La genèse collective unique de MOMO, le dernier spectacle de Batsheva Dance Company

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Batsheva Dance Company présente son dernier spectacle MOMO à la Grande Halle de la Villette du 24 mai au 3 juin. Son originalité réside notamment dans sa genèse. Le spectacle naît de la fusion de deux pièces, et d’une collaboration danseurs-chorégraphe plus étroite que jamais.

Les corps de quatre hommes en pantalon cargo d’inspiration militaire, torse nu, percutent et font trembler la scène de la Grande Halle de la Villette. Comme en réponse à cette démonstration de force, un homme en tutu s’invite sur scène et esquisse quelques pas légers. Voilà un premier indice de la dualité de MOMO, la dernière oeuvre du Batsheva Dance Company, présenté du 24 mai au 3 juin prochains à la Grande Halle de la Villette dans le cadre de la programme « Chaillot nomade » du Théâtre national de la Danse.

Trust the process

Cette nouvelle pièce du chorégraphe israélien Ohad Naharin naît de l’assemblage de deux oeuvres. L’une, cousue-main par le directeur de la troupe pour ces quatre artistes masculins. L’autre, est née du travail de création libre et quasi-autonome du reste de la troupe. « La pièce combine deux travaux distincts. J’ai scindé la compagnie en deux groupes, et pour chacun d’entre eux, j’ai créé un spectacle complet. Et puis je les ai assemblé dans un seul lieu, au même moment. Je voulais me lancer un défi, et explorer des territoires que je n’avais pas exploré dans mon processus habituel », livre le maître physique et spirituel depuis 1990 de la compagnie basée à Tel-Aviv.

« Processus » : le mot-fétiche d’Ohad Naharin. Si MOMO aborde les thèmes en vogue de l’identité de genre, c’est avant tout son processus de création qui retient l’attention et stimule le chorégraphe, inventeur du mouvement « Gaga ». « Je pense que le processus de composition, et d’organisation de ces deux travaux différents offre beaucoup de possibilités en terme de d’atmosphère, de volume, de tessiture. Ces deux parties du spectacle n’entrent pas en collision de manière violente. C’est même un conflit plutôt joyeux en fait », poursuit Ohad Naharin.

Danseurs co-auteurs

L’aspect très conceptuel de MOMO s’efface derrière la performance viscérale, explosive et très personnelle des danseurs, crédités pour la première fois en tant que co-auteurs du spectacle. « Plus vous donnez de moyens aux gens avec qui vous travaillez pour qu’ils expriment leur propre créativité dans le processus, plus le processus est bon. Ce sont les danseurs qui sont importants, pas ma chorégraphie. C’est très important pour moi de les aider à devenir de meilleurs interprètes. je les emmène juste avec moi dans ce voyage. »

« Nous avons eu beaucoup de liberté et d’espace pour créer, confirme Londiwe Khoza, l’une de danseuses de Batsheva. Nous n’avons travaillé avec Ohad qu’au bout de trois ou quatre semaines d’expérimentations sur le spectacle. Nous étions vraiment seuls pour créer pendant qu’il travaillait avec les quatre hommes que vous avez vu toute à l’heure ». L’artiste sud-africaine a ainsi pu tailler laisser libre cours à son imagination et ses désirs pour créer le personnage qu’elle incarne sur scène. « Pour mon premier solo, j’ai décidé d’imaginer, un personnage maléfique. J’ai imaginé une pièce embrumée dans laquelle je peux me mouvoir sans effort. Cela vient de la notion d’une aura de pouvoir, de séduction irrésistible que je veux donner à mon personnage », précise-t-elle.

En offrant cette liberté de création à ses danseurs, Ohad Naharin compte former les chorégraphes de demain et continuer à diffuser dans le monde sa méthode unique en son genre.