Deux associations de médecins libéraux et de chirurgiens-dentistes lancent l’alerte face à la multiplication d’actes visant les professionnels de santé de confession juive.
Tags, insultes, propos haineux en ligne… Les médecins libéraux et chirurgiens-dentistes alertent face à la recrudescence d’actes antisémites à l’encontre de professionnels de santé de confession juive.
« Des confrères sont prêts à retirer leur plaque »
« Je n’imaginais pas que l’antisémitisme pouvait revenir comme ça », s’inquiète auprès d’actu Paris la Dr Fabienne Robichon, secrétaire générale de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Île-de-France. Face à la multiplication des dégradations et agressions de ses confrères, elle alerte.
« Des étoiles de David sont gravées sur les plaques des praticiens, un confrère a porté plainte après qu’un homme a déboulé dans son cabinet en lui assénant : ‘Je vais t’égorger sale juif‘… », liste, atterrée, la secrétaire générale. « Des confrères sont prêts à retirer leur plaque par peur de l’agression, d’autres souhaitent s’équiper de bombe lacrymogène. »
Des faits recensés depuis le 7 octobre 2023, date de l’offensive du Hamas contre Israël. Si, pour le moment, aucun chiffre ne peut être avancé, les « actes se multiplient » et les professionnels « craignent pour leur sécurité ».
Contre ces actes, l’URPS incite les victimes à déposer plainte, ce qui est loin d’être évident pour ces derniers. « Les professionnels de santé ont une énorme résilience et, face à la lourdeur administrative que peut représenter une plainte, ils se découragent », poursuit la chirurgien-dentiste. Sans parler des rendez-vous qu’ils tiennent à honorer alors qu’ils exercent dans un désert médical.
Organiser des gardes dans des lieux sécurisés par des vigiles
C’est pour les mobiliser et les pousser à se tourner vers les forces de l’ordre que l’URPS a diffusé un communiqué condamnant les actes antisémites. Par ailleurs, des discussions sont en cours avec le ministère de la Santé pour « simplifier le dépôt de plainte » et réfléchir à des mesures pour protéger les praticiens.
« On planche notamment sur le fait de déporter les gardes du week-end en dehors des cabinets, dans des lieux sécurisés par des vigiles », esquisse la secrétaire générale, évoquant la vulnérabilité des médecins qui se retrouvent à exercer seuls lors de ces gardes. Une connexion privilégiée avec les forces de l’ordre est également à l’étude.
Selon les remontées des autres URPS, l’Île-de-France serait la région la plus exposée aux actes antisémites contre les professionnels de santé.
Par Marie Amelie Marchal