La Turquie annonce avoir arrêté une trentaine d’espions du Mossad

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Alors que les tensions entre la Turquie et Israël sont très fortes, les autorités turques viennent de procéder à une vague d’arrestations dans tout le pays de personnes considérées comme agents du Mossad.

C’est une nouvelle opération spectaculaire. Le ministre turc de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé mardi l’arrestation de 33 individus, accusés d’officier pour le compte du Mossad, les services de renseignements israéliens, en Turquie. Les suspects ont été placés en détention à l’issue de raids menés à Istanbul ainsi que dans sept autres provinces du pays, et au cours desquels « 143.830 euros et 23.680 dollars en espèces » ainsi « qu’un grand nombre de cartouches et du matériel numérique » ont été découverts, selon le ministère de l’Intérieur. Treize autres suspects seraient encore recherchés.

« Une opération insidieuse et des tentatives de sabotage sont menées contre la Turquie et ses intérêts », a lancé le président turc Recep Tayyip Erdogan à la suite de ces arrestations. Ali Yerlikaya a d’ailleurs affirmé que ces espions projetaient d’ourdir des opérations clandestines sur le territoire, notamment « des agressions et des enlèvements de ressortissants étrangers officiant dans le secteur humanitaire » en Turquie.

En décembre 2022, la police turque avait déjà appréhendé 44 personnes suspectées d’espionner la communauté palestinienne pour le compte de Tel-Aviv. Mais le coup de filet de mardi intervient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre la Turquie et Israël à la suite de l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre et la riposte militaire menée par Tsahal dans la bande de Gaza.

Violentes diatribes d’Erdogan

Si le président turc avait dans un premier temps opté pour une posture relativement équilibrée vis-à-vis du conflit, condamnant aussi bien l’attaque du Hamas que les agissements d’Israël, très vite, il a vilipendé l’Etat hébreu et défendu les hommes du Hamas, qu’il a qualifié de « libérateurs ».

Depuis, si les relations diplomatiques et les échanges commerciaux n’ont pas été rompus, le leader turc multiplie les diatribes à l’égard d’Israël, cherchant ainsi à se poser en ultime défenseur des Palestiniens face à l’apathie du monde sunnite.

Après avoir affirmé que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, devrait être jugé par la Cour pénale internationale pour crimes de guerres, la semaine dernière, Recep Tayyip Erdogan l’a comparé à Hitler, affirmant que « les attaques d’Israël contre Gaza n’étaient en rien différentes au traitement infligé au peuple juif par les nazis ».

Eliminer les cadres du Hamas

Et, alors que Ronen Bar, le chef de l’agence israélienne de renseignement intérieur Shin Bet a annoncé sa détermination d’éliminer les cadres du Hamas « où qu’ils soient », y compris « à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Turquie et au Qatar », le président turc a rétorqué que de telles opérations en Turquie entraîneraient de « sérieuses conséquences ». Mardi, le numéro deux du Hamas a été tué par une frappe israélienne près de Beyrouth.

Si les autorités turques ont demandé aux membres du Hamas présents sur le sol de quitter le territoire dans la foulée de l’attaque du 7 octobre, le Trésor américain a souligné depuis sa « vive préoccupation » quant au rôle joué par la Turquie dans l’accès du Hamas aux financements étrangers.

Ce lundi 1er janvier, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées sur le pont Galata à Istanbul pour protester contre le sort des Palestiniens. L’organisateur n’était autre que la fondation Tugva, dont le fils du président, Bilal Erdogan figure au sein du conseil d’administration.

Virginie Robert

Source lesechos