugiés, et a grandi à Neirab, une ville intégrée à Alep. Elle n’est donc pas, à proprement parler, une réfugiée ; seuls ses grands-parents le sont. Mais elle se bat pour la reconnaissance d’un droit transmissible de ce statut jusqu’aux arrière-petits-enfants de réfugiés, une hypothèse exclue par les accords d’Oslo de 1993. À 10 ans, elle arrive à Niort, et devient française à sa majorité.

Des remous au sein de LFI

Jusqu’à l’attaque du Hamas, son combat en faveur des réfugiés et sa connaissance du sujet sont reconnus. ​​Le magazine Forbes la classe, en août 2023, parmi les « quarante femmes d’exception qui ont marqué l’année et qui ont fait rayonner la France à l’international », et le groupe L’Oréal l’avait choisie comme membre de son « conseil global pour la diversité et l’inclusion ».

Mais, au fur et à mesure que Rima Hassan prend fait et cause pour la Palestine et fustige Israël, le vent tourne. Le 8 novembre dernier, L’Oréal suspend le contrat qui les liait. Le magazine Forbes, de son côté, a préféré annuler la cérémonie 2024 des quarante femmes d’influence, qui devait se tenir le 3 février. La jeune femme comptait y venir entourée de militants pour promouvoir son combat.

Les prises de position de l’universitaire semblent aussi avoir provoqué des remous au sein de LFI. Selon nos informations, les Insoumis étaient partagés. Une candidature de Rima Hassan était soutenue par les députés Thomas Portes, Carlos Martens Bilongo et surtout David Guiraud. Mathilde Panot, en revanche, était beaucoup plus réservée.

Des bons connaisseurs du Proche-Orient auraient appelé Jean-Luc Mélenchon à la prudence. Syriens, Jordaniens, Hamas, Fatah : il est difficile de savoir exactement quels sont les soutiens de Rima Hassan dans cette région où un faux pas diplomatique est très vite commis…

Au sein des eurodéputés LFI, si elle est élue, Rima Hassan devrait être à son aise. En octobre 2023, trois eurodéputés Insoumis, dont Manon Aubry, avaient refusé de voter une résolution condamnant les attaques du Hamas. Certes, ces trois parlementaires avaient bien entériné le paragraphe condamnant « les attaques terroristes et les meurtres abjects commis par le Hamas contre Israël », mais avaient refusé de voter l’entièreté de la résolution.

Le 17 janvier, c’est l’eurodéputé LFI Younous Omarjee qui déposait un amendement proposant de remplacer le terme « terroriste », pour évoquer le Hamas, par celui de « groupes armés palestiniens ». L’amendement a été rejeté. Mais Younous Omarjee ne l’est pas par LFI : il figure à la très honorable deuxième place sur la liste aux européennes.

Par Michel Revol et Erwan Seznec

Source lepoint