Il était le dernier survivant lyonnais des camps d’Auschwitz. Un modèle de courage et de résilience. Claude Bloch est décédé à l’âge de 95 ans, a informé Grégory Doucet.
Nous l’avions rencontré en novembre 2022. Un long entretien émouvant au court duquel il nous avait raconté, sans que sa mémoire ne lui fasse une seule fois défaut, l’horreur qu’il avait vécu lors de la Seconde guerre mondiale.
Au revoir Monsieur Bloch
Une voix indispensable, généreuse, infinie.
Merci pour cette transmission pic.twitter.com/2HTOdqQmf4— Pierre OLIVER (@poliver69) January 1, 2024
Claude Bloch, dernier rescapé d’Auschwitz à Lyon, est décédé dimanche 31 décembre 2023 à l’âge de 95 ans. C’est le maire de Lyon Grégory Doucet qui a fait l’annonce dans la nuit de la Saint-Sylvestre, vers 1h du matin lundi 1er janvier 2023.
« C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris ce soir la mort de Claude Bloch. Rescapé d’Auschwitz, il fut un passeur de mémoire auprès des jeunes générations tout au long de sa vie. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches », a écrit Grégory Doucet sur X (ex-Twitter).
C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris ce soir la mort de Claude Bloch.
Rescapé d’Auschwitz, il fut un passeur de mémoire auprès des jeunes générations tout au long de sa vie. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
— Grégory Doucet (@Gregorydoucet) December 31, 2023
Déporté à l’âge de 15 ans
Il avait 15 ans et 8 mois lorsque l’horreur a frappé à sa porte, l’emmenant lui, sa mère et son grand-père au siège de la Gestapo, place Bellecour, parce que juifs. C’était le 28 juin 1944.
« On s’était réfugiés à Crépieux. Ce jour-là, ma grand-mère n’était pas présente. Si elle avait été prise en même temps que nous, je n’aurais eu personne en rentrant de la guerre », avait-il confié à actu Lyon en 2022. Claude est immédiatement transféré à la prison de Montluc (Lyon 3e), qu’il avait présenté à Emmanuel Macron le 8 mai dernier, avec sa mère. Il y reste quasiment un mois.
Il est ensuite emmené, toujours avec sa mère, à Drancy. Ils feront partie du dernier convoi à destination d’Auschwitz, le 31 juillet 1944, transportant 1 000 adultes et 300 enfants dans des wagons à bestiaux.
De retour à Lyon avec sa grand-mère maternelle
Il est libéré et sauvé du camp le 10 mai 1945 puis revient vivre à Lyon avec sa grand-mère maternelle. À la question de savoir si la Guerre et sa déportation le terrifiait encore, il nous a répondu : « Non. Et heureusement. C’était il y a très longtemps, j’ai eu ma famille après… ».
Père, grand-père et arrière grand-père, il se disait comblé. « Je dis toujours que j’ai 16 membres de ma famille alors que j’aurais dû n’avoir personne, je n’aurais pas dû rentrer ». Depuis des années, Claude Bloch transmettait la mémoire des rescapés lors d’interventions dans les collèges et lycées de la région et au-delà.
Récemment il avait aussi manifesté son soutien aux victimes de l’attaque terroriste du Hamas en Israël survenue le 7 octobre 2023.
Parce que Claude Bloch a participé aux nombreux témoignages que j’ai organisé dans des établissements scolaires à Genève, parce qu’il a partagé l’atroce récit de son adolescence avec des milliers de jeunes qui lui témoignaient un immense respect et qui, je l’espère, se souviendront de ce garçon de ce vieil enfant de quinze ans qui revivait devant eux les déchirements, les souffrances, les supplices auxquels il avait survécu. Après chaque témoignage Claude leur demandait de ne pas applaudir. “Il y a eu trop de morts, trop de souffrances, n’applaudissez pas! Mais souvenez vous!”. Cher Claude, après les témoignages tu partageais notre table familiale. Puis nous nous voyions régulièrement à Lyon, nous déjeunions chez Georges, puis nous prenions un café chez toi, dans l’appartement empli de souvenirs où tu avais vécu avec ta grand-mère après ton retour. Lorsque tu avais voulu retourner au lycée après ta déportation et que le directeur n’avait pas voulu te réintégrer, toi l’enfant martyr, car disait-il “tu t’étais absenté plus d’une année sans t’excuser “. Ce refus de reconnaître ta déportation, tes souffrances, ta situation d’adolescent juif, et à travers toi le martyr de tout le peuple juif, t’avait marqué à jamais. Claude tu étais devenu un ami. Repose en paix….