Mort de Ryan O’Neal, la star de “Love Story” et “Barry Lyndon”

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L’acteur américain, nommé aux Oscars pour son rôle dans “Love Story” et inoubliable Barry Lyndon dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, est mort à l’âge de 82 ans.

Quand Ryan O’Neal est engagé pour jouer l’amoureux éperdu d’Ali MacGraw dans Love Story (1970), il n’est que… le neuvième choix du producteur Robert Evans (après les refus, d’entre autres, de Michael Douglas, Jon Voight ou encore Peter Fonda). Et le réalisateur, Arthur Hiller, snobe ce blondinet de 29 ans venu de la série télé Peyton Place. Et pourtant, l’adaptation du best-seller pour midinett d’Erich Segal va faire pleurer les spectatrices du monde entier. Et faire de Ryan O’Neal une star à l’aura séductrice équivalente, à l’époque, à celle du « serial lover » Warren Beatty.

Fort de ce triomphe, le (très) beau gosse californien devient, en quatre ans et trois films, l’acteur fétiche de Peter Bogdanovitch, le cinéaste qui a, alors, le vent en poupe au sein du Nouvel Hollywood. O’Neal se montre convaincant dans le burlesque échevelé de On s’fait la valise, doc ! (1972), où son personnage de musicologue distrait doit faire face à une Barbra Streisand déchaînée. Très drôle encore, mais aussi touchant, en escroc qui vend des bibles à des veuves éplorées dans La barbe à papa (1973), une comédie mélancolique sur la Grande Dépression des années 1930 où il donne la réplique à sa propre fille, Tatum. Et amusant, une fois de plus, en avocat devenu réalisateur dans Nickelodeon (1976), une évocation comique des débuts du cinéma muet.

Kubrick, boxe et télé-réalité

Les deux premiers films font un carton, le troisième est un bide noir. Mais en 1975, Ryan O’Neal, à la surprise générale, est choisi par Stanley Kubrick pour le rôle-titre de Barry Lyndon, un Irlandais pauvre du XVIIIe siècle devenu soldat, espion puis aristocrate anglais grâce à un mariage d’intérêt avant de retomber dans la misère. « A vrai dire, je ne pouvais penser à parsonne d’autre, expliquera après coup le cinéaste à Michel Ciment (1). Il convenait au personnage : le rôle ne pouvait donc être tenu par Al Pacino, Jack Nicholson, Dustin Hoffman ou Steve McQueen ».

Avec le chef d’œuvre de Kubrick, la carrière de O’Neal est au zénith, mais plus pour longtemps. S’il est bien placé dans le générique « all stars » de la superproduction guerrière Un pont trop loin (1977), s’il séduit encore l’année suivante en braqueur as du volant face à Isabelle Adjani dans Driver (le film de Walter Hill qui inspirera trente-trois ans plus tard le personnage de Ryan Gosling dans Drive), la suite de Love Story, baptisée Oliver’s Story (1978) laisse le public de marbre. Dès lors, Ryan O’Neal, tourne beaucoup moins, dans des films souvent peu vus, malgré quelques performances mémorables – son interprétation d’un écrivain alcoolique dans Les vrais durs ne dansent pas de Norman Mailer vaut le détour. La dernière fois qu’on l’a vu sur grand écran, c’était pour une courte apparition dans Knight of Cups, de Terrence Malick en 2015.

Il était toutefois revenu régulièrement à la une des médias, en raison d’une vie privée pour le moins tourmentée. Passion à rebondissements avec la « Drôle de dame » Farah Fawcett – qu’il avait piquée à son copain Lee Majors -, et qui se termine comme dans Love Story ; arrestation pour possession de drogue ; grosse brouille avec sa fille Tatum qui donnera lieu à un show de téléréalité en 2011 ; bagarre avec son fils Griffin qui nécessite l’intervention des policiers… : Ryan O’Neal, fidèle à ses racines irlandaises, pouvait se montrer aussi sensible qu’explosif sur un plateau comme dans la vie. Adolescent, il avait songé devenir boxeur professionnel après des débuts prometteurs dans les compétitions amateurs de Los Angeles – 22 combats, 18 victoires dont 13 par K.O., comme le précise son site internet. Autant que d’avoir survécu aux 350 jours de tournage épuisants de Barry Lyndon, l’une de ses plus grandes fiertés aura été d’avoir affronté le champion olympique et futur champion du monde des poids lourds Joe Frazier pendant deux rounds pour un show télé commenté par Mohamed Ali en 1966 – et pas pour faire de la figuration.

 

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Patrick Ryan O’Neal est mort vendredi 8 décembre des suites d’une longue maladie, a annoncé son autre fils, Patrick, sur Instagram. Il avait 82 ans.

Par Samuel Douhaire