Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête judiciaire après une plainte de son épouse, déposée en 2022. La révélation ternit encore davantage la fin de « règne » de l’actionnaire principal de Casino.
Une chute sans fin et un très mauvais timing. Jean-Charles Naouri, PDG et actionnaire principal de Casino, pensait, grâce à un entretien paru mercredi 2 août dans Le Point, avoir apporté sa vision et une sorte de conclusion à l’opération financière qui va, d’ici à début 2024, lui faire perdre le contrôle de son entreprise.
L’homme d’affaires s’y est dit « fier » de l’accord de principe signé par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (actionnaire indirect du Monde) et le financier français Marc Ladreit de Lacharrière pour renflouer et relancer le groupe menacé dans sa survie même par un endettement colossal de 6,4 milliards d’euros. En somme, une sortie en bon ordre après une séquence catastrophique pour M. Naouri.
Et voilà que vingt-quatre heures seulement après cette parution, le patron déchu se voit rattrapé par une tout autre affaire : une accusation de violences et même de viol à l’égard de son épouse. Pour l’occasion, Jean-Charles Naouri a laissé l’une de ses avocates, Me Marie-Alix Canu-Bernard, être son porte-parole à la suite de la publication d’une dépêche de l’Agence France-Presse. L’AFP a, en effet, révélé que M. Naouri était visé par une information judiciaire ouverte par le parquet de Nanterre en juin pour viol et violences conjugales, après une plainte déposée par sa femme.
« Plainte pour dénonciation calomnieuse »
L’affaire est ancienne. Elle date de plus d’un an et fait suite au dépôt d’une première plainte de Mme Naouri en février 2022, classée sans suite le 26 août de la même année. Une deuxième plainte a été déposée par l’épouse du PDG en octobre 2022, avec constitution de partie civile.
Jean-Charles Naouri s’est marié en secondes noces, en 2007, avec une Israélienne rencontrée à Tel-Aviv en 2000. Le couple est séparé de fait depuis 2019 et se trouve en instance de divorce depuis décembre 2021. La plainte de Mme Naouri, que Le Monde a pu consulter, fait notamment état d’un séjour de deux semaines à Saint-Tropez (Var), à l’été 2020, avec leurs deux enfants, dans une villa de location, au cours duquel elle dit avoir subi plusieurs rapports sexuels non consentis, en dépit de problèmes de santé qui l’empêchaient d’avoir une vie intime sereine.
Fin de « règne »
Mme Naouri, qui assure ne jamais avoir été battue par son époux, dit avoir été victime de ses « violences psychologiques », de la façon dont il contrôlait son « apparence physique » – ses tenues, son maquillage, ses teintures capillaires –, limitait ses dépenses à 300 euros par semaine grâce à une carte de retrait Casino, et la surveillait quotidiennement, par l’intermédiaire de ses assistantes, gardes du corps et détectives privés.
A la suite de l’ouverture de l’information judiciaire, une juge d’instruction a été désignée mi-juillet pour réexaminer les faits qui opposent M. Naouri, 74 ans, à sa femme, âgée de 54 ans, défendue par Me Emmanuel Asmar depuis 2021. Ce dernier n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire.
La révélation ternit encore davantage la fin de « règne » de Jean-Charles Naouri, un patron longtemps porté aux nues par l’establishment, qui fut successivement inspecteur des finances, directeur du cabinet de Pierre Bérégovoy dans les années 1980 et repreneur de Casino en 1992, avant d’en devenir le PDG en 2005.