Avant sa vente, le Codex Sassoon s’expose en Israël

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Le Codex Sassoon, plus ancienne bible hébraïque connue ayant pris le nom de son plus célèbre propriétaire, est actuellement exposé à Tel Aviv, avant d’être mise aux enchères à New York en mai.

La plus ancienne bible hébraïque quasi complète connue a été présentée mercredi 22 mars 2023 à la presse à Tel-Aviv, où elle doit être exposée au public pendant une semaine avant sa mise aux enchères à New York en mai. Le Codex Sassoon, du nom de son propriétaire le plus connu, David Solomon Sassoon (mort en 1942), daterait du Xe siècle de l’ère chrétienne, voire de la fin du IXe, selon Sotheby’s, qui procédera à la vente. Il est exposé à partir de jeudi au Musée du peuple juif, sur le campus de l’université de Tel-Aviv.

« Cette bible a été rédigée vers l’an 900, en Israël ou en Syrie », explique à l’AFP Sharon Mintz, spécialiste des textes du judaïsme chez Sotheby’s. Un acte de vente montre qu’elle a été vendue en l’an 1.000 et conservée dans la synagogue de Makisin dans le nord-est de la Syrie (aujourd’hui Markada) jusqu’à l’an 1.400 environ. « Le manuscrit disparaît ensuite pendant environ 500 ans et réapparaît en 1929 lorsqu’il est proposé à la vente à David Solomon Sassoon, l’un des plus grands collectionneurs de manuscrits en hébreux », poursuit-elle.

Ce manuscrit relié (codex) contient les 24 livres de la Bible hébraïque, ou « Tanakh », acronyme hébreu pour Torah (ou Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible), Prophètes (« Neviim » en hébreu), et autres écrits (« Ketouvim »). Il contient aussi des passages en grec et en araméen et il est dans un état de conservation visiblement exceptionnel. Seules 12 feuilles manquent. Mme Mintz souligne la valeur historique de cet exemplaire ancien et « presque complet de la Bible hébraïque [avec] les points [marquant les] voyelles, la cantillation et les notes de bas de page indiquant aux scribes comment écrire correctement le texte ». Pour Orit Shaham Gover, conservatrice du Musée du peuple juif, le codex Sassoon a une portée culturelle en plus d’une valeur linguistique et historique.

« Berceau de culture »

« La Bible joue un rôle central pour toute personne ayant un lien même fugace avec la culture occidentale et c’est la première bible qui a survécu à l’Histoire », dit-elle à l’AFP. « C’est le berceau de la culture juive. En tant qu’Israélienne et juive, je pense qu’il est très important que le peuple d’Israël puisse voir cette bible d’un intérêt capital », poursuit-elle. « Cette ancienne bible reflète l’histoire du peuple juif depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. » C’est un moment d’autant plus « rare et émouvant », que le Codex Sassoon, qui a « erré dans toutes sortes d’endroits à travers l’Histoire », n’a été présenté qu’une seule fois dans le passé au public, en 1982, à la British Library de Londres, souligne-t-elle.

Selon une datation au carbone 14, le Codex Sassoon est plus vieux et plus complet que le Codex d’Alep, écrit en Galilée au Xe siècle et rapporté en Israël dans les années 1950 après avoir été retrouvé dans cette ville syrienne. Le manuscrit est également jugé antérieur au Codex de Leningrad, plus ancienne copie du texte de la Bible hébraïque subsistant dans son intégralité, et daté du début du XIe siècle. Avant d’arriver en Israël, le Codex Sassoon a été présenté à Londres. Il sera ensuite présenté au public aux États-Unis, dans les villes de Dallas, Los Angeles et New York, où il sera vendu en mai, au cours de la classique saison des ventes de printemps qu’organisent dans la ville les mastodontes du secteur. Sotheby’s estime que le prix de ce trésor devrait s’établir à entre 30 à 50 millions de dollars, ce qui en ferait « le manuscrit le plus cher jamais vendu aux enchères » selon la maison de vente.

Le codex Sassoun est exposé au Musée de la Diaspora, qui se trouve dans l’enceinte de l’Université de Tel Aviv du 23 au 29 mars, pour des visites n’excédant pas 10 minutes.