Un podcast pour que la voix des Justes résonne encore

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Le Comité français pour Yad Vashem (CFYV) perpétue, dans un podcast en partenariat avec France Culture, la mémoire des Justes, ces Français qui ont sauvé des Juifs pendant la Shoah.

Faire résonner la voix des Justes parmi les nations, alors que la plupart d’entre eux ont disparu, et que les derniers rescapés de la Shoah sont en train de s’éteindre. C’est l’ambition du Comité français pour Yad Vashem (CFYV), qui propose à partir de dimanche, en partenariat avec France Culture, dix podcasts racontant leurs histoires. Dix trajectoires de Français qui ont sauvé, en zone libre ou occupée, des enfants juifs traqués par la police de Vichy et la Gestapo.

Leur rôle, décisif, dans le sauvetage des trois quarts des Juifs de France rescapés de la Shoah, demeure méconnu. Ils ont pourtant illustré, dans une période dont la noirceur a été largement explorée par les historiens depuis près d’un demi-siècle, une surprenante banalité du bien, au contraire de cette « banalité du mal » qu’avait diagnostiquée ­Hannah Arendt chez le dignitaire SS Adolf Eichmann. « On ne sait pas assez le rôle politique et symbolique qu’ont joué les Justes dans le sauvetage individuel des Juifs poursuivis, explique ­Pierre-François Veil, président du CFYV. On en revient toujours à cette phrase du Talmud : “Qui sauve une vie sauve l’Univers tout entier.” Les Justes sont l’expression de cela. »

À l’origine, un travail titanesque de Corinne Melloul, responsable du département des Justes pour le CFYV, qui a arpenté dans les années 2000 les routes de notre pays pour enregistrer, avec Radio France, les histoires de 70 Justes. C’est sur cette base, récemment réactualisée avec les voix de leurs descendants, mais aussi de certains des Juifs sauvés, qu’a été construite la série. « Ces héros de l’ombre ont agi pour la ­plupart seuls, avec le cœur, raconte Corinne Melloul. Ils ont sauvé des amis, des voisins, mais aussi parfois des inconnus, au péril de leur vie. Je trouvais que pour la jeune génération, c’était essentiel d’entendre la voix de ceux qui avaient agi, et de comprendre que faire partie de la majorité, ce n’est pas forcément le plus important. »

Le podcast, un moyen de transmettre la mémoire

C’est aussi un souci de pédagogie qui a déterminé le format adopté. « Le podcast, et au-delà le numérique, doivent être un des biais de transmission de la mémoire, estime Sandrine Treiner, directrice de France Culture. Ces dernières années, j’ai eu à cœur, à travers plusieurs collections, qu’on assume cette mission. Sans cela, je ne vois pas comment ces témoignages pouvaient arriver jusqu’aux nouvelles générations. » De même, pour narrer leurs histoires, souvent étonnantes, toujours bouleversantes, les promoteurs du projet ont fait appel à des personnalités : Carla Bruni, Marc Lavoine, Claire Chazal, Muriel Robin, Lucie Lucas, Bénabar, ­JoeyStarr, Nagui, ­Emmanuelle Béart et Sophia Aram.

« Après nous, ce sera fini » : les derniers témoins de la rafle du Vél’ d’Hiv se confient. Je n’ai fait que prêter ma voix, mais raconter cette histoire m’a fait vraiment plaisir. J’ai été émue, à la fois par la précarité de ces gens et par leur incroyable détermination », se rappelle Carla Bruni avec, dans Le Pont du danger, l’histoire de la famille Cordier, qui protégea les enfants Jean et Simon. « Ces gens ne se sont pas monté la tête par idéalisme ou par idéologie, explique-t-elle. De façon spontanée et lumineuse, il se sont simplement dit qu’ils ne pouvaient pas laisser des enfants se faire emporter. »

Parmi les Justes évoqués, trois sont encore en vie. Ainsi ­Raymonde Fontaneau, 98 ans dans deux semaines, dont l’histoire, Revoir la tour Eiffel, est racontée par Nagui. « Moi, une héroïne ? Non », assure-t-elle, avec une humilité désarmante, au JDD. « J’étais contente de faire ce que je faisais, je suis très contente que ça soit reconnu. Mais je ne veux pas être d’une fierté idiote. » Et de conclure, pour les jeunes générations : « Il faut désobéir quand on sait que c’est bien. »

David Revault d’Allonnes

1 Comment

  1. Shalom, de famille de juste,par mes grands parents,j’ai couché sur le papier l’histoire de cette famille de 4 enfants je cachés dans la ferme de mes GP où vivait déjà 4 enfants dans deux pièces.
    Nous avons retrouvé cette famille en Eretz Israël et nous avons établis des liensqui a ce jour sont toujours présents. Seul reste aujourd’hui la petite Roza avec une santé préoccupante qui avait 9 ans en 43 avec qui je dialogue.

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