Boris Le Lay, le blogueur qui fait entendre sa voix nazillarde depuis le Japon

Abonnez-vous à la newsletter

Actif depuis bientôt vingt ans, le blogueur d’extrême droite Boris Le Lay est recherché par Interpol et vit planqué au Japon, d’où il continue à inonder le web de ses insanités racistes, antisémites et LGBT-phobes.
Appeler à la «croisade» contre la «secte mahométane» ou qualifier un autre influenceur d’extrême droite de «suceur de juifs» est presque un classique pour Boris Le Lay. Cet homme, dont tout tend à démontrer qu’il tient le site interdit et violemment raciste et antisémite «Démocratie participative» (ou «DemPart») qui incite à «évangéliser» la France à coups de tracts nazis, vit actuellement caché au Japon, et ce depuis dix ans. Condamné à plusieurs dizaines de reprises pour des appels à la haine ou injures raciales autant que pour négation de crime contre l’humanité et menaces de mort, le quadragénaire breton cumule plus d’une dizaine d’années de prison à purger. Il ne peut être extradé, car marié avec une Japonaise, et continue à déverser son torrent de haine en ligne et à cumuler de nouvelles condamnations. Fin juillet, par exemple, DemPart relayait le discours du suprémaciste blanc américain Nick Fuentes, loué pour avoir récemment appelé à la «guerre sainte» contre les Juifs, déclarant : «nous ferons mourir» ces «ennemis du Christ».

L’une des dernières victimes du blogueur extrémiste est l’élue Renaissance de Rosny-sous-Bois Shannon Seban, cible d’une énième saillie antisémite. L’ancienne conseillère de Bruno Le Maire, assez présente dans les médias, a annoncé fin juillet avoir déposé plainte. La semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon et le député LFI Thomas Portes – dont «DemPart» se félicite qu’il soit menacé de mort par un groupe d’extrême droite, comme l’a révélé Libé le 20 juillet – ont aussi été attaqués de manière ignoble.

Réceptacles de ses obsessions

Car si DemPart semble prendre du plaisir à user d’un vocabulaire ordurier, l’homme derrière le clavier se vit bien – et est perçu comme tel par ses adeptes – comme un influenceur politique. Bien qu’interdit depuis cinq ans à la suite d’une décision de justice alors inédite, son site ne cesse de changer d’adresse URL pour échapper aux gendarmes du web et reste une institution à l’extrême droite. Il est lu par plusieurs milliers de personnes chaque mois. Parmi eux, le pire des néonazis français ou, notamment, des militants de Génération identitaire. Des policiers, aussi, révélaient Mediapart et Arte en juin 2020 : les agents affectés à la garde du tribunal de Rouen s’échangeaient ainsi des liens vers le site ou suivaient sur leurs téléphones, avec des écouteurs, ses émissions audio en plein palais de justice…

Boris Le Lay, né à Quimper en 1981, a commencé son activisme il y a presque vingt ans au sein du mouvement indépendantiste d’extrême droite Adsav avant de très vite se replier sur le Web. Là, il a laissé libre cours à sa radicalité. «Leprojetjuif.info» puis «Breiz Atao» (StreetPress a révélé en février qu’un certain nombre de figures de la fachosphère y étaient abonnées) et enfin, donc, Démocratie participative seront les réceptacles des obsessions du Breton et les déversoirs de sa bile. Au point qu’il finit par être fiché S et ciblé par une notice rouge émise par Interpol en janvier 2018. Pour autant, loin d’être un rebut d’Internet, il a compté jusqu’à 200 000 abonnés cumulés sur Facebook, Twitter et YouTube avant d’en être chassé, soulignait en 2019 le média SlateUn nombre qui a fondu au fil des bannissements prononcés par les réseaux sociaux, sans pour autant décourager l’extrémiste, qui reste très actif. Ils ne sont plus désormais que quelques milliers à le lire et à l’écouter. Les plus radicaux.

par Maxime Macé et Pierre Plottu