L’étendue de sable dans le désert israélien du Néguev, le long d’une autoroute, ne paraît pas être le lieu idéal pour une course hippique, mais les bédouins qui s’y adonnent y tiennent ardemment.
Aux premières lueurs du jour, une foule d’hommes est déjà rassemblée à Abou Tlal, sur l’étendue de terre poussiéreuse qui accueille la compétition, près de la ville de Beersheva (sud).
Seuls des piquets bringuebalants séparent les pistes des spectateurs, dans un lieu dépourvu de tribunes et de tableaux indicateurs. Mais les hommes qui viennent presque tous les vendredis n’en ont cure tant la course hippique est, à leurs yeux, un loisir central de leur culture.
Leur irritation vient plutôt des tentatives de la police israélienne, disent-ils, de mettre un terme à leurs rendez-vous. « Mais les gens sont déterminés à les maintenir », assure Saher al-Qarnawi, propriétaire de chevaux.
Israël compte plus de 260.000 bédouins vivant principalement dans le désert du Néguev. Ils font partie de la communauté des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël en 1948, et se plaignent de discrimination et de marginalisation par rapport à la majorité juive.
Si une partie s’est progressivement sédentarisée, environ 40% d’entre eux sont installés de longue date dans des villages non reconnus par l’Etat hébreu. Leur communauté souffre aussi d’une recrudescence de la violence ces dernières années, principalement à cause du crime organisé.
« Spectacle »
Un porte-parole de la police dans le Néguev, Zivan Freidin, a affirmé que ces courses hippiques n’étaient pas illégales. « Nous ne les interdisons pas. Nous les surveillons afin d’éviter qu’elles ne provoquent des troubles à l’ordre public ou ne mettent en danger des personnes, car elles se déroulent parfois à proximité des routes », a-t-il dit à l’AFP.
Les courses de chevaux et les paris vont généralement de pair, mais les responsables de la piste d’Abou Tlal ont refusé de confirmer les informations selon lesquelles des milliers de dollars étaient en jeu chaque semaine.
M. Freidin a indiqué que la police n’était pas particulièrement engagée dans la répression des paris, si tant est qu’ils aient lieu. « Je ne connais pas ces histoire de paris. Je n’ai aucun problème avec les gens qui font ces courses. J’ai seulement un problème quand cela met des personnes en danger », a-t-il déclaré.
« Vous voyez de l’argent ici ? Il s’agit d’un loisir », dit Zakaria Shamroukh, un autre propriétaire de chevaux et entraîneur.Pour lui, les courses hippiques devraient servir de lien entre Juifs et Arabes et il appelle l’Etat à les soutenir. Les Juifs aussi « viennent sur la piste, aiment le spectacle et deviennent de fervents supporteurs en encourageant les chevaux », assure-t-il.
Ce vendredi de décembre, la foule comprenait au moins un Juif, qui s’est identifié comme un propriétaire d’un cheval mais a préféré garder l’anonymat.