Son investissement à 25 milliards de dollars sera financé à hauteur de 3,2 milliards par l’Etat israélien.
Le géant américain de l’électronique Intel a confirmé qu’il allait bien créer une méga unité de production de puces à 25 milliards de dollars en Israël après avoir sécurisé un soutien de 3,2 milliards de dollars de la part de l’administration du pays, soit un peu plus qu’initialement prévu. Une bonne nouvelle pour l’économie israélienne, résiliente mais ébranlée.
Lorsque le gouvernement israélien avait annoncé le projet en juin dernier, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, avait salué le « plus gros investissement d’une entreprise internationale jamais réalisé en Israël ». L’opération contre le Hamas après les attentats du 7 octobre n’a pas fait dérailler le projet, même si le site de Kiryat Gat (au sud de Tel Aviv) en question se trouve seulement à 42 kilomètres de la bande de Gaza.
Une présence ancienne en Israël
L’agence Bloomberg rapporte que le gouvernement a demandé à Intel de rendre l’usine, dont la construction a commencé, opérationnelle d’ici à 2028 et jusqu’à minimum 2035. Intel s’engage à dépenser 17 milliards de dollars environ auprès de sous-traitants locaux sur la prochaine décennie, ce qui va créer des milliers d’emplois.
Intel emploie aujourd’hui environ 12.000 personnes dans le pays. L’entreprise de Santa Clara, qui opère en Israël depuis 1974, y possède quatre centres de développement situés à Haïfa, Yakum, Petah Tikva et Jérusalem, ainsi que des usines de fabrication à Kiryat Gat et Jérusalem. En 2017, le vétéran des semi-conducteurs avait également acquis pour plus de 15 milliards de dollars la société israélienne spécialisée dans les systèmes anticollisions Mobileye.
Double repositionnement
Intel recentre la production des puces les plus avancées en Europe et aux Etats-Unis, alors que l’Asie du sud-est, qui concentre aujourd’hui les trois quarts de la fabrication de semi-conducteurs dans le monde, est moins intégrée dans la chaîne mondiale d’approvisionnement. L’investissement de 25 milliards en Israël participe de ce mouvement.
« Dans la guerre mondiale des puces, l’Europe doit cultiver ses points forts » (Chris Miller, professeur à la Tufts University et auteur de « Chip War »). Cette diversification géographique par la société de Pat Gelsinger se double d’un grand virage stratégique : produire des puces sur mesure pour des clients extérieurs Cette activité de fondeur est traditionnellement le coeur de métier de ses plus grands concurrents, TSMC et Samsung.
La division Intel Foundry Services (IFS), lancée en 2021, compterait déjà pour clients Amazon Web Services, Cisco et le département de la Défense américain. Elle vient d’entrer à la neuvième place dans le Top 10 des fondeurs établi par le cabinet TrendForce, avec un chiffre d’affaires en hausse de 34 % au troisième trimestre.
Par Nicolas Madelaine