Exposition immersive à Paris : dans les rêves de Chagall à l’Atelier des Lumières

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À partir du 17 février, l’Atelier des Lumières retrace l’œuvre onirique de Marc Chagall, de ses premières années parisiennes à ses expérimentations américaines. Une exposition immersive qui souligne la force de la palette de l’artiste et sa puissance théâtrale.

Mariés, musiciens, animaux en tout genre et chimères ont élu domicile à l’Atelier des Lumières. Depuis le 17 février et jusqu’au 7 janvier 2024, le centre d’art numérique parisien de Culturespace présente le monde foisonnant de Marc Chagall (1887-1985) dans une exposition inédite de Gianfranco Iannuzzi. Avec 300 tableaux, sculptures, vitraux, dessins, céramiques, mosaïques, costumes, photographies projetés sur les murs et sur le sol de l’ancienne fonderie du Chemin-Vert, l’événement retrace l’ensemble de l’œuvre de l’artiste qui a traversé le XXe siècle. L’univers coloré et onirique de Chagall prend vie à l’aide de détails entremêlés de ses œuvres sur fond de musique classique, jazz et klezmer (musique traditionnelle des Juifs ashkénazes).

Des mises en scène spectaculaires

De ses premières années à Paris, où Chagall se confronte aux mouvements cubistes, fauves et aux avant-gardes, expérimente une nouvelle lumière et développe sa riche palette, aux commandes monumentales tels les vitraux et le plafond de l’Opéra Garnier, l’exposition retrace toute la vie de l’artiste en présentant chaque série d’œuvres et moments marquants à travers des mises en scène spectaculaires.

Son exil aux États-Unis suite à la montée de l’antisémitisme est représenté de façon dramatique avec ses puissantes toiles bibliques (Ancien et Nouveau Testaments) qui annoncent la guerre et la Shoah, tandis que la découverte de New York et de son architecture est montrée comme une étape artistique où il renoue avec le théâtre et la musique. Mention spéciale pour l’extrait sur la commande du plafond du Palais Garnier. Dans cet extrait, Gianfranco Iannuzzi fait revivre aux spectateurs la découverte de l’œuvre en 1964. « Avec les images de l’époque, on se prépare pour aller à l’Opéra, on sent l’atmosphère de la fête, nous décrit le directeur artistique lors du vernissage. On entre ensuite dans le monument avec Malraux et Chagall dans la vidéo du soir de l’inauguration. Puis, on entend l’orchestre accorder ses instruments. On passe du noir et blanc à la couleur, le rideau de scène se lève, Carmen de Bizet commence et on dévoile le plafond de l’opéra. »

Découvrir des œuvres méconnues

Anges, bestiaire fantastique, personnages merveilleux du cirque, des fables ou de l’opéra, épisodes bibliques, références à la culture russe… Toute l’iconographie de Chagall trouve sa place dans l’exposition. Aussi, le numérique réussit à réunir plus d’œuvres qu’une exposition traditionnelle ne pourrait jamais espérer. Elle est l’occasion de (re) découvrir les toiles emblématiques de l’artiste mais surtout les œuvres méconnues comme les vitraux (qui ont déjà été merveilleusement mis en lumière au Centre Pompidou-Metz), les sculptures, les céramiques, ou encore les dessins qu’a partagé le Comité Chagall, qui soutient l’événement.

Un nouveau regard sur l’œuvre de Chagall grâce aux nouvelles technologies

« On a la possibilité, peut-être pour la première fois de rassembler les œuvres de Chagall, pas comme un défilé mais dans une création artistique qui, grâce aux musiques, aux images inédites et aux animations, permet de découvrir un nouveau Chagall, ou du moins un Chagall plus réel, plus complet et plus vrai, affirme Gianfranco Iannuzzi. L’exposition élargit notre regard sur l’œuvre de cet artiste très prolifique. » Les nouvelles technologies montrent les œuvres de l’artiste sous un nouveau jour. Les projections soulignent le mouvement des figures et les détails, agrandis en XXL, révèlent la force de la palette de Chagall. Comme un fil rouge, les couleurs des œuvres jaillissent et se déploient.

Si quelques effets de transition et mises en scène peuvent sembler un peu kitsch à certains spectateurs, la projection de certaines œuvres fonctionne très bien. C’est le cas du plafond de l’Opéra mais aussi des vitraux d’Hadassah ou encore ceux de l’Hommage à la création aux États-Unis, dont la monumentalité et la lumière plongent le lieu dans une ambiance incroyable. L’opportunité de les contempler ensemble d’aussi près, même en reproduction, vaut le détour. Une exposition immersive ne pourra jamais remplacer la rencontre in real life avec une œuvre, mais « Chagall, Paris – New York » est une expérience qui saura séduire les amoureux de l’univers de Chagall.

« Chagall, Paris – New York » – Atelier des Lumières – 38 rue Saint-Maur, 75011 Paris – du 17 février au 7 janvier 2024

Source connaissancedesarts