Daniel Dahan, Grand Rabbin de Lyon, quitte le groupe interconfessionnel « Concorde et solidarité » à travers lequel les représentants des grandes religions et le maire de Lyon s’étaient engagés, depuis des années, à œuvrer à la paix sociale. Une décision qui intervient après l’annonce de la participation de Salah Hamouri, à une table ronde organisée par la Ville, sur les territoires palestiniens, qui risque, juge le Grand Rabbin, « d’attiser les tensions communautaires ».
Dans un communiqué que Le Progrès a pu lire en avant-première, Daniel Dahan, Grand Rabbin de Lyon, confie : « C’est avec une infinie tristesse et beaucoup d’inquiétude pour le futur que je me résous à écrire aujourd’hui. Les évènements que nous vivons sont d’une extrême gravité et sont porteurs de tensions pour l’avenir. De quoi s’agit-il ? J’apprends mardi 24 janvier, par un communiqué municipal, qu’un individu sympathisant de mouvements terroristes, condamné en Israël par la justice pour avoir projeté d’assassiner un Grand Rabbin d’Israël et expulsé par la suite en France (il possède la nationalité française), en raison de son appartenance au FPLP, organisation reconnue comme terroriste tant par l’union européenne que par la France, est invité par le Maire de Lyon pour parler des trente ans des accords d’Oslo « regards sur la Palestine ».
« Une telle réunion, au regard de ses participants, est notoirement unilatérale »
Il continue : « On peut s‘étonner de la tenue d’une telle réunion qui, au regard de ses participants, est notoirement unilatérale, mais que penser de la suite de cette affaire ? Ce matin, au vu de l‘émotion suscitée par cette réunion, la municipalité a décidé d’inviter un « membre qualifié de la communauté juive ». Je m‘étonne à plus d’un titre de cette annonce : autant que je le sache la communauté juive est composée de citoyens français, à moins que M. Doucet ait décidé de nous déchoir de notre nationalité ? Dans ces conditions, il ne peut s’agir que d’une personne déléguée par l’ambassade d’Israël, pour parler dans un débat réellement contradictoire, mais certainement pas avec une personne affiliée à une organisation terroriste. On ne peut que s‘étonner que le maire de Lyon, censé garantir la paix civile dans la cité, soit à l’origine de cette invitation qui risque d’attiser les tensions et de réveiller les antagonismes. »
« Je ne peux donner ma caution morale »
Et de conclure : « Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, j’ai décidé à mon grand regret de quitter l’organisation « Concorde et solidarité », qui était chapeautée par la municipalité. Je ne peux donner ma caution morale à des personnes qui, au lieu de promouvoir la paix dans la cité, vont bien au contraire attiser les tensions communautaires. En tant que français je suis outré, en tant que juif je suis attristé, en tant que rabbin je suis indigné. »
Contacté, l’entourage de Grégory Doucet nous a fait savoir que le maire de Lyon ne réagirait pas dans l’immédiat à cette décision de Daniel Dahan.