À sa naissance en 1926 à Strasbourg, il porte le nom d’Émile Blum. Il grandit dans une famille juive de médecins. Son père, le professeur Léon Blum (un homonyme de l’homme politique socialiste) est néphrologue et diabétologue, et meurt quand son fils n’a que trois ans, raconte France Info. Ce n’est que pendant la Seconde Guerre Mondiale, où il entre dans la Résistance en 1942 à Grenoble au sein du Front Patriotique de la Jeunesse, qu’il prend le nom d’Étienne Baulieu après un an à lutter contre l’occupant.
En décembre 1944, alors que la Guerre touche à sa fin, il s’inscrit à la Faculté des Sciences puis à la Faculté de Médecine, sous le nom d’Étienne-Émile Baulieu, rapporte la biographie en ligne de l’Institut Professeur Baulieu. Sa carrière scientifique est alors lancée, il devient successivement docteur en médecine en 1955 puis en sciences en 1963. Il a également longtemps été directeur de recherche à l’Inserm et a enseigné la biochimie à l’Université Paris 11 pendant vingt ans.
Une pilule qui divise la société française
Ce qui a réellement marqué son parcours et l’a fait connaître au grand public, ce sont ses recherches sur la contraception. En 1982, peu après la loi Veil sur l’avortement et la légalisation de la pilule contraceptive, il met au point la pilule RU486 « qui va profondément diviser la société française », expliquait-il au micro de France Culture en 2017.
Celle que l’on surnomme désormais la « pilule du lendemain » a effectivement révolutionné la vie de millions de femmes, mais va provoquer l’ire des anti-IVGs. Cette pilule qui « évite aux femmes la chirurgie invasive », comme l’explique l’Institut Professeur Baulieu, a en effet suscité de fortes oppositions religieuses et politiques à la fin des années 1980.
En 1989, le cardinal Lustiger, prélat de l’Église catholique, la surnomme par exemple le « pesticide humain », relate encore France Info. Tandis que le professeur Lejeune déclare sur un plateau de télévision la même année que cette invention va faire « plus de morts que Mao, Hitler et Staline réunis ».
Lutte contre le vieillissement et la maladie Alzheimer
L’Institut Professeur Baulieu rappelle d’ailleurs qu’il aura fallu l’intervention du ministre de la Santé de l’époque, Claude Évin pour que la pilule puisse être commercialisée. Ce dernier déclarait alors que « Le RU est la propriété morale des femmes ». « La molécule avait été prise en otage pour des raisons idéologiques. Les femmes se sont affirmées depuis, mais le patriarcat n’a pas disparu, vous le savez », commentait encore en septembre 2022, toujours sur France Info, Étienne-Émile Baulieu.
Ce combat n’est pas le seul qu’il aura porté, ni le dernier de sa vie. Ses travaux se penchent maintenant sur la lutte contre le vieillissement. En l’occurrence, son objet de recherche est la DHEA, une hormone naturellement présente dans l’organisme qui sert à la synthèse des hormones sexuelles, considérée comme une « star anti-vieillissement » depuis les années 2000. En outre, avec son équipe de l’Inserm, il travaille « sur une approche originale pour mieux comprendre, prévenir et traiter la maladie d’Alzheimer et d’autres démences séniles », détaille son institut.
À 95 ans, Étienne-Émile Baulieu est en pleine forme. Il confiait à France Info son remède miracle et naturel pour prévenir la vieillesse : une promenade tous les jours, un sommeil régulier et un verre de vin rouge quotidien.
Source huffingtonpost